Open Sound Lab, plus qu’un laboratoire de musique…
29 Mai 2014

Open Sound Lab, plus qu’un laboratoire de musique…

L’autre jour, je discutais avec un ami

29 Mai 2014

L’autre jour, je discutais avec un ami et il me disait que l’activité musicale belge était au point mort. C’est un avis qui se respecte, seulement, il faut nuancer le propos. Nombreux sont les belges qui ont prouvé ou prouvent encore que la démarche musicale, bien que très camouflée, existe dans le plat pays. Je pense, entre autres, à Aeroplane, De Puta Madre, Jef Neve, Lubiana Kepaou et tout ceux que je ne ferai pas l’affront de citer. Mais ils ne feront pas l’objet de la chronique que vous êtes en train de lire. Aujourd’hui je souhaite vous présenter le projet de Yves et Jonathan Poliart. Depuis 3 ans, ce père et ce fils ont créé l’atelier Open Sound Lab suite à l’impulsion de l’A.S.B.L. Constant. A travers cet initiative, ils proposent aux jeunes, essentiellement, de réaliser eux-mêmes leurs propres productions à l’aide d’un ordinateur. Autrement dit, de faire de la musique assistée par ordinateur (MAO). Il suffit d’envoyer un mail pour s’inscrire sur la liste d’attente. À l’heure actuelle, il y a deux sites sur lesquels les jeunes peuvent se rendre pour participer à l’atelier : un à Schaerbeek et l’autre à Saint-Gilles.

Comment cela se passe-t-il concrètement? Au début de la première séance, Jonathan explique quelques bases et laisse rapidement les participants se familiariser avec le logiciel. Il faut dire que la dimension scolaire est très peu présente et c’est la volonté des deux acolytes. Ils désirent créer un espace interactionnel dans lequel le jeune peut découvrir les usages non communs d’un ordinateur de manière tout à fait autonome. Tout ceci en lui offrant un accompagnement pour avancer dans la maîtrise des différentes techniques informatiques qui lui permettront de produire sa propre musique. 

open sound lab

 D’après les discussions que j’ai pu avoir avec les participants, cette méthode est appréciée par la plupart d’entre nous parce qu’elle nous pousse à l’exploration et à la curiosité. Ce qui est une autre des ambitions de Yves et Jonathan. Mais ce n’est pas le seul atout de l’atelier que nous avons relevé. Nous sommes aussi plusieurs à dire que notre participation au projet a complètement changé notre façon d’écouter la musique. Notamment Mic qui me disaitApprendre quelques-uns des fondements de la musique m’a permis d’avoir un tout autre angle de vue sur celle-ci. J’essaie désormais d’y repérer les différents éléments qui la composent en  analysant les aspects techniques tels que les éléments constituant la rythmique ou encore la manière dont la mélodie est travaillée. Cet atelier m’a permis de connaître la plupart des rouages qui constituent la composition. Et c’est vrai, Jonathan nous a appris un tas de notions avec lesquelles on peut facilement déconstruire la structure de chaque morceau que l’on entend et, comme l’affirme si bien Igor: “On peut ainsi découvrir quels artistes se cassent la tête avant de sortir leurs productions. C’est vraiment intéressant d’écouter un morceau dans les moindres détails et d’écouter toutes les manipulations que l’artiste a fait avant d’arriver à un tel chef-œuvre… “. Puisque l’on en est à dresser la liste des qualités du projet, il faut signaler que l’entièreté des logiciels sur lesquels nous travaillons sont téléchargeables gratuitement. On peut donc facilement emporter notre travail à la maison pour poursuivre la création. Mais le plus important c’est que malgré leur gratuité, ces logiciels ouvrent le champ des possibles à l’infini avec le nombre incalculable de sons, d’effets, et de transformations que l’on peut appliquer à ces sons. Je terminerai la partie “éloges à Open Sound Lab” en disant que cet atelier ne serait très certainement pas le même avec un autre initiateur. Je trouve en effet qu’en plus de ses qualités de pédagogue indiscutables (il est également professeur de peinture à l’école 75), Jonathan donne l’impression d’avoir des ressources inépuisables. Bien que cela ne soit pas toujours facile, il trouve toujours le moyen de nous aider à obtenir ce que l’on veut dans la création d’un morceau et ce malgré les demandes parfois farfelues auxquelles il a du faire face.

Mais il ne faut pas oublié Yves qui gère la partie logistique et administrative d’une main de maître. Je vous le disait plus haut, cet atelier a vu le jour grâce à une proposition de l’A.S.B.L. Constant. En réalité, la COCON (Commission Communautaire Néerlandophone) a prêté un bâtiment à cette A.S.B.L. pour une durée de 3 ans. Il abritait déjà des activités telles que le graphisme et la vidéo. L’idée était d’y ajouter l’activité “musique expérimentale” pour les amateurs. Ce qui n’ a pas directement enthousiasmé Yves, il a pensé qu’il était plus judicieux d’essayer de toucher les gens, et principalement les jeunes, de ce quartier de Schaerbeek en créant un lieu accueillant et convivial dans lequel ils pourraient développer leur intérêt. Son principal but était de montrer sa reconnaissance (du prêt du bâtiment), d’où l’accès gratuit à l’atelier. De fil en aiguille et quelques demandes de subsides plus tard, un autre lieu a hébergé Open Sound Lab : il n’est autre que le centre culturel Jacques Franck à Saint-Gilles. Nous en sommes donc maintenant à deux ateliers (et deux équipes de participants) par semaine depuis bientôt un semestre. On peut dire que Jonathan et Yves n’ont pas chômé.

open sound lab 2

Comment voient-ils l’avenir d’OSL? Premièrement, le prêt du bâtiment de Schaerbeek touche à sa fin. Ensuite, les deux initiateurs ont remarqué que la demande tend à s’essouffler dans la commune tandis qu’elle est sans cesse plus grande à Saint-Gilles. De plus le manque d’investissement constant à Schaerbeek les poussent à déplacer l’atelier à Saint-Gilles. Il y aurait donc deux atelier par semaine au Centre culturel Jacques Franck. Et ça ne s’arrête pas là, Jonathan et Yves tentent également de promouvoir la diversité et pour ce faire, ils souhaitent faire un partenariat avec La Cité Des Jeunes qui est une A.S.B.L. proposant différentes activités aux jeunes comme par exemple la réalisation de film vidéo. L’idée étant que ces jeunes viennent faire la musique qui illustrera les films qu’ils ont créés et que le tout soit diffusé dans la salle de Jacques Franck. Ils désirent constituer une sorte de réseau/chaîne de production :  apprendre, créer, montrer.

On le voit, ils s’investissent beaucoup dans le projet. Mais pourquoi donc? Il est vrai qu’ils apportent beaucoup aux jeunes qui participent à l’atelier, nous avons déjà fait la liste plus haut. Mais eux aussi profitent des bienfaits de l’atelier. Jonathan nous parle de l’échange gratifiant qu’il a avec ses “élèves”, il arrive parfois que leurs questions le poussent à découvrir de nouvelles astuces. Pour Yves, c’est beaucoup plus subtile que ça, il évoque le besoin de ressentir notre évolution, la manière dont nous avançons ensemble au sein de l’atelier, “la connivence” comme il le dit. Enfin, ils ont tous les deux été confrontés à leurs préjugés quant à la demande des jeunes qui on fait preuve d’une imagination étonnante, ce qui a ravi le père et le fils.

Alors si vous avez un ami comme le mien, qui pense que la musique belge est morte, faîtes-lui remarquer que, dans un monde où l’homme est asservi par la consommation, que ce soit au niveau économique, informationnel, musical ou autre, certains d’entre nous, comme et Yves et Jonathan, cherchent à inverser la tendance, en poussant les jeunes à concevoir eux-mêmes leurs produits plutôt que d’engloutir ceux qui leur sont imposés par les autres. Et en faisant cela, ils contribuent à développer la culture musicale dans notre très chère Belgique. Et si cette ami vous répond que de toute façon la musique électronique est vide, faîtes-lui remarquer qu’à l’heure actuelle, cette musique est devenue un genre à part entière et surtout qu’aujourd’hui, comme Jonathan me l’ a fait remarquer, “toute la musique est électronique, tout est samplé, retraité, retravaillé,… c’est rare que ce ne soit pas le cas. C’est une évolution perpétuelle qu’il faut accepter et qui, nous sommes nombreux à le penser, ne menace en aucun cas les instruments traditionnels. C’est simplement la preuve que les façons de faire de la musique sont de plus en plus nombreuses et originales voires farfelues…

Je vous laisse avec le profil Soundcloud du projet sur lequel vous trouverez toutes les productions que les membres de l’atelier ont bien voulu partager : https://soundcloud.com/open-sound-lab 

Et en guise d’avant-goût, en voici deux

::::::: Nina :::::::

[soundcloud id=’134440942′ width=’100%’]

::::::: Igor :::::::

(https://soundcloud.com/dj-gorr)

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