Ce vendredi soir, une belle prise. Plongeons ensemble dans l’interview de notre rappeur national Scylla.
1) Salut Scylla , commençons cette interview par un petit défi, saurais-tu te présenter à ceux qui ne te connaissent pas encore en quelques vers ?
Me présenter ? Sois-en sûr, c’est mort. A quoi ça sert que je me définisse ? Demain je ne serai plus le même homme…
2) Si je ne m’abuse ton blaze est aussi celui d’un monstre marin de la mythologie grecque, alors que tes projets portent le noms d’ ” Immersion ”, ”Second souffle” et ton dernier album ” 
Abysses ”, pourquoi cette fascination pour l’univers marin ?
Je suis fasciné par le fait que l’homme connaisse plus de choses au sujet de l’espace qu’au sujet des abysses. Il y a là un mystère et une limite imposée à l’intelligence de l’homme. Les espèces connues sont fascinantes : poissons aux allures improbables, dont certains, en l’absence de lumière, ont même appris à générer eux mêmes leurs propres sources lumineuses. En outre, l’élément de l’eau est pur, purificateur. Puis, bien évidemment, les abysses sont les eaux profondes (métaphoriquement, c’est le contraire du superficiel).
3) Quelles sont selon toi, les 3 valeurs les plus importantes pour un homme ? Et pour un rappeur ?
Humilité, Esprit de quête, Honnêteté
4) Si tu devais choisir un ordre d’importance pour le flow, le fond, la forme et l’instru quel serait ton classement ?
Fond Forme Instru Flow
5) On a tous vu ce battle Mc vs Beatmaker avec Crown, raconte-nous un peu l’histoire de cette vidéo ? Etes-vous des surhommes qui ont tout tapé en totale impro ou avez vous bossé dessus longtemps ?
A la base, la prod de Crown était une simple boucle qu’il m’avait envoyée, sans thème. Je suis parti un soir dessus et m’est venu le concept du clash. J’ai alors demandé à Crown de pousser le délire plus loin en modifiant les BPM, les atmosphères, les breakbeats, etc. et de réellement me mettre au défi. Idem de mon côté, de façon à ce qu’il y ait une réelle interaction entre le MC et le beatmaker. A partir de là, ça a été assez vite. En ce qui me concerne, le posage s’est fait en one shot face à la cam (la preuve nous n’avons jamais proposé le morceau aux gens puisqu’il n’a jamais été enregistré en studio), c’était un mélange de phases écrites et improvisées : j’ai fait deux-trois prises de vue vidéo en one-shot, je n’ai jamais posé deux fois la même chose.
6) D’après toi, qu’est-ce que le fait d’être belge t’a apporté de plus important ?
Un certain recul par rapport au coeur de l’industrie musicale (c’est une force et une faiblesse en même temps).
7) Comment vois tu le mouvement rap tel qu’il est aujourd’hui en France et chez nous ?
Le rap est à la base né pour faire face à un ennemi commun : le capitalisme sauvage, système qui creuse l’écart entre riches et pauvres, contribue à une certaine forme de discrimination sociale, raciale, etc. Aujourd’hui, de manière générale, le rap est à la solde de cet ennemi originel. En d’autres mots, si il le combattait à la base, aujourd’hui ll le sert, consciemment ou inconsciemment.
8) A-t-il fort changé par rapport à tes débuts il y’a une quinzaine d’années ?
Les grands changements se situent dans la qualité des prods et les évolutions purement techniques des MC’s (placements de rimes, etc.). Mais cela devient tellement technique que, d’une part, le fond perd en intensité (moins de prouesses thématiques, de qualité de plume, de spontanéité) et d’autre part, ça peut donner l’impression que la plupart des gens rappent de la même façon, ou à peu de choses près.
9) Penses- tu qu’il est possible de vivre du rap conscient à l’ère du téléchargement et dans un monde où le ”rap” commercial quasi dénué de paroles sensées semble avoir tant de succès ?
Il faudrait déjà définir ce qu’on entend par “rap conscient”. Je n’aime pas ce terme, il est prétentieux et fourre-tout. Qui peut se dire réellement conscient, et de quoi ? Mais bon, si on parle d’un rap qui amène les gens à tenter de se déconditionner par rapport à un système de pensée à sens unique, il est tout à fait possible d’en vivre. Je suis certain que de nombreuses personnes attendent ce genre de rap. Mais je ne suis pas certain que les maisons de disques soient aptes et/ou partantes à développer les stratégies adéquates. Ça demande beaucoup de réflexion. C’est bien-sûr plus facile pour les majors d’activer des réseaux de diffusions déjà acquis. Or, ces réseaux ne sont pas adéquats pour ce genre de rap me semble-t-il. En bref, l’artiste qui arrivera à en vivre bien devra avoir une équipe déterminée et ils devront tous ensemble faire preuve d’ingéniosité pour parvenir à trouver leur public, en développant des stratégies alternatives.
10) J’ai lu que tu aimais à faire un lien entre l’Atlantide et notre société actuelle. Le fait que notre avancée technologique, notre orgueil et le manque de valeurs finiront par nous perdre. J’ai l’impression que pas mal de gens se disent ça, d’après toi quelle est LA solution ?
Un déconditionnement pour un retour à l’essentiel. Plus d’éthique.
11) Sur quoi bosses-tu en ce moment ?
Sur moi-même… Lol. Non, d’un point de vue musical, je défends avant tout l’album sur scène. Entre temps, je suis sur plusieurs demandes de collaboration (featurings) et j’ai en tête certains freestyles concept qu’il faut que je prenne le temps d’écrire.
( Scylla sera à Marseille le 29 Novembre )
12) Penses-tu que tu pourrais te retrouver à t’exprimer dans un autre style que le rap ?
Tout à fait, mais pas certain que ce soit forcément dans la musique du coup.
13) Enfin, quel est le lieu de Bx le livre et le film que tu préfères ?
Je ne peux pas répondre à cette question. Je n’ai pas de “lieu préféré”, de “titre préféré”, de livre ou de “film préféré”. J’ai beaucoup de tout ça en fait. Ces préférences changent avec le temps, selon la période que je traverse, mes états d’âmes, mes réflexions, etc.
Scylla
Site officiel : http://www.scyllaofficiel.be
Face : https://www.facebook.com/pages/SCYLLA/13146669043
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