Le “Never Ending Tour” de Bob Dylan en 2013
23 Nov 2013

Le “Never Ending Tour” de Bob Dylan en 2013

Je voulais voir Bob Dylan « pour avoir

23 Nov 2013

Je voulais voir Bob Dylan « pour avoir une vie accomplie ». C’est un peu raté, un peu réussi. Autant dire que le grand accomplissement de mon existence ne s’est pas passé à Forest National ce dimanche 10 novembre.

A 20 heures précises, les lumières s’éteignent, le Mythe entre en scène et entame le premier morceau d’une setlist qu’il traîne(ra ?) tout au long de sa tournée, avec récemment quelques changements pour les rares chanceux de la salle Atlantico en Italie . « Things have changed » commence-t-il :

People are crazy and times are strange
I’m locked in tight, i’m out of range
I used to care, but things have changed

Sa deuxième chanson, c’est une de mes préférées, « She belongs to me » (“She never stumbles, she’s got no place to fall, she’s nobody child, the law can’t touch her at all”). Je ne l’ai pas reconnue, mais je m’y étais préparée ; en concert, Bob Dylan n’est pas un de ces automates pré-formaté qui reprend les versions de ses albums. C’est un Artiste qui recrée sans cesse, qui continue à marcher sur la longue route de la composition sans presque jamais se retourner… Jusqu’à la cinquième chanson, « Duquesne Whistle » que j’ai découverte juste avant le concert et sur lequel son petit ton nonchalant me fait sourire, je me demande où est le chanteur que j’attendais. J’ai le temps de me dire qu’il aurait dû moins fumer, aussi, ou s’arrêter à un moment donné de sa vie. Et à la huitième enfin, « Tangled up in Blue », où de si loin dans la salle je crois apercevoir l’espace d’un instant derrière le clavier, un Dylan de 30 ans sans ses cheveux grisonnants, il nous replonge dans la période troublée de sa vie où il divorçait avec sa première femme, Sara Lownds.


Après celle-ci, il tient le public en haleine avec « Love Sick », dans laquelle on pense recevoir un peu des débris de son cœur à chaque fois qu’il évoque cette usure de l’amour. Et si l’on est là ce soir, c’est justement pour lui manifester un peu du nôtre. Vient ensuite une entracte, avant laquelle il adresse les deux seules phrases à son public : « Bonjour (ou merci ?) Bruxelles » et d’autres mots que je ne comprendrai pas.

I see, i see lovers in the meadow
I see, i see silhouettes in the window
I’ll watch them ‘til they’re gone
And they leave me hangin’ on
To a shadow

Après 15 minutes, l’Artiste revient sur scène sous un tonnerre d’applaudissements qui à mes yeux saluent plus sa carrière que ce concert très propret auquel nous assistons. A sa quatrième chanson, « Forgetful Heart », mes émotions surgissent enfin petit à petit lorsque sa voix rauque reprend ce doux poème… « Forgetful heart, like a walking shadow in my brain all night long… »

Il finira son concert par « Long and wasted years », qu’il gratifiera d’un peu d’expression avec deux-trois mouvements de bras. Finalement, rien de très étonnant pour une chanson de clôture. Il l’a sortie sur son album « Tempest » en 2012 et l’on y sent un peu d’amertume et de regrets; s’agirait-il de comptes à régler ? Cette setlist est-elle au final très profondément réfléchie au niveau de l’enchaînement des paroles, des sens cachés de ses chansons ?

My enemy crashed into the dust
Stopped dead in his tracks and he lost his lust
He was run down hard and he broke apart
He died in shame he had a iron heart

 

Après un rappel et une standing ovation par le parterre de la salle, il revient avec « There must be some kind of way out of here said the joker to the thief… » (All along the watchtower dont je vous conseille évidemment vivement la version de Jimi Hendrix) et « Blowin’ in the wind », méconnaissable, déformée, dans des balbutiements éraillés desquels nous parviennent quelques paroles de sa chanson emblématique. Si seulement il était revenu, comme à l’époque, seul sur le devant de la scène avec sa guitare folk et son harmonica…

Bob Dylan en tournée en 2013, ce n’est plus Bob Dylan qui entre en scène avec sa guitare électrique en 1965 au Newport Folk Festival, ni celui à qui l’on criera « Judas ! » au Manchester Free Trade Hall en 1966. C’est une musique propre (mais parfaite), un band qui pourrait se produire dans les grands dîners mondains où il y a une estrade pour les musiciens d’ambiance. Mais Bob Dylan c’est tout de même l’homme, le mythe, le poète, pour qui on se lèvera et on applaudira à s’en faire mal aux mains pour cette longue carrière qui nous a offert des chansons intemporelles.

Je pense qu’il continue plus parce qu’il n’arrêtera que dans sa tombe, mais je ne suis pas sûre de retourner le voir à son prochain passage en nos terres. Ecoutons-le sagement sur vinyle en attendant la suite.

On vieillit. On commence à espérer plus pour les autres que pour soi-même. (Bob Dylan)

The angry young folk singer

 

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  1. frans | Concert folk novembre 26th, 2013 4:50

    Je l’ai vu a Paris le 14 pour la 10eme fois peut être. C’est en effet a chaque fois différent, et cette année le set était tout en retenue et particulièrement peu fort en terme de volume sonore. Sans doute parce qu’il était au piano a queue.

    J’aime bien ta façon de citer les textes dans ton article.

    Frans Schuman – En concert folk à Paris le 29 novembre https://sites.google.com/site/fransschumanlivefr/

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