At the movies
23 Fév 2013

At the movies

L’industrie du cinéma ne cesse de changer

23 Fév 2013

Le cinématographe Lumière

L’industrie du cinéma ne cesse de changer et de remporter un vif succès populaire. Cette évolution extrêmement rapide s’inscrit dans le mouvement général de notre société vers toujours plus de vitesse, certes, mais ce n’est pas tout. En effet, chaque composante de ce qui fait la qualité d’un film évolue indépendamment et à son rythme : le jeu des acteurs, les effets spéciaux ou encore la musique. Et c’est pourquoi la rédaction de Beatchronic a décidé d’offrir à ses lecteurs une nouvelle catégorie musicale consacrée aux soundtracks. Il semblerait que le cinéma ai toujours été lié à la musique et ce depuis ses origines. Au départ, il s’agissait surtout d’une commodité pratique, le bruit infernal que produisait, à cette époque, le projecteur, dérangeait l’expérience visuelle de cet art nouveau; aussi les premières projections cinématographiques étaient accompagnées d’un piano ou d’un petit ensemble musical qui neutralisait le grondement désagréable du cinématographe. On dit que même le premier film des frères Lumière, “La Sortie des usines Lumière à Lyon”, en 1895, fut dévoilé avec un arrière-fond musical.

Camille Saint-SaënsCet instinct pratique s’est très vite transformé en mouvance artistique et à partir des premières années du 20e siècle, des compositeurs furent engagés pour exclusivement écrire la musique des nouveaux films, plus nombreux, plus longs et plus innovants. On voulait suggérer de manière sonore les émotions et les actions muettes qui défilaient sur l’écran. C’est dans ce contexte qu’apparut le premier chef d’œuvre de l’histoire des soundtracks, à savoir, la partition créée par Camille Saint-Saëns (1834-1921) pour le film “L’assassinat du Duc de Guise” en 1908, le compositeur avait atteint l’âge très respectable de 73 ans. Le scénario se déroule lors d’une journée en 1588, le roi Henri III convie son grand rival le Duc de Guise dans sa résidence du Château de Blois où il le fait brutalement assassiner. La rapidité de l’action trouve son équivalent dans le tempo soutenu imposé par Saint-Saëns à son œuvre. La musique, en plus d’être figurative et de décrire le déroulement de l’histoire de manière élégante et subtile, fait preuve d’une supériorité technique évidente. Ce qui est véritablement frappant c’est la modernité incroyable de ce soundtrack qui pourrait être utilisé de nos jours pour n’importe quel film d’animation, tant c’est coloré, simple, diversifié, emballant. Le final est survolté, un véritable ouragan d’une intensité très surprenante, une bénédiction pour les oreilles.

On the Waterfront affiche

Par la suite, le cinéma mit beaucoup de temps à se libérer de l’empreinte de la musique classique. On utilisait des thèmes très connus, on imitait le style de compositeurs de renom, on en engageait d’autres, plus jeunes. Si bien qu’il fallut attendre les années 50 pour voir apparaître dans le paysage cinématographique, des films à la bande son originale et de plus en plus en phase avec leur époque. Un soundtrack en particulier fait office d’œuvre charnière entre l’émancipation du classique et la tradition mélodique. Il s’agit de la musique composée par Leonard Bernstein (1918-1990) pour le film culte d’Elia Kazan avec Marlon Brando, “On the Waterfront”, sorti en 1954. L’adaptation d’une série d’articles publiés dans le New York Sun, “On the Waterfront” se déroule sur les quais du port de New-York. Le syndicat des dockers, contrôlé par un gang mafieux, engage un ancien boxeur, Terry Malloy (Brando), lui-même docker, pour participer au meurtre d’un employé qui voulait dénoncer les activités illégales du syndicat à la police. Terry se trouve face à un dilemme complexe lorsqu’ Edie Doyle, la soeur de l’homme assassiné, lui demande son aide pour enquêter sur l’affaire. La musique réunit des sonorités propres à la nouvelle vague moderne installée en musique classique pendant la première moitié du 20e siècle mais aussi des influences jazzy, du blues, le tout enrobé d’harmonies monumentales et de passages rythmiques violents. Le résultat est grandiloquent, il soulève l’âme, il bouge, il accompagne les larmes des acteurs; et se profile, vague après vague, vers une conclusion surpuissante et solaire, d’une beauté sanglante. La musique de ce film occupe encore actuellement la 22e position sur la liste des plus grandes B.O. de tous les temps de l’American Film Institute (AFI).

Il n’existe pas d’autre moyen d’expression musical aussi diversifié de nos jours que les musiques de film. Cette richesse fut le résultat de l’ascension, chef d’œuvre par chef d’œuvre, d’une forme artistique aux possibilités infinies, le cinéma. Beatchronic ne pouvait pas se passer de sonorités pareilles.
A bientôt.

 

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