Interview : Veence Hanao
25 Fév 2013

Interview : Veence Hanao

1, 2, 3 , 4 et voila

25 Fév 2013

1, 2, 3 , 4 et voila la 5ième interview !  Aujourd’hui nous avons l’honneur d’accueillir un artiste bruxellois au sein de la rédaction BeatChronic. J’espère que les questions vous plairont et que cela vous donnera l’occasion d’en faire aussi une découverte. Un savoureux mélange entre le rap et la chanson française. Veence Hanao est une bouffée d’air fraîs venant de nos contrées.

Une petite introduction dans son univers…

– Qui es-tu Veence Hanao ? quand et comment as-tu commencé le slam ?

Hanao VeenceQui suis-je… Disons que je suis auteur, compositeur, interprète. Que j’ai trente ans, et que je vis à Bruxelles. Le rap est venu à moi dans la cage d’escalier de mon école, j’avais 14 ans. Un mec m’a dit : “tiens, écoute ça”. Et c’était La Saga (IAM feat Sunz Of Man). Une semaine plus tard, je connaissais l’album par coeur, j’achetais d’autres disques, etc. Ecrire m’est apparu comme une évidence, quelques temps après. Avec des potes de l’école, on a formé un groupe, et connu le parcours que beaucoup de jeunes groupes connaissent : premiers écrits, premiers beats, premières sessions en studio, premières apparitions sur des compilations locales, premiers concerts…

Par contre, pour en revenir à ta question, je n’ai jamais “commencé le slam”. Il m’est arrivé à quelques reprises de participer à des évènements de slam, mais je n’ai jamais voulu être slameur, ni aimé être vu comme tel.

– Ton style est étrange, il varie entre le slam et le rap. As-tu plus de facilité dans le slam que dans le rap ?

A dire vrai, j’en suis arrivé à un stade où je déteste le slam. Je fais de la musique. Du rap, au départ, puis une déclinaison de celui-ci, avec le temps. Une sorte de musique à texte entre le rap et la chanson. Le slam, c’est un truc que tu fais dans un café, en passant par là. C’est un instant live, un texte que tu partages, une interaction, pas un genre musical, ni une “façon d’écrire”.

– Penses-tu que la radio formate le peuple à écouter de la musique commerciale ? Plus que du marketing audio, cela entrave-t-il les oreilles des auditeurs à s’intéresser à de la bonne musique ?

Veence penseurCette question est complexe. A mon sens, il faut qu’il existe des radios grand-public, et d’autres plus alternatives. Il en faudrait pour tout le monde. Beaucoup de gens sont très heureux de prendre leur voiture le matin et d’entonner “palalala youhou youhou” en écoutant un tube pop. Il faut respecter ça. Nous, nous sommes passionnés et pointus, c’est notre problème, mais beaucoup de gens voient la musique comme un divertissement parmi d’autres. Ils veulent que ça reste léger. Mais de là à ce que ce tube pop soit dégueulasse, vide, crétin, là par contre, il y a une marge, on est d’accord. C’est assez évident qu’en 15/20 ans, les gros labels, grosses maisons de disques et grands médias ont participé à une énorme escroquerie visant à vendre n’importe quoi aux gens. Là, les médias dont tu parles ont joué un rôle, évidemment.

L’underground et l’alternatif, dans nos contrées, sont souvent synonymes d’amateurisme, car pas de “marché”, pas de soutien, pas de structure, peu de public… Ce qui n’est pas le cas en Angleterre, en Allemagne…

Aujourd’hui, ce secteur s’étonne de la crise du disque, ose même pointer du doigt le comportement du consommateur qui télécharge, mais ils en sont responsables de A à Z. Bref. Des radios grand-public, oui. Des radios qui balancent de la merde débilitante  non. A côté de ces radios grand-public, il faudrait évidemment que le mec qui a envie d’écouter des musiques plus pointues puisse trouver son bonheur sur les ondes. Sur des stations, ou dans des émissions bien foutues, professionnelles. L’underground et l’alternatif, dans nos contrées, sont souvent synonymes d’amateurisme, car pas de “marché”, pas de soutien, pas de structure, peu de public… Ce qui n’est pas le cas en Angleterre, en Allemagne…

– Il y a beaucoup de mélancolie dans tes sons, je voulais savoir dans quel état d’esprit tu es quand tu écris tes paroles ?

Vitamine Veence hanaoJe n’écris jamais sur commande, jamais “parce qu’il faudrait que j’écrive un morceau”, mais uniquement quand j’en ressens l’envie, le besoin. Uniquement quand j’en ressens l’urgence. C’est donc assez souvent quand quelque chose me brûle. Bizarrement, cette envie ne me vient pas quand je suis heureux. J’en conclus que j’aime vivre mon bonheur, et non le raconter.

– D’après toi, faut-il obligatoirement réaliser des clips pour être connu maintenant ? Si oui, saurais-tu nous en dire plus par rapport à la réalisation de tes clips ? (tournage, coûts, temps,…)

ClipVeenceJe pense effectivement qu’avec le recul de la télé au niveau de l’exposition faite à la musique, et à défaut de tourner en radio, il faut au moins des clips. Ou en tous cas, de l’image. Par contre, ça me déplait que le clip soit uniquement vu comme un outil promotionnel. On voit énormément de clips pourris, tournés par un pote qui a acheté un 5D, un 7D, sans la moindre idée, sans le moindre goût. J’aime me dire que le clip est une oeuvre en elle-même. Qu’il peut se regarder sans le son. Qu’il crée du sens aussi…

Par rapport aux trois clips issus de l’album (1. “Kick, Snare, Bien”, 2. “Faut Bien Qu’Ils Brillent” et 3. “Chasse & Pêche”), j’ai travaillé avec Bruno Tracq (1 & 3) et Caroline Lessire (2). Tous deux sont des personnes extrêmement talentueuses, très sensibles. Il était important pour moi de bosser avec des gens qui cautionnent, apprécient et comprennent ce que je fais, sans qu’il y ait besoin de causer mille ans du sens de mes textes… C’est une question de sensibilité. Niveau budget, c’était short. Les trois clips se sont faits dans les mêmes conditions : pas beaucoup d’argent / petite équipe très talentueuse  sur-motivée par l’envie de faire quelque chose de bien, de beau / des fils conducteurs mais une grande place aux idées qui fusent, à l’improvisation…

– Cela fait combien de temps que tu es dans le milieu artistique ? As-tu commencé directement par la musique ou avais-tu d’autres hobbys ?

VeenceHanaoooJ’ai fait du solfège puis du piano jusqu’à mes 13 ans. Puis j’ai arrêté car je me pétais les doigts au basket, que je pratique encore à l’heure actuelle, et que ça devenait fort contraignant. Une scolarité me suffisait…

 

– Par hasard, t’est-il déjà arrivé d’avoir un EARGASM ? Raconte-nous ce moment bien précis où tes oreilles ont pleuré parce que la musique était en symbiose avec toi.

Eargasm SessionJe ne sais pas… J’ai dû vibrer à quelques moments, en live. Je pense au concert d’NTM en 98. C’était le deuxième concert auquel j’assistais. Un bordel dingue. Quand ils sont tous montés sur scène pour jouer “IV My People” et qu’ils ont retourné Forest, j’ai du avoir la chair de poule. Pareil la première fois que j’ai vu Carl jouer “Mes amis (vont mal)” sur scène. Sinon, il y a deux ans, en me baladant le long de la mer, au Portugal, les pieds dans l’eau, je me suis accidentellement retrouvé sur une plage nudiste. Je me suis posé, ai écouté l’album de Gonjasufi sous un soleil de plomb, et ça a très sincèrement été une expérience incroyable…

– Et pour finir, entre nous, Veence, dis-moi quelles sont tes ambitions ? quels sont tes rêves ?

Independance Veence HanaoAutant je suis souvent dans la lune, autant je ne suis pas un grand rêveur. Continuer à vivre de ma musique, évidemment, mais sans trop de pression(s). Plus confortablement, certainement, car pour le moment, faire ce que j’aime me fait bouffer des pâtes les cinq/six derniers jours du mois. Des envies de jouer, sur scène, de partager avec les gens, de voyager pour des concerts. Beaucoup. J’aimerais aussi un peu plus d’équilibre au niveau personnel, parfois, mais j’ai l’impression de me réaliser dans ce cadre un peu instable et unsafe, donc…

 Site web : 

 http://www.veencehanao.be

 http://veencehanao.tumblr.com/

 

Dates de concerts : 

15.03.13 – Apparition avec LEFTO au Nouveau Casino de Paris – Paris

22.03.13 – Centre Culturel d’Aubange – Athus

11.05.13 – Festival Les Nuits/ Botanique (Grand Salon)

 

Crédit : 

Photographie : Kmeron

Cover de l'album Loweina Laurae faite par : Bruno Tracq

Cover de l’album Loweina Laurae faite par : Bruno Tracq

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