The sounds of silence…
19 Oct 2012

The sounds of silence…

Le 12 Mars 1883, un compositeur sourd

19 Oct 2012

Bedřich Smetana 2

Bedřich SmetanaLe 12 Mars 1883, un compositeur sourd et gravement malade boucle son quatuor à cordes no. 2 après un an de travail et de nombreuses difficultés. Le compositeur en question se nomme Bedřich Smetana (1824-1884), un homme patriote qu’on appelle aussi le père de la musique tchèque. Il donne les clefs d’interprétation de son oeuvre lui même, “il (le quatuor) représente le tourbillon de musique chez une personne qui a perdu la faculté d’entendre”. Et c’est bien avec cette idée à l’esprit qu’on doit appréhender cette oeuvre particulière et difficile à comprendre fondamentalement car sa structure est assez étrange, voire fuyante. Je vous propose donc de parcourir le morceau comme des touristes au milieu d’un musée de sons intérieurs.

C’est un escalier sombre et frénétique qui nous ouvre les portes du quatuor. Ensuite des phrases mélodiques s’enchaînent sans grande cohérence vers un premier choc de notes, elles crissent et avalent l’espace autour d’elles. C’est en fait une alternance de courses ahuries et de pauses sans repos. Peut-être le thème principal du premier mouvement vous rappellera-t-il la bande son d’un film romantique au moment où le héros décide de ne pas abandonner son amour et se précipite, enfiévré, pour rejoindre sa belle. Le tout s’apaise en quelques secondes dans une tendre paresse. Le deuxième mouvement reprend avec rythme de façon enjouée. Il m’évoque quelque balade dans le vert de la campagne sous l’azur d’une après-midi d’été. A un certain point, une suite de sons, d’harmonies ininterrompues, évolue avec grâce, comme un arrêt sur image, une suspension. Le temps du morceau s’arrête avant une reprise montante remplie d’émotion juste et forte. Après ce petit passage, l’œuvre reprend son cours dans l’indétermination. C’est triste, c’est gai, c’est une sorte de mélancolie souriante sans

paysage

prétention, sans discours complexe. Juste une image sonore dépourvue d’excès. C’est à ce moment précis que Smetana déverse le fameux tourbillon qu’il évoquait. Les cordes s’emballent brièvement. Ici, l’expression de la nostalgie et de la douleur prévaut sur le reste. On peut presque sentir le mélange de colère et d’angoisse imposée par le destin tragique qui s’abat sur l’artiste. Un musicien à la fois privé de sons et victime de ceux que son esprit lui impose. Ce tourment dure jusqu’à la fin du morceau mais prend différentes formes. Le résultat c’est qu’on traverse, le coeur à la gorge, des minutes entières de beauté, de faiblesse rongée, de rêve aussi. Le dernier mouvement conclut en répétant les divers états qui nous sont proposés avec confusion. L’épique final nous arrache un sourire compatissant ou une émotion timide. Une chose est certaine, on ressort changé de cette visite musicale de qualité; transporté, touché.

A la prochaine mes chers lecteurs !

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