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Anderson a lancé l’alerte à Malibu

Le jeune artiste de la West Coast en a fait du chemin depuis son premier studio en 2011, sous le nom de Breezy Lovejoy. Même pas la trentaine, Anderson Paak revient à son vrai nom en 2014 avec son premier album Venice, édité par le label indépendant Hellfyre Club.

Avant la récente sortie de l’album Malibu, Anderson a vu sa notoriété se transformer en véritable succès après des brillantes collaborations, notamment avec six tracks dans l’album Compton de Dr Dre et deux dans The Documentary 2 de The Game. Ce dernier est d’ailleurs présent sur Malibu avec  Room in here. Le featuring d’exception commence avec une introduction au piano et enchaîne sur un refrain style D’Angelo sur The Shining – J DillaComment ne pas remarquer dans les bacs un album qui associe, du côté technique, les labels Steel Wool, OBE, Art Club et Empire et du coté (génie) humain, des producteurs tels que Madlib, Kaytranada, Dj Kahlil et d’autres. 

Difficile de catégoriser un album aussi varié, avec des facettes R&B, Soul (l’éphémère Water fall), Hip hop, Funk, ou encore Disco, qui se marient avec la profonde, smooth et séduisante voix d’Anderson Paak. Pitchfork compare même la chanson Your Prime aux sonorités de l’album To Pimp a Butterfly – Kendrick Lamar. La comparaison pourrait être cohérente si on se base sur l’âge et l’origine géographique mais la voix de Brandon Anderson reste unique et apporte à l’album un véritable label d’appellation.

https://www.youtube.com/watch?v=goowZIoycU8

Soutenu par la sortie de Carry me/The Season,  Malibu entraîne une écoute sans pause. Le premier single, Am I Wrong, en collaboration avec le rappeur américain Schoolboy Q (Black Hippy) évoque le duo Outkast (autant que Come down rappelle les basses du premier maxi de N.E.R.D). Les trompettes qui suivent se posent parfaitement sur un morceau idéal pour un apéro au couché du soleil en bord de mer, un peu comme la pochette de l’album.

Chanteur, compositeur, parolier, Brandon Anderson Paak s’associe au producteur 9th Wonder qui sample Molasses du groupe australien Hiatus Kaiyote pour le single Without you, le tout agrémenté de la voix neo-soul de la rappeuse Rapsody. Et les featurings du riche Malibu ne s’arrêtent pas là, dans The dreamer, Mr Paak fait appel au talentueux new-yorkais Talib Kweli pour un son qui fait claquer les doigts, sur lequel on reconnait rapidement le sample de Mohawks (The Champ) caractérisé par des chœurs d’enfants.

Après l’écoute de Malibu, deux autres featurings d’Anderson Paak sont highly recommended : Suede avec Knxwledge et Realla avec Tokimonsta. De quoi patienter avant le live de ce soir au Botanique.

Maybe Belgium #12: Peter Clinton

C’est au Skatepark du centre ville, lieu qu’il apprécie tout particulièrement, que Peter Clinton nous a donné rendez-vous Dimanche dernier. Le producteur a accepté de se livrer à BeatChronic et voici ce qu’il nous a dit entre deux interruptions du classique “Drari maigrichon avec un peau de pêche venant gratter des feuilles et du feu”.

BeatChronic presents “Maybe Belgium” #12 : Peter Clinton by Beatchronic on Mixcloud

Pourquoi avoir choisi Peter Clinton comme pseudonyme ?

En fait, c’est pas compliqué, ce sont mes deux autres noms. Alors la petite histoire est chouette c’est que ma mère était… bon ça fait un peu baraki de le dire comme ça mais elle était fan de Clint Eastwood. Du coup elle voulait m’appeler Clint et mon père quand il a entendu ça, il a fait « ah non ça ressemble à un cliquetis de verre », tu vois, il fait « non, tu peux faire Clinton au pire ». C’était avant le président et il est arrivé juste 2 ans après donc ça venait même pas de lui.

Comment est-ce que tu résumerais ta musique si tu devais le faire en 3 mots : un artiste, une émotion et une chanson ?

Un artiste, Shungu, une émotion (longue réflexion), je dirais l’émotion elle-même. Et la chanson, c’est compliqué comme question, mais si je devais dire un style de chanson, je dirais le Boom Bap (rires). Une chanson précise, c’est difficile. J’en ai tellement.

Tu as choisi ce lieu pour le skate on l’imagine, mais tu dois avoir pas mal de souvenirs ou un ressenti particulier ici, qu’est-ce qu’il représente pour toi?

Bah ouais, j’ai quand même passé quelques moments ici, en général toujours avec mes amis, on skatait, on faisait un peu de tout, on chillait. C’est aussi un endroit qui regroupe beaucoup de gens de Bruxelles. Parce que je crois que c’est ce qu’il inspire aussi, c’est quelque chose de positif ou tout le monde peut être ensemble malgré sa personne. L’idée me plait bien parce que je ne pense pas qu’il y ait beaucoup d’endroits comme ça à Bruxelles.

Donc tu dirais que c’est ton endroit préféré à Bruxelles ?

Ouais pour chiller en tout cas, peut-être pas pour manger etc mais pour chiller ça me plaît bien, c’est déjà ça.

Justement, en parlant de tes lieux phares, est-ce que tu as un disquaire préféré en Belgique ?

J’ai envie de dire internet (rires). C’est celui qui a de tout. Les vinyles, c’est plus quand mon pote Louis (ShunGu) en achète, je me pose avec lui. Je suis pas encore vraiment au stade où je me fais une collection de vinyles, c’est plus un truc que je ferai quand je n’aurai plus d’autres choses pour chiller. Ou sinon ça ne m’empêche pas de digger quand même (sur internet).

Photo : Romain Scaillet

Photo : Romain Scaillet

Raconte-nous un événement marquant dans ta vie

Avec le temps je tourne ça un peu à la rigolade: en menuiserie, je me suis scié un pouce une fois. J’ai fait une mauvaise manœuvre avec une scie circulaire et mon doigt y est passé. Les médecins ont bien recousu, ils ont refait un pouce avec ce qui restait. Ça me fait tripper mais c’est un peu un gros truc dans ma vie qui m’a marqué. Sinon à part ça, la vie me marque en général (rires).

Depuis quand est-ce que tu produis?

Un peu moins d’un an et demi. (ça ne fait pas bcp plus ?). Non mais pendant presque 3 ans je suis resté posé à côté de ShunGu à l’écouter faire ses beats et donc j’ai envie de dire que mon oreille a aussi beaucoup travaillé.

Et comment tu l’as connu en fait ShunGu ?

(rires). Alors ça! C’était dans notre quartier à Schaerbeek, près d’Helmet. J’étais avec des potes qui avaient été au festival de Dour mais moi j’y avais pas été. Ils m’ont dit : “ouais viens, on va chez un type, il habite à Schaerbeek, il s’appelle Louis” Donc j’y suis allé et il était posé avec son cousin. Seulement j’avais pas directement tilté que c’était lui parce que je savais pas que le mec était métis. Et j’ai cherché Louis pendant quelques temps jusqu’au moment où je me suis mis trop à l’aise et on m’a fait comprendre que c’était lui, c’était drôle (rires).  Après ça, ça a commencé par aller se poser vite fait dans le quartier puis de fil en aiguille, passer à la maison, puis lui il a acheté sa MPC et ainsi de suite. C’est devenu un très bon ami.

C’est donc principalement lui qui t’a poussé vers la prod ?

Ouais voilà, j’étais à un moment ou ça n’allait pas trop, c’était un peu stagnant et il m’a dit « mais qu’est-ce que tu attends » ? Et voilà. Ça m’a défoulé en fait, autant que le skate, j’ai trouvé ça pas mal.

Encore une fois, y a pas de limites. La musique c’est sans limites et pour tout le monde.

Est-ce qu’il y a d’autres choses, d’autres personnes qui t’on poussé la-dedans ?

Ben j’aime beaucoup le groupe Odd Future, et j’avoue qu’ils m’ont bien inspiré. Vraiment je dirais qu’eux et Flying Lotus c’est un peu la musique que j’adule.

À l’écoute de la tape, on sent une très grosse influence beats mais on s’imagine que tu n’écoutes pas que ça. Quels sont les autres genres de sons que tu aimes écouter, sampler, produire?

En samplant, j’écoute un peu de tout et pour le coup j’écoute quand même pas mal de Soul, Funk, j’adore vraiment les samples Soul en tout cas. Parfois je suis dans des trucs un peu trip mais qui donnent bien ensemble, qu’on peut tourner, flipper différemment. Sinon ouais, j’écoute pratiquement que ça et du Jazz. Ce qu’on entend dans mes samples et le style aussi un peu dans le même genre, les KnxwledgeIman Omari et Mndsgn m’inspirent exagérément aussi.

Justement, c’est quoi ton matos/logiciel de prod ?

Je suis sur un logiciel là, Ableton. Sinon je suis sur un simple contrôleur pour l’instant, j’essaye de m’habituer à ça avant de passer à une machine. Je prend le temps, à mon avis ce sera une MPC, reste encore à voir laquelle (rires).

Après un an et demi, tu n’as pas encore l’impression d’avoir fait le tour de ce que tu as?

On en apprend tout le temps et je pense qu’il n’y a pas de limites, il faut pas mettre une limite à l’apprentissage. C’est quelque chose qui ne s’arrête pas et faut le faire chacun à sa vitesse. Moi je le fais et j’espère qu’il y a pas de fin quoi. Non, il y a encore beaucoup de chemin à faire, c’est sur, c’est que le début.

Certains artistes appréciant le Hip Hop font un lien entre le skate et leur musique, est-ce que c’est ton cas ?

J’écoute de tout à la base, mais beaucoup de hip hop c’est vrai et jamais beaucoup d’artistes à la fois, en général, je suis braqué sur les mêmes. C’est peut-être un défaut. Sinon je dirais pas que les deux soient liés. Au contraire, ça m’a permis d’un peu faire quelque chose de nouveau aussi. C’est ce qui était bien aussi.

En parlant de skate, Tony Hawk a scotché tout le monde avec son looping horizontal, qu’est-ce que ça t’a fait de voir ça?

Ouais j’ai vu. Déjà je suis menuisier donc le premier truc que j’ai vu c’est la construction de dingue. Ensuite je me suis dit: “on arrête pas d’innover et pour le coup, c’est pas un jeune mais c’est bien un ancien qu’il l’a fait et il a bien fait ça”. J’avais jamais imaginé ça possible, c’est too much (rires).

https://www.youtube.com/watch?v=rjL95XgSyO8

Est-ce que tu as ou as déjà eu une muse ?

Ma copine déjà, Pauline. Ça fait 6 ans que je suis avec. Du coup c’est vraiment une personne quotidienne qui m’apporte tout ce dont j’ai besoin d’une personne humaine. Je dirais qu’à côté de ça, j’ai encore ShunGu et ses frères qui sont une autre bonne compagnie.

En parlant de ShunGu, on t’associe beaucoup à lui, qu’est-ce que tu en penses et comment tu l’interprètes ?

De toute façon, c’est lui qui m’a appris vraiment. Déjà à utiliser mon oreille, après j’ai appris juste en l’écoutant faire. Il m’a donné en plus de ça des notions du groove et des logiques de batterie etc. Ce que j’aime bien, c’est que dans son apprentissage, il ne m’a pas ancré dans son truc, je veux dire une fois qu’il a vu que j’étais lancé, il m’a laissé vraiment faire mon truc. Et je pense que si on est honnête avec soi-même, en écoutant, on peut quand même distinguer des choses qui sont différentes (entre lui et moi), même si ça ne fait qu’un an et demi que je produis. Mais bon voilà, il y a aussi pleins de choses que je n’ai pas sorties et je parle aussi en fonction de ça. Par exemple, j’ai un EP qui va sortir sur Hot Record Société, c’est Radio Futuro 2 parce qu’on a chillé aussi avec le gars du label cet automne. C’était pas mal, c’est un bon gars. En fait, il m’a proposé gentiment et j’ai pas pu refuser, d’ailleurs je suis flatté. Il y a pas vraiment de deadline, c’est une vingtaine de tracks donc je prend le temps de bien travailler ça. Il y a aussi une cassette qui va sortir sur UKNOWY, un label de Munich sur lequel ShunGu a déjà sorti aussi une track. C’est la cassette n°2 aussi, Pacifics Vol. 2. et c’est soutenu par Acie, un gars de Munich aussi.

Les tracks sont prêtes donc ?

Ouais ouais ouais, pour UKNOWY, c’est emballé, c’est pesé, ça dort et pour Hot Record Société, je dirais que c’est une affaire d’un petit mois pour que ce soit clôturé et envoyé. 

Parmi tes collabs, laquelle as-tu préféré ?

J’ai bien aimé les petites collabs avec Gi Tori parce qu’on était posés et en général on communiquait bien. J’en referais bien à l’occasion, on a toujours remis ça à plus tard mais faut qu’on le fasse parce qu’il y a vraiment un bon rapport entre nous deux, il y a bon un équilibre, on partage le même genre de trips.

Avec qui est-ce que tu rêverais de collaborer ?

Odd Future (rires). Y a pas de limites hein!

C’est qui le meilleur artiste belge du moment pour toi ?

Il y en a un dont on parle peut-être pas encore beaucoup mais c’est Mehbian, c’est un Liégeois, et franchement, il est comme moi, il a pas énormément de matos mais le gars a quelque chose, c’est sur. J’aime bien ce qu’il fait. J’aime bien aussi Fris, un Gantois.

Comment te vois-tu dans 15-50 ans ?

(Longue hésitation). Dans 15-20 ans, j’aurai déjà fait beaucoup de choses, je crois. Dans tous les sens du terme. Je sais même pas dire, à mon avis, j’aurai déjà des enfants (rires)… au Canada ça me plairait bien.

Qu’est-ce que la théorie de la “Black Music” ( les styles Soul, R&B, Funk, Hip Hop,… seraient “réservés” aux noirs ) t’inspire?

Moi je pense que la musique c’est pour tout le monde. C’est pas une question de couleur, c’est avant tout une question de partage. Y a des types en Europe de l’est dans les années 70 qui produisaient des grooves à te faire zooker toute la nuit (accent qui va avec). Ou alors même des Japonnais, y a pas de limites. Encore une fois, y a pas de limites. La musique c’est sans limites et pour tout le monde.

Dans quelles dispositions voudrais-tu que les gens soient quand ils écouteront ton mix ?

Je dirais posés, pour bien capter les informations.

Il y a un message particulier à faire passer dans cette tape ?

Avec des choses simples on peut se faire plaisir.

 

Tracklist ID :

Peter Clinton – Unreleased
GRiMM Doza – Inhale [Prod. Ricky Reasonz & GRiMM Doza]
Peter Clinton – Unreleased
Peter Clinton – Or_nah
Mehbian – Body t’Body
Gi_T0ri – Oooh
ShunGu – Cookiness
Peter Clinton – You on point phife ?
Knxwledge – Haveitall[TWRK]
Noex – The Craft
Mike G & Pyramid Vritra – November (Prod. BigCat)
Devilish Kontra – Kontradiction (Prod EMP)
Psymun & Chester Watson – Dead albatross
Mellowhype – 65/Breakfast
Knxwledge – Trshwng[TWRK]
Peter Clinton – Shame
Iman Omari  I’ll do anything for you
Iman Omari – Go DJ [FLIP]
Peter Clinton – Wrk_it
Peter Clinton – Wish
Peter Clinton – Unreleased
Un asticot – Flocon chaud (Prod. ShunGu)
Peter Clinton – Unreleased
Vince Staples – Super
Kali Uchis – Table for two
Kali Uchis – T.Y.W.I.G.
Un asticot – Mort la vie (Prod. ShunGu)

Toutes les transitions sont réalisées par Peter Clinton

Artwork par Sebastien Collet

Odezenne, dernier concert avant le couvre-feu culturel…

En cette dernière nuit bruxelloise placée sous le niveau d’alerte 3, un petit public fougueux s’est rassemblé sans crainte, en ne s’attendant pas que ce concert était l’un des derniers à se jouer au Botanique, avant le passage au niveau 4. Pourtant, les groupes prévus ont su faire honneur à cette soirée.

La soirée fut ouverte par Mochélan, présentant son bijou sorti en 2014, Image à la pluie. « Des trombes de pictogrammes tombent sur nos tronches » nous dit-il, après quelques transitions un peu timides. Sur quelques-unes de ses intonations, on semble entendre un Féfé qui nous chante ses héros. Mais ce qu’on retiendra de ce compatriote venu de Charleroi, c’est une innovation certaine. Des textes et des enchaînements qui sont réfléchis, cohérents.

Odezenne_4

Photo: Alexandre Gubbelmans

Les quatre lascars d’Odezenne débarquent ensuite sur scène, entamant leur titre Saxophone sans prendre de détours, testant par la même occasion la réactivité du public. Cela va sans dire, ils ont déclenché l’euphorie par leurs enchaînements de mots. Ils continuent avec Un corps à prendre, dont les envolées musicales au clavier sont un peu semblables à celles de Sébastien Tellier, poursuivant avec des tonalités quelque peu electroswing et des paroles qui se révoltent avec Dedans. Chie, crève, bouffe, dors…

Ils nous chantent ensuite Rien, sobrement, poursuivant leur douce envolée avec Novembre. Et c’est dans ces paroles formulées comme une critique de la société actuelle, qu’un Paris nous glace soudain le sang… « De l’accumulation naît la révolution, une étincelle brille entre deux explosions, réveille les instincts de tes morbides pulsions, les gens bien pensants vont quitter leurs fonctions ». Dans cette lancée de morceaux qui se posent en critiques du monde, ils nous chantent Chimpanzé, où le ton adopté est parfait pour nous raconter le goût amer qui traîne dans la gorge du chanteur. Une dernière sérénade chantée, Cabriolet, où la voix utilisée pour ce refrain, « je ne crois pas que je t’aide », nous ramène un peu de Bashung

Toujours dans cette envolée lyrique, « Allons plus loin, en autarcie » nous dit l’un, pendant que les sons au clavier semblent miauler… Et la flamme dans les yeux des personnes du public se rallume petit à petit, lorsqu’ils entonnent Je veux te baiser, puis Tu pu du cu, et pendant que l’ambiance se réchauffe lentement, les médias annoncent (à tort ce soir-là) que le niveau d’alerte à Bruxelles monte au niveau 4. Mais personne dans la salle ne s’en soucie, dans cet espace-temps particulier où Odezenne lance Vodka, pendant qu’on s’enivre de leur musique…

La soirée se conclut sur un jeu de mot pourri, où ils nous proposent de la Duvel et de la Bush, pour lancer leur chanson Bûche. Car s’ils étaient des super-héros, J’serais mélomane… Le public sort lentement du Botanique, et dites-moi, quoi de plus beau en ces temps affreusement apeurants que de profiter d’un moment de culture? Une culture qui use d’instruments et de mots pour nous rappeler qu’on peut crier autrement qu’avec du feu et du sang.

Odezenne_3

Photo: Alexandre Gubbelmans

J’ai cliqué sur : City Nights vol.1

Cela fait maintenant 2 ans que le premier volume de la série City Nights à été “dropé” sur Youtube par les créateurs de la Chillop Music channel. Pour l’instant la City Nights Collection est composée de 8 volumes d’une heure environ (la dernière vient de sortir du four). Les mix se composent de différentes tracks pouvant passer d’un Dj Withesmith à du Pro Era sans oublier d’en placer une à notre Shungu national.

Ces sets très “chill” dans l’ensemble pourront vous accompagner dans vos croisades contre ces montagnes de syllabi ou tout simplement lorsque vous vous rendrez vers votre lieu de travail. Les time lapse accompagnant les prods tout au long de votre dégustation ne manqueront pas de vous procurer ce sentiment d’évasion dont nous avons tous besoin de temps à autre… On vous mâche une partie du travail en vous dropant quelques liens qui nous ont particulièrement bien ambiancés…

 

City Nights vol 1

  • Jesse James – 50’s Manhattan
  • A Tribe Called Quest – 1nce Again (Je$u$ Remix)

 

City Nights vol 2

  • The Dopplegangaz – Barbiturates
  • De La Soul – Get Away

 

City nights vol 6

  • ShunGu – All.Love
  • Jalal Salaam – As Above So Below

Hamza, l’érudit du Monopoly sort son clip ‘Mula’

Hamza aka Le H a sorti sa première mixtape H24 le 11 mai dernier. À cette occasion, il s’est empressé de sortir son 5ème clip intitulé Mula (= argent) où il arbore fièrement son butin constitué de quelques billets de 50€. On ne va pas se leurrer, le personnage est sorti tout droit de cet univers street-goth du hip-hop caractérisé par un autotune poussé. Malgré ses métaphores sans queue ni tête,

Y a des chewing gums sous les bureaux, vous en avez plein les cheveux

on sent un “minimum” de taf de la part de celui-ci. En ce qui concerne le clip réalisé par Frank Luckaz, bien qu’il soit propre et doté d’une qualité vidéo de 5K, il ne dévoile rien d’innovant si ce n’est 2-3 boules, 1 gitan et 1 bâtiment délabré d’Evere. Pour information, c’est le premier clip urbain filmé avec une technologie pareille en Belgique. Mauvaise nouvelle, la plupart de nos ordinateurs ne sont même pas encore capables de lire un format pareil.

Feeling High with CunninLynguists au VK*

Après quinze années d’expérience et de passion, les CunninLynguists savent comment faire le show. Lorsque tout paraissait un peu trop calculé, les trois rappeurs arrivaient pourtant à nous surprendre et relancer le public tel un feu indomptable.

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Maybe Belgium #11 : rencontre avec SMODBT

Vous commencez à connaître le principe : un DJ et/ou producteur belge, une track list hybride et une mixtape inspirée, on parle ici de Maybe Belgium. Et c’est SMODBT A.K.A. Some Ol’Dirty Beats qui s’y colle pour la 11e édition. En accompagnement de cette mixtape, nous vous offrons une interview pour découvrir un peu plus le bonhomme qui se cache derrière cette bande sonore.

« La Musique est l’élément qui me connecte aux gens, à la ville où je vis, à la Mère Nature et à tous les éléments du Cosmos, du plus petit au plus large. La Musique a cette habilité à nous connecter en tant qu’Etres Humains, plus que n’importe quelle confession ou croyance du Monde. Quand je mets l’aiguille sur le disque et laisse le son caresser mes oreilles, je n’ai besoin de rien d’autre. Je suis debout, je ne bouge pas, j’écoute et me laisse envahir. Je pense que c’est une sorte de code acoustique de notre psyché. Il y a toujours une musique pour un moment que tu vis, pour l’état d’esprit dans lequel tu es, cette sorte de lumière qui traverse la fenêtre. La Musique m’apporte du positif et de la bonne énergie, je n’ai jamais essayé la méditation mais c’est un peu pareil, définitivement. »

BeatChronic presents “Maybe Belgium” #11 : Someol’Dirty Beats by Beatchronic on Mixcloud

INTERVIEW

D’où viens-tu, quel est ton parcours, depuis quand est-ce que tu mixes ?

Je suis né et j’ai grandi à Tunis dans une famille de mélomanes. Mon père est musicien amateur, il jouait du luth. Aujourd’hui il a une très bonne collection de vinyles et de cassettes, surtout de la musique arabe, orientale et jazz. J’étais donc baigné dans la musique depuis ma naissance. Et j’ai continué sur cette lancée en étudiant la musicologie, le piano classique et les techniques du son pour le cinéma et la musique. J’ai commencé à faire des sélections et les enregistrer sur des bandes magnétiques au milieu des années 90 avec une platine et deux magnétophones de mon père. J’avais aussi une vieille table de mixage empruntée à un ami qui ne s’en servait pas toujours. 

Qui t’a donné envie de faire de la musique ?
Mon père m’a fait aimer la musique mais il ne m’a jamais encouragé à faire un parcours musical. Il m’a toujours dit qu’on ne peut pas gagner sa vie en faisant seulement de la musique.

On se doute que ton blase fait principalement référence aux sons hip hop d’antan mais quelles sont tes 3 influences principales, les musts selon toi ?
Oui, j’étais un grand fan de Old Dirty Bastard (the craziest Mc of all time RIP !!!). Mais c’est aussi en opposition aux sons qui « brillent tellement ». Je m’explique : des sons qui sont traités et retraités au millimètre près, bourrés d’effets embellissants. De telle sorte qu’il n’y a plus aucune chaleur humaine dans la production finale. Moi ce que j’aime dans le travail artistique, c’est les petits accidents et les petites imperfections. Je trouve que ça rajoute de la valeur humaine, on sent que ce n’est pas une machine qui a fait le travail. Pour répondre à la question, le hip hop, le jazz et la musique orientale, sont mes 3 influences principales.

Je crois savoir que tu produis aussi, quelle a été l’impulsion qui t’a lancé là-dedans ?
En fait, je ne suis pas vraiment dans la production. J’ai essayé de faire quelques beats, oui, mais je n’aime pas ce que je fais, je préfère les productions des autres. En plus, je pense qu’il faut être dans un style ou genre musical bien précis pour produire. Ce qui n’est pas mon cas, j’aime plusieurs styles tellement différents. Le jour ou j’aurai fait le tour de toute la musique qui existe dans ce monde, peut-être que je pourrai y voir plus clair et me relancer dans mes propres productions!
  
Quel est, selon toi, le meilleur artiste belge de tous les temps ? 

Marc Moulin parce que je trouve que c’est un architecte de la musique. Il arrive à synthétiser énormément d’influences différentes pour faire un travail très abouti et esthétique, tout en gardant toujours une touche expérimentale. Ce qui est de l’ordre du génie musical selon moi. En plus, il est à l’aise aussi bien en jazz qu’en électro ou encore en pop.

Quel est, selon toi, le meilleur artiste belge du moment, celui qu’il faut suivre absolument ? C’est difficile à dire, il y en a un tas qui sont vraiment bons. J’aime beaucoup ce que fait Shungu, il vient de sortir un nouveau projet bien jazzy, il est jeune et je pense qu’il peut aller encore très loin. Après il y en a plein d’autres, l’Or du Commun, MonkeyRobot, LTGL ou encore Stuff qui est un band de jazz fusion. Je trouve que ce groupe est vraiment la continuation du travail de Placebo (le groupe de Marc Moulin). ll y a aussi Oyster Node, un nouveau groupe de Bruxelles, ils viennent de sortir leur premier EP, YEARN, un mélange de hip hop, de soul et d’électro qu’ils appellent la Cosmic R’n’b.

Quelle est le meilleur festival belge ou la meilleure salle/boite belge selon toi?
Il y a le Dour Festival, l’AB, le FUSE, Het Depot, le Vooruit. C’est surement parce que ce sont aussi les endroits où je sors souvent !

Et à quel endroit rêves-tu de te produire ?

C’est l’énergie du public et leur amour pour la musique qui compte le plus pour moi, peu importe le lieu. Ce qui compte c’est un bon sound system et de la bonne énergie humaine!! J’ai fait des sets dans des petits lieux pas connus du tout, mais qui m’ont inspiré et m’ont marqué par leur chaleur et l’énergie positive qu’ils dégageaient.

Est-ce qu’aujourd’hui ton activité musicale suffit à subvenir à tous tes besoins ? Si non, comment fais-tu pour joindre les 2 bouts ?
Non, la musique ça ne me suffit pas pour le moment, je gagne ma vie en tant qu’ingénieur du son sur les tournages de films.

Peux-tu nous dire 2 mots sur ton mood et tes intentions lorsque tu as fait cette mixtape ?
Je voulais provoquer une émotion chez l’auditeur, construire une atmosphère dans laquelle il peut voyager!

Quel est ton avis concernant la polémique sur les réfugiés qui retourne une bonne partie de l’Europe depuis quelques semaines déjà ?
Il y a quelques jours j’ai vu un dessin d’Ulystrations qui met en scène une discussion entre un demandeur d’asile et un politicien européen sur le bord de la frontière. Je pense que si l’être-humain réussit un jour à se débarrasser de sa peur animale, qui a été très utile pour sa survie au début de l’évolution, on pourra faire avancer beaucoup de choses et ce sera le début de la civilisation, à mon avis!    

Tracklist ID :

John Lee & Gerry Brown – Talkin’ ‘Bout The Right One
Bill Withers – Don’t You Want To Stay
The Main Ingredient – Summer Breeze
The Bar Kays – Attitude
Wale feat. Hit Boy – The Right One
TK – Alright [for E]
Ta-Ku – Trust Me
Trance Farmers – Lone Star
The Internet feat. Janelle Monáe – Gabby
Bizarre Ride – Double LieF
Lion Babe – Wonder Woman (Suff Daddy’s Remix)
MRR ADM – 013
Kamasi Washington – Miss Understanding
Poncho Sanchez – A Night In Tunisia
Joe Williams –  Get Out Of My Life Woman
JeanJass –  Mes Jambes
Inspectah Deck – Elevation
Notorious B.I.G. – Warning
Maayan Nidam – Merry Go Round
AME – I hope that I
James Asher – Robottom
J Dilla – Give Them What They Want
Aillacara 274323 – Cumbia Yerba Buena
Unreleased
L’Or du Commun – Trèfle d’Or
Michal Urbaniak feat. Urszula Dudziak – A Day In The Park
Noza – Routine Alexandra
Anderson  Paak – Miss Right
Bilal – Satellites
Ernie Hines – Our Generation
Sly And The Family Stone – Sing A Simple Song
Unreleased
Dego & Kaidi – Black is Key
SoulParlor – Ejectronic
Leon Vynehall – It’s Just (House of Dupree)

Toutes les transitions sont réalisées par SMODBT

Artwork par Sebastien Collet

 

Album : Soft Parade, un retour vers le passé pour Woodie Smalls

C’est en plein cœur de la Flandre Orientale qu’un talent émergent de 19 ans fait parler de lui depuis un bon bout de temps déjà. À peine a-t-il quitté les jupons de sa mère qu’il sort un EP digne des plus grands. Certains, l’auront compris, on parle ici de Woodie Smalls et de sa Soft Parade qui en a déjà conquis plus d’un. Parade que l’on fera accompagnés de son cousin Grey et de son meilleur ami K1D qui sont assez présents sur l’album. Attardons-nous sur cet opus à 10 titres disponible en écoute sur spotify.

D’entrée, l’influence « old school » se fait remarquer avec une instru qui rappelle un peu Beautiful Struggle d’un certain Talib Kweli. On continue sur cette lancée avec le 2e morceau qui débute sur un synthé en reverb. On y ajoute une construction rythmique boom bap classique pour avoir finalement l’impression de retrouver le jumeau de Nikes On My Feet (1’42) de Mac Miller. L’indétrônable sample est issu de l’intro de Sweetest Pain de Dexter Wansel. Un classique qu’il vous sera impossible de bouder.

Pour en revenir à la Soft Parade, rien ne change quasiment jusqu’à la 5e track qui est également le 2e single de l’album: About the dutch. Ce son est certainement le plus dynamique de l’album pour la simple et bonne raison que c’est le tube par excellence. Le flow de Woodie que l’on peut juger mollasson par moment se retrouve ici accéléré et surtout dynamisant. Puis on arrive sur le refrain : 2 phrases répétées à 4 reprises (voire 8 à la fin du son), comment ne pas s’en souvenir ? 

Comme on le soupçonne, le 6e son, What if, finit de marquer la transition amenée par le morceau précédent. On arrive sur des tendances plus modernes, on pense à Ta-Ku notamment. En effet, la rythmique semble être une version remaniée de celle que l’on retrouve sur l’EP Songs to break up to de l’australien. Sur le titre Moving on par exemple.

Déception sur le 7e morceau, on pensait la partie hip-hop golden age terminée mais nous y revoilà avec Night Slugs. Et sans surprise, les tracks suivantes s’acheminent sur le même mode. Mention spéciale pour le dernier titre, Champion Sound, qui reproduit à merveille la recette des sons d’antan, autant l’instru, le flow de Smalls que le refrain.

Rien de bien innovant dans ce nouvel EP donc. Ne nous méprenons cependant pas, ce projet reste très impressionnant pour une entrée en matière. À vrai dire, cet EP est à ajouter à l’inventaire des projets convenables du hip hop belge. Il n’y a donc rien à dire de négatif là-dessus, si ce n’est qu’on a l’impression d’écouter un artiste d’il y a 15-20 ans que l’on n’aurait pas encore découvert. En réalité, tout au long de l’écoute on est confronté à ce sentiment de déjà-vu sans pouvoir dire avec précision le pourquoi du comment. C’est peut-être là l’originalité du bonhomme : la simplicité et la propreté. Sa force est très certainement qu’il ne semble pas être de chez nous mais peut-être des Pays-Bas ou du Royaume-Uni voire même des États-Unis. Cet opus, signé chez Sony Music, n’a rien de surprenant mais n’en est pas moins appréciable pour autant. 

Ypsos prend de la hauteur

On dit souvent que le deuxième album est le plus difficile à faire. On ne ressent pas cette difficulté le long du deuxième LP d’Ypsos. Au contraire, le MC confirme tous les espoirs placés en lui et nous invite à observer son univers du haut du dixième étage.

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2×1 place pour Oddisee & The Good Company – Pink Oculus – Grey / Vk* / 23 septembre

Le rappeur & producteur américano-soudanais Oddisee fait un retour au plat pays avec The Good Company pour présenter son excellent nouvel album The Good Fight. Cette fois-ci, il sera accompagné de la diva hollandaise Pink Oculus et d’un emcee anversois dénommé Grey.

Comme vous êtes une bande de chanceux et que BeatChronic, c’est bien connu, est une histoire de passion. On vous offre l’opportunité de gagner 2×1 place pour assister a cette performance qui a lieu le 23 septembre au Vk* (VaartKapoen).

Comment faire ?

1) Liker la page Facebook : BeatChronic

2) Partager le lien concours de Beatchronic sur sa page Facebook

3) Envoyer un mail sur contact@beatchronic.com avec votre NOM + PRENOM et le concert pour lequel vous concourrez.

 

Le concours prend effet le 09 septembre et se terminera le 20 septembre. Un mail de confirmation sera envoyé aux gagnants.