C’est en plein cœur de la Flandre Orientale qu’un talent émergent de 19 ans fait parler de lui depuis un bon bout de temps déjà. À peine a-t-il quitté les jupons de sa mère qu’il sort un EP digne des plus grands. Certains, l’auront compris, on parle ici de Woodie Smalls et de sa Soft Parade qui en a déjà conquis plus d’un. Parade que l’on fera accompagnés de son cousin Grey et de son meilleur ami K1D qui sont assez présents sur l’album. Attardons-nous sur cet opus à 10 titres disponible en écoute sur spotify.
D’entrée, l’influence « old school » se fait remarquer avec une instru qui rappelle un peu Beautiful Struggle d’un certain Talib Kweli. On continue sur cette lancée avec le 2e morceau qui débute sur un synthé en reverb. On y ajoute une construction rythmique boom bap classique pour avoir finalement l’impression de retrouver le jumeau de Nikes On My Feet (1’42) de Mac Miller. L’indétrônable sample est issu de l’intro de Sweetest Pain de Dexter Wansel. Un classique qu’il vous sera impossible de bouder.
Pour en revenir à la Soft Parade, rien ne change quasiment jusqu’à la 5e track qui est également le 2e single de l’album: About the dutch. Ce son est certainement le plus dynamique de l’album pour la simple et bonne raison que c’est le tube par excellence. Le flow de Woodie que l’on peut juger mollasson par moment se retrouve ici accéléré et surtout dynamisant. Puis on arrive sur le refrain : 2 phrases répétées à 4 reprises (voire 8 à la fin du son), comment ne pas s’en souvenir ?
Comme on le soupçonne, le 6e son, What if, finit de marquer la transition amenée par le morceau précédent. On arrive sur des tendances plus modernes, on pense à Ta-Ku notamment. En effet, la rythmique semble être une version remaniée de celle que l’on retrouve sur l’EP Songs to break up to de l’australien. Sur le titre Moving on par exemple.
Déception sur le 7e morceau, on pensait la partie hip-hop golden age terminée mais nous y revoilà avec Night Slugs. Et sans surprise, les tracks suivantes s’acheminent sur le même mode. Mention spéciale pour le dernier titre, Champion Sound, qui reproduit à merveille la recette des sons d’antan, autant l’instru, le flow de Smalls que le refrain.
Rien de bien innovant dans ce nouvel EP donc. Ne nous méprenons cependant pas, ce projet reste très impressionnant pour une entrée en matière. À vrai dire, cet EP est à ajouter à l’inventaire des projets convenables du hip hop belge. Il n’y a donc rien à dire de négatif là-dessus, si ce n’est qu’on a l’impression d’écouter un artiste d’il y a 15-20 ans que l’on n’aurait pas encore découvert. En réalité, tout au long de l’écoute on est confronté à ce sentiment de déjà-vu sans pouvoir dire avec précision le pourquoi du comment. C’est peut-être là l’originalité du bonhomme : la simplicité et la propreté. Sa force est très certainement qu’il ne semble pas être de chez nous mais peut-être des Pays-Bas ou du Royaume-Uni voire même des États-Unis. Cet opus, signé chez Sony Music, n’a rien de surprenant mais n’en est pas moins appréciable pour autant.