Roméo et Juliette
05 Oct 2012

Roméo et Juliette

La fameuse pièce de génie écrite par le grand William Shakespeare (1564-1616)

05 Oct 2012

La fameuse pièce de génie écrite par le grand William Shakespeare (1564-1616) a été le sujet d’innombrables adaptations et influence encore aujourd’hui la plupart des grands récits d’amour. Pourquoi ? Sans doute parce que Roméo et Juliette est l’essence fondamentale de la passion dans un esprit de sacrifice pour l’être aimé, sans retenue, aucun obstacle ne peut se mettre en travers des sentiments du jeune couple, pas même la mort. En musique classique il me semble qu’une oeuvre en particulier traduit à merveille le coeur de cette tragédie légendaire et c’est l’adaptation composée par Pyotr Ilyitch Tchaikovsky(1840-1893) dans le courant de l’année 1869 (il modifia encore son travail plusieurs fois avant la version définitive de 1880). L’histoire de cette ouverture-fantaisie pour Roméo et Juliette et de son écriture est particulièrement intéressante. Selon des informations émanant de Modest Tchaikovsky, le benjamin du compositeur, et d’autres proches, Pyotr, alors professeur au Conservatoire de Moscou, était tombé sous le charme d’un ancien camarade de classe, un certain Vladimir Gerard. Bien qu’il soit impossible  d’établir une corrélation absolue entre ce coup de foudre et la musique écrite à cette période là, j’aime penser que ce contexte magnifie l’amplitude romantique du morceau.

Et quel morceau ! Si le monde de la critique mit du temps à le reconnaître, cette oeuvre est désormais considérée par beaucoup comme un chef d’oeuvre et garde une popularité inébranlable à travers les salles de concert du monde entier. Tchaikovsky commence par introduire avec des bassons une ambiance pesante, description des rues de Vérone sous la lune, un prologue qui s’étend aux cordes, puis au cuivres. C’est comme écouter le rideau qui se lève sur une scène où seul le drame attend le spectateur. La trame se dessine. Brusquement alors le thème du conflit entre les Montaigus et les Capulets fait une apparition flamboyante, avant une pause, ensuite c’est un véritable tumulte vrombissant qui saute avec frénésie d’une section de l’orchestre à une autre. On entend la rage sanglante des haines ancestrales. Ensuite la tempête s’éteint pour laisser place à l’une des plus belles mélodies d’amour jamais composées. C’est la rencontre des amants, le premier baiser. “- Ne bouge pas tandis que je recueil le fruit de ma prière. (il l’embrasse) Tes lèvres sur les miennes ont lavé mon péché. – Alors mes lèvres portent le péché qu’elles t’ont pris. – Le péché de mes lèvres ? Quelle douce tentation. Rends-moi mon péché (il l’embrasse encore)”.  Et la divine scène du balcon où chaque réplique est plus belle que la précédente;  tous ces mots, ces soupirs, ces gestes, tout est contenu dans quelques minutes de musique. Un travail d’orfèvre, une évocation parfaite. Mais on connait le destin cruel qui encercle l’union de nos tourtereaux. Le thème des rivalités familiales revient, les nuages s’amoncellent inlassablement. Bientôt les premières goûtes de sang, celles de Mercutio puis de Tybalt. Romeo est banni. Ce moment est bref et violent et conduit tout droit au plus grand coup de génie du compositeur concernant cette production. En effet, Tchaikovsky récapitule la mélodie de l’amour mais, plus question à présent de décrire les échanges innocents, les mots doux. Place à la mise en abîme de l’étreinte passionnelle, de la sensualité. C’est l’amour torride des corps qui est ici traduit par un climax à la fois fougueux et tendre, poétique et sexuel, chaque note est enfiévrée de désir. C’est l’extase .Mais le compositeur n’est pas en reste. Il veut aller plus loin. Et il réunit alors les deux thèmes principaux pour une véritable explosion musicale d’une intensité incendiaire. Tout s’enchaîne soudain, dégringole. On entend le glas qui sonne l’apogée misérable et fatale de Roméo par le poison : “Viens, guide amer, viens, répugnant nocher, pilote désespéré  précipite à présent sur les rocs écumants ta barque fatiguée,  malade de la mer. Je bois à mon amour ! Honnête apothicaire, ta drogue est rapide. Ainsi, dans un baiser, je meurs”; et le suicide désespéré de Juliette : “O dague bienvenue, voici ton fourreau. Rouille en ce sein et donne moi la mort.” Enfin, en un dernier élan, le morceau se termine par une montée céleste, brillante de clarté pour peindre avec grâce la réunion dans la mort des amants maudits.
A bientôt.

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