Parenthèse
18 Mai 2013

Parenthèse

Sigur Rós*est un groupe islandais de musique

18 Mai 2013

sigur ros album cover

Sigur Rós*est un groupe islandais de musique post-rock formé en 1994, surfant alternativement sur des vagues “ambient” et “dream pop” à travers leurs albums. A l’affiche du Rock Werchter 2013, le groupe est surtout connu pour ses harmonies éthérées, ses atmosphères oniriques et une esthétique générale plutôt minimaliste. Pour toutes ces raisons, leurs productions ont souvent été employées dans des musiques de films comme Vanilla Sky de Cameron Crowe en 2001, pour des documentaires naturels (en particulier sur la BBC), ou encore pour diverses bandes annonces. Bien sûr, l’étendue de la valeur artistique de ce groupe dépasse son utilisation dans les médias, elle dénote également une virtuosité particulière dans la fabrication de sonorités inventives et mérite qu’on s’y intéresse beaucoup plus. En 2002, Sigur Rós se lance dans une entreprise intéressante : composer son troisième album sur base de paroles dans une langue fictive, “l’Hopelandic”, créée pour l’occasion à partir d’une association répétitive de sons originaux dépourvus de sens et déclinés sous plusieurs formes tout au long des différentes tracks non-titrées, 8 au total. L’oeuvre est découpée en deux parties, une première relativement optimiste et une seconde plutôt mélancholique, artificiellement séparées à l’aide d’un silence de 36 secondes. Ajoutons encore que l’album s’ouvre et se clos sur un clic de distortion, formant une sorte de boucle qui peut se poursuivre indéfiniment. Il en résulte une expérience troublante, une chute dans un univers mouvementé de sons mystiques et rafinés aux variations de rythme absolument incroyables. Difficile de définir une émotion particulière, on se trouve face à une suite de tendances mélodiques qui laissent des impressions intenses, on est piégé dans un état second au milieu de ces harmonies merveilleuses. Il y a des étoiles, un je ne sais quoi d’épique dans cet alliage improbable de thèmes langoureux aux saveurs argentées qui fait le gros dos. Comme il n’y a pas de paroles auxquelles se racrocher, l’auditeur est véritablement inondé de vapeurs musicales, de fantômes pendant plus d’une heure. C’est un flux perpétuel

ESO’s VLT reveals the Carina Nebula's hidden secretsd’hallucinations, un fauve enragé dont il se dégage pourtant une profondeur spirituelle inqualifiable. Une façon d’éclairer avec plus de subtilité cet ovni, consiste à prendre en compte l’absence d’un titre pour l’album, remplacé par un signe de ponctuation parfaitement laconique. Dans une interview, Jónsi, le lead singer, précise : “la parenthèse est vide pour que les gens puissent y écrire ou y dessiner leur propre interprétation. C’est une sorte d’expérience humaine, chacun a son opinion, c’est comme un album inachevé que le public termine lui-même; ce n’est pas un chanteur qui raconte une histoire mais plutôt un soundtrack qui s’adapte à la vie de chacun”. Ainsi vous dicter, vous soumettre ma vision des choses est en réalité superflu. ( ) de Sigur Rós doit se lire comme une fenêtre ouverte sur votre subconscient. En écoutant cet album, vous entendrez l’écho de ce que vos sentiments y mettent, comme un miroir étrange qui reflète tous les états d’âmes possibles et imaginables. Plus que des créateurs conceptuels, les membres du groupe sont avant tout des explorateurs, des enfants surdoués qui veulent toujours trouver de nouvelles manières pour nous en mettre plein la vue, de vrais artistes donc. Alors, un ascenseur émotionnel, un déferlement magique, une cacophonie magistrale, appelez ça comme vous voulez; mon seul conseil, ma seule envie, c’est que vous écoutiez ce bijou improbable d’une seule traite, dans une solitude absolue. Si, par hasard, vous le faites et que ça vous touche, vous interpelle, si votre pudeur vous le permet, n’hésitez pas à partager votre ressenti avec nous, pour, ensembles, compléter l’oeuvre de Sigur Rós, remplir avec toujours plus de détails l’intimité évolutive de cette libre parenthèse. A la prochaine !
*Le nom du groupe fait référence au prénom de la soeur de Jónsi, qui, lui, est orthographié sans espace.

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