Musiciens déçus, musiciens déchus; Le Côté Obscur de la Musique
21 Fév 2014

Musiciens déçus, musiciens déchus; Le Côté Obscur de la Musique

Bonjour à tous ! Pardonnez-moi cette familiarité

21 Fév 2014

Bonjour à tous !

Pardonnez-moi cette familiarité inhabituelle mais aujourd’hui, c’est à vous tous que je m’adresse. Le sujet que je vais aborder concerne effectivement une relativement grande partie d’entre nous. Ces dernières années j’ai eu l’occasion (avec beaucoup de déplaisir) d’entendre de nombreux témoignages d’anciens musiciens, musiciens potentiels ou encore apprentis découragés pour qui la pratique d’un instrument s’est révélée catastrophique, décevante, plus ardue que prévue.
En guise de transition maladroite, je précise que je ne ferai pas de distinction entre musiciens déçus et déchus par la suite. Les musiciens “déçus” représentent pour moi ceux qui essayèrent en vain, les éternels amoureux de musique reconnaissable, entre autres, par la phrase “J’ai toujours voulu en jouer”, ou tout simplement l’ensemble de ceux pour qui la musique n’est pas, plus, n’a jamais été accessible. Les musiciens “déchus” (dont je parlerai moins et qui servaient juste à ajouter l’effet “patate chaude” au titre) incluraient plus les musiciens de longue date dont l’emploi du temps interdisait la pratique, déchus de leur statut par une notoriété dégringolante ou encore jetés en prison pour quelque malentendu. En bref tout ceux qui, un jour considérés musiciens, ont posé le manche, le micro, rangé le tabouret, l’archet pour des raisons personnelles ou non.

Toutes ces situations m’attristent énormément, mais souvenons-nous tout de même que ne pas jouer d’un instrument ne signifiera jamais ne pas pouvoir apprécier la musique dans toute sa beauté.

Ce qui m’a convaincu, c’est le nombre d’entre nous que j’entends, presque chaque semaine dire : “J’ai commencé mais la formation musicale, le solfège, tout ça m’a rapidement dégouté et j’ai arrêté” ou encore (pour le plaisir de se répéter) “J’ai toujours voulu en jouer mais je n’ai jamais eu l’occasion/les moyens/le courage de suivre une formation qui d’emblée semble ardue et rébarbative…”.
Ce qui, pour moi, ressort le plus de ces expériences ou envies de la musique est une certaine peur ou haine du solfège et de la formation musicale académique. C’est sur ce point que nous nous pencherons.

 

L’institution musicale, c’est vrai, peut paraître ennuyeuse, poussiéreuse et même impressionnante pour le musicien en devenir. Son côté strict, sévère et l’image peu ouverte qu’elle semble laisser dans nos esprits en décourage plus d’un, au premier abord. Mais qu’en est-il de ceux qui se lancent ? Sont-ils tous issus de familles de musiciens à l’académie (ou conservatoire), inscrits par tradition familiale ou parce que leur image de cette académie est meilleure ? Non.
Un premier cas m’apparaît alors : celui de ceux qui ont commencé mais arrêté rapidement, submergés par la rigueur rébarbative des professeurs considérés trop vieux, trop différents de nos styles musicaux. Le fossé réel entre les professeurs d’académie, leur éducation, leur connaissance et les attentes des élèves, souvent ancrés dans un présent musical à mille lieues de celui de leur maître constitue une première barrière à une transmission de savoir efficace. En effet, l’élève s’inscrit pour apprendre l’instrument poussé par une volonté personnelle liée à ses goûts et son envie de savoir jouer l’un ou l’autre morceau. La déception vient ensuite plus ou moins vite à cause de la prise de conscience de la quantité de travail nécessaire par jour pour aborder des pièces qui ne lui parlent pas tant que ça et l’élève après quelques années de labeur abandonne souvent, par manque de temps, par perte de volonté ou pire par dégoût total de cet instrument qui jadis l’avait tant attiré. C’est en entendant ces récits désespérés de musiciens déçus que d’autres, par la suite, ne tenteront même pas l’expérience et partiront déçus, ne se sentant pas capable d'”affronter” l’académie et sa formation. Aucun des deux côtés n’est à blâmer, naturellement. L’académie, malgré l’image vétuste qu’il renvoie est la porte vers des univers musicaux riches, divers et vers une technique solide ainsi qu’un enseignement de qualité pour quiconque franchit ses portes. D’un autre côté, il est vrai que le monde moderne de la musique est loin de préparer les oreilles de tout le monde à ce type d’univers et que beaucoup de jeunes musiciens, motivés par l’amour de chansons “classiques” du répertoire populaire se heurtent aux codes et répertoires “classiques” au sens musical du terme. La confrontation douloureuse de deux univers ayant pourtant en commun l’amour de la musique en laisse beaucoup découragés, dégoûtés, sur le côté et ces nombreux musiciens potentiels, déçus, ne voudront plus s’adonner à la pratique de ce qui un jour leur était apparu comme si beau.

Il me semble essentiel, dans un tel contexte, de rassurer les musiciens potentiels, musiciens en devenir, les aspirants musiciens quant à leur vision de la musique, du solfège, de l’institution musicale (classique). Les professeurs que vous aurez la chance de rencontrer ne sont pas tous rigides et sévères et votre passion peut vous emmener là où le travail ne compte plus tant il est gratifiant !
Mon conseil principal cependant serait le suivant : soyez vigilants quand aux premiers pas dans l’éducation musicale. Un enfant de jeune âge ne doit pas être repoussé par l’académie et ne devrait jamais être “dégouté de la musique”. Des styles d’éducation musicales différents existent où les partitions ne sont pas la priorité et où, jeune comme plus âgé, n’importe qui peut trouver son compte et apprendre la musique, les bases de son instrument, à apprécier le contact avec celui-ci et la compréhension d’un morceau. Ce type d’écoles de musique (officielles ou non) peuvent apporter un enseignement très complet et gratifiant de cet art fabuleux. De plus, si dans un second temps le musicien ressent le besoin d’approfondir sa technique, de retourner aux partitions, à un style plus classique, il en a toujours la possibilité. L’avantage de cette approche est qu’une fois les pieds dans une académie, votre amour de l’instrument et de la musique sera déjà bien présent, plus ancré et vous verrez la formation différemment.

J’espère vous avoir donné envie de vous (re)lancer dans l’apprentissage musical. Je me réserve les musiciens déchus, sujet sensiblement différent pour un second article et vous souhaite une bonne soirée…

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