Kase.O fait perdre le nord avec Jazz Magnetism
08 Déc 2014

Kase.O fait perdre le nord avec Jazz Magnetism

Il est relativement méconnu et ce n’est

08 Déc 2014

Il est relativement méconnu et ce n’est pas le style qu’on raccorderait le plus à son pays, mais le rap espagnol possède lui aussi ses lettres de noblesse. Associé à un groupe de jazz, Kase.O nous propose en 2011 un doux mélange de styles dans son opus en collaboration avec Jazz Magnetism.

Pour être honnête, avant le mois d’août 2013, le rap espagnol était égal à néant ou presque dans ma tête. Mais les voyages sont là pour nous enrichir ! Et alors que je lui faisais découvrir la talentueuse Keny Arkana, une espagnole me renvoyait l’ascenseur en me faisant écouter un certain Kase.O pendant que nous rénovions un four. Étant donné que ce serait fort égoïste de garder cette trouvaille pour moi seul, je lui dédie aujourd’hui cet article.

Sa carrière débutera en 1994, il Violadores del Verson’a alors que 13 ans. Il sort sa première démo « Rompecabezas » (qui signifie puzzle). Pour l’anecdote, il l’enregistrera dans sa salle de bain, pour avoir une bonne réverbération. Deux ans plus tard il en sort une deuxième et réalise de petits concerts dans des collèges de sa ville, Saragosse. En 1997, il fonde le groupe Violadores del Verso avec Lirico, Hate et R de Rumba. Il y connaîtra ses plus grands succès !

Dès leur premier album “Genios” en 1999, le groupe rencontre un succès d’estime. Il se place directement en tant que référence du rap espagnol. Ils confirment en 2001 avec “Vicios y virtudes“, un projet plus vertueux qu’il n’est vicieux. A mettre à l’actif des Violadores également : la première vidéo de concert éditée par un groupe de rap hispanique. Pour la suite, comme le dit le proverbe, jamais 2 sans 3… Le petit troisième arriva donc en grandes pompes et en plus de l’estime obtenue précédemment, c’est le succès commercial qui les attend au tournant. “Vivir para contarlo” est vendu à plus de 60 000 exemplaires ! Le single éponyme connaîtra le sommet du hit-parade espagnol quelques semaines boostant ainsi les ventes du LP. Ils remportèrent plusieurs prix dont celui du meilleur album hip-hop, on peut alors parler de l’apogée du groupe. Il est peu habituel que ce style de musique se dresse à ce niveau, ça vaut le coup d’y jeter une oreille.

Leur ultime LP en commun sera “Gira 06/07” paru en 2007. Une bien jolie carrière que j’ai ici plus que résumé, j’aurai pu citer les divers EKaseO-bcP, Maxi ou encore le livre racontant leur parcours et en faire tout un article très étoffé. Je ne l’ai pas fait car je voulais davantage m’attarder sur l’après de Kase.O, en l’an 2011 où l’on priait pour que les radios arrêtent de bastonner “On the floor” à la radio. Le natif de Saragosse nous pond un petit bijou produit entièrement par Jazz Magnetism. Ce dernier prendra simplement le nom de “Kase O Jazz Magnetism“. Vous aurez du mal à trouver un fan déçu du projet, même la presse semble unanime envers sa grande qualité. Combinaison gagnante !

 

L’album commence par un hymne à la liberté, avec le titre bien nommé “Libertad“. Il vous invite à monter à bord du train Libertad, où vous devez être votre propre patron pour avancer. Il nous dit également que pour changer quelque chose il faut d’abord se changer soi-même. On retrouvera cette idée de volonté de changement dans “Renacimiento“. A noter que ce sont des valeurs qu’on retrouve fréquemment chez la marseillaise Keny Arkana citée plus haut ! Je ne pars pas en terrain inconnu, je valide déjà l’artiste ! Je m’enflamme un peu, il reste tout de même 14 tracks.

Plus légBeatchronic_KaseOer, “Como el Sol” laisse davantage de place à Jazz Magnetism, et on se laisse emporter par leur musique. L’espagnol n’est pas mon point fort mais Kase.O le maîtrise à merveille et use de multiples métaphores pour décrire sa musique. On retrouve cette aisance pendant les 62 minutes d’écoute, il semble “boxer avec les mots” comme Ärsenik. En plus du concept de l’album, le MC varie la forme et le fond tout au long du projet.

Il n’évite pas cet exercice bien connu du rap qu’est l’égotrip, en gardant les “morceaux conscients”, passant même par le storytelling (“Tributo a Mr Scarface“). Niveau figure de style, les comparaisons, métaphores et anaphores sont régulièrement employées. Du côté de Jazz Magnetism, on pourra pointer une ambiance plus rock donnée au titre “Domingos de Cal“, une bonne variante mais je préfère tout de même quand ça sonne plus jazzy ! Bref vous l’aurez compris, c’est un album très complet à consommer sans modération ! Un petit zoom sur 2 autres titres phares pour terminer cette chronique:

Boogaloo (aka Tarantula):

J’aime beaucoup ce morceau, c’est de mon point de vue celui où le mélange de style se fait le plus sentir. On ressent l’osmose entre eux et les deux parties réalisent une très belle performance. Je vous laisse en juger par vous-même:

Javat y Kamel:

Une façon magistrale de clôturer ce projet ! Le trentenaire nous offre 6 bonnes minutes de rap non-stop, typiquement le genre de track que j’adore quand c’est bien fait. Après ça, on ne peut qu’être rassasié, mais comme quand on sent le doux parfum des gaufres de Liège chaudes, par gourmandise on en voudra encore ! Hélas quand c’est fini, c’est fini (enfin, vous pouvez toujours appuyer sur replay).

Notre petit voyage à Saragosse se termine, j’espère que vous l’aurez apprécié comme je l’ai fait. Un peu de soleil dans cet hiver glacial belge ! Il paraîtrait qu’un nouvel album de Violadores del Verso verra le jour dans les années à venir, affaire à suivre en espérant que ça ne tarde pas trop !

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  1. Thomas Van Deursen décembre 8th, 2014 9:13

    Beaucoup aimé cet article 🙂 merci

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