Au premier abord, Wand c’est le stéréotype américain du groupe de potes qui s’entraine un samedi soir dans le garage des parents pendant que les autres jeunes vont se bourrer la gueule et jouer au beer pong chez le mec le plus populaire de l’école. Composé de 4 membres, le batteur, crâne rasé aux gros bras; le bassiste, silencieux mais complice dont les cheveux longs et gras recouvrent le visage; le guitariste/claviériste discret dans son coin et enfin le chanteur à la mèche rebelle, beau gosse malgré lui sans qui ce groupe n’aurait vraiment rien pour lui.
Les apparences sont un peu trompeuses. Le groupe de Los Angeles propose certes un rock de teenager à base de riffs qu’on a entendus et réentendus, il est cependant agrémenté d’une touche psychédélique, au travers des sons de guitares et claviers provenant tout droit d’une planète extra-terrestre. Un mix de Tame Impala et Brian Eno, où les musiciens tentent de nous mettre en transe en abusant de la pédale à distorsion dès que l’occasion s’y prête.
Par ailleurs, le chanteur apporte un plus incontestable à ce groupe qui se déjoue déjà du stéréotype de garage band. Il rappelle lui aussi un Brian Eno moins impertinent en effet, mais il gagne en profondeur et en chant. Il nous le prouve lors de sa reprise de la chanson The end des Doors, dont un public très restreint et sans doute non initié apprécie néanmoins le clin d’œil. Guitar virtuoso wannabe, il se déchaine au point d’éclater une des cordes de son instrument. Petit groupe oblige, il n’a pas de guitare supplémentaire et s’empresse de remplacer la corde, la main tremblante.
« Apologies for that, let’s knock this next song out of the fucking park », dit-il avant de sauter sur place et d’entonner un riff plus pêchu, au point qu’on imagine le tout mis en scène. Un petit pogo mollasson se lance devant la scène alors que le groupe enchaîne les morceaux qui vont dans ce sens.
Le concert se termine sur une chanson en duo entre le batteur et le chanteur accompagné de sa fidèle guitare rafistolée. Morceau qui se désintègre sur la longueur, à la manière d’un Tomorrow never knows des Beatles. Le chanteur se tortillant sur place et fait résonner les cordes de sa guitare jusqu’au silence complet. Le public tout à coup réveillé d’une hypnose pesante applaudit le groupe, qui ne tarde pas à quitter la scène.
Wand n’offre rien de radicalement nouveau au monde du rock, cependant leur maîtrise musicale impressionne et me fait penser que le genre rock progressif/psychédélique a encore de beaux jours devant lui.