Vandal: le mariage batard qui rassemble
23 Août 2015

Vandal: le mariage batard qui rassemble

Il est 1h30 : la plaine autrefois

23 Août 2015

Il est 1h30 : la plaine autrefois herbeuse de la scène des Illuminations est étonnamment remplie. Il faut dire que Limp Bizkit vient de terminer son show, ce qui amène pas mal de curieux, interrompus dans leur retour au camping par un son pas trop reggae, pas trop électro. Difficile de croire que j’allais (littéralement, vu l’état du sol) mordre la poussière plusieurs fois dans des pogos ce soir-là.

À l’avant de la scène : les dreadeux qui ne savent pas encore ce qui va leur tomber dessus et les tech heads prêts à en découdre, plus loin, beaucoup de gens qui n’ont jamais entendu parler du bonhomme. Dur de leur lancer la pierre, ce n’est pas vraiment le son de l’été.

Je l’avais déjà vu à Dour cet été, où la Cannibal stage à bien failli être détruite par des festivaliers enragés, au point de sérieusement faire hésiter les autres entre les rejoindre ou supporter la drache nationale. Mais pour une oreille non avertie, Vandal ne peut que surprendre. Ca commence gentil, enfin, gentil comme le son d’un mec qui clôture la nuit. Les rastas tirent sur ce qu’il leur reste de joint, le gros de la foule commence à hocher la tête, emporté par un son jamaïcain un peu jungle, mais rien de bien méchant.

Ça se corse quand Vandal lâche ce qu’il fait de mieux. Sans prévenir, le tempo bondit jusqu’aux alentours de 190bpm, on tombe sans parachute dans la hard tech, sauf qu’on a toujours des jamaïcains au micro. Ce son, c’est ce que l’artiste appelle de la Raggatek. Fortement inspiré par la culture rave et free techno, le style est révélateur de l’engagement que Vandal a dans le mouvement sound system (comprenez l’amour du gros son chargé en basses).

Très vite, ça se pousse devant la scène, genre beaucoup. Fidèle à moi-même, je suis dans l’action. Et apparemment, crowd surfer dans un pogo, c’est possible. Ça m’amuse apparemment plus que les types de la sécu habillés en rose parce que c’est comme ça au cabaret vert. Les coups, les chutes, toujours brèves car on est de suite relevé par dix personnes, ne s’arrêtent jamais. Une fois le déluge lancé, Vandal ne prend plus de répit. Jusqu’au bout de son set, ce sera grosses basses, percussions super soniques et bien sûr, vocaux reggae.

Après une bonne demi-heure, j’en peux plus. Je suis ce type qu’on pousse sur les autres et qui n’offre plus aucune résistance, sorte de ballon humain désarticulé. Pour une fois, je suis content que l’heure de fermeture du cabaret vert soit modeste : 2h30. Quand ça s’arrête enfin, il y a un hiatus étrange, comme le calme après la tempête. Vandal salue son public, sourire jusqu’aux deux oreilles, comme à son habitude. Derrière les platines, il a l’air de se marrer sans arrêt, et je le comprends. Sa musique est presqu’absurde, mais irrésistiblement dansante.

Le public est exténué, et toujours présent en nombre. Moi, j’ai perdu mon smartphone, et probablement deux ans d’espérance de vie à cause des kilos de poussières que j’ai respirées. D’ailleurs j’en tousse toujours en posant ces lignes. C’était bien.

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