Caminando con Chicos y Mendez
24 Août 2013

Caminando con Chicos y Mendez

Une voix troublante de sincérité et porteuse

24 Août 2013

Une voix troublante de sincérité et porteuse d’un message engagé, tel est l’instrument maître de David qui nous confie tant ses espoirs que sa révolte dans ses textes écrits à la frontière entre la langue de Molière et celle de Cervantes.

Rencontré à Esperanzah!, le chanteur s’est livré à nous autour d’un micro. Et même s’il est péruvien, on l’a accueilli avec autant de soins qu’un syndicaliste brésilien. Parce que le réel militantisme se perd de nos jours, peut-être le retrouvera-t-on au détour d’une chanson…

A mi me mata lo que me han dado

Par le nom « Chicos y Mendez », le groupe fait une référence assez évidente au syndicaliste brésilien Chico Mendes, qui s’est battu pour la lutte contre la déforestation, les gros propriétaires terriens, les seringueiros dont il faisait partie, et qui était soutenu par le mouvement des Sans Terre. On peut se dire que ça ne constitue jusqu’ici rien d’étonnant pour un jeune chanteur qui, la tête plein d’idéaux, a dans sa vie déjà bien remplie présidé la FEF. Mais au-delà d’un simple nom et d’un combat étudiant, c’est un réel engagement qui transparait dans ses textes par la dénonciation d’une société qui tangue là où elle devrait valser. Le message est très clair dans « Diló más fuerte », leur premier clip-phare.

« Dis la vérité ; qu’on ne voit pas le futur, que le présent ne va pas, dis la vérité ; que ce système nous tue… ¡Diló más fuerte!»

C’est le cœur dansant qu’il est venu avec son groupe à Esperanzah!, pour une fois en tant que musicien, ce festival qui à ses yeux « allie l’engagement et le côté festif », étant aussi « un moment pour avoir des chansons à textes » et qui leur permettra de prouver qu’il est possible de porter un message engagé tout en musique.

Un angel cayó
Affirmant aujourd’hui fièrement sa voix, ses croyances en une humanité qui peut s’améliorer et son continent d’origine où la mort se fête en chansons, il a pourtant débuté sur les planches du Cabaret de son Lycée, avec un peu moins d’assurance… « J’étais assez introverti, je composais depuis quelques années mais rien de sérieux… » et il voulait faire une chanson pour dire au revoir à sa grand-mère et sa tante qui s’en allaient après 9 ans vécus en Belgique. Il a composé Se quedo, mais il a « demandé à mon amie Eleonore de m’accompagner quand je jouais à la guitare parce que je n’osais pas chanter », même si au final il a laissé entendre sa voix pour la première fois sur scène cette soirée-là. Pour composer l’entièreté du groupe actuel se sont rajoutés de fil en aiguille l’ingénieur du son Benoit Tempels, qui a présenté David au batteur et au bassiste. Le petit nouveau c’est le son de guitare qu’apporte Tito, rencontré à Liège.

Si « la mort se fête en chanson », c’est parce qu’il a écrit Cayó pour un ami décédé suite à une chute de vélo, tombé homme et envolé ange. Le côté surprenant faisant écho à ses origines latinos, c’est cette mélodie qui, malgré un texte mélancolique, amène tout de même un coin de sourire sur nos lèvres, telle la salsa d’un Yuri Buenaventura sur « Ne me quitte pas ». Pour David, « en occident on ne parle pas bien de la mort, on la cache toujours (…), on voulait montrer qu’on peut en parler sans forcément être dans le drame », et son hommage devait être aussi jovial que celui qui les a quittés.

Tengo mala reputación
Si l’on se penche davantage sur ses textes, on découvre la poursuite logique d’un chemin suivant des traces de Chico Mendes. Vous trouverez tous ses morceaux sur leur site internet. Dans Pueblos, il s’insurge contre les conditions à remplir, celles qui empêchent tout un chacun de vivre comme il l’entend, simplement…

[soundcloud id=’56985665′]

« Les peuples doivent continuer à lutter pour une vie plus digne ».

Quant à Crisis, le titre est assez limpide ; il chante l’illusion de bonheur procurée par des chiffres sur du papier et ce monde en trompe-l’oeil qu’est la bourse; « On te réserve 5 pages dans les journaux Dow Jones tous les jours, et combien de pages pour les sans-papiers occupés à trimer, et combien de pages pour tes centres fermés? ». 

Dans Indios c’est un pouvoir qui jette de la poudre aux yeux de ses avides détenteurs qu’il dénonce, avec toujours sur le bout des lèvres des questions à propos de la guerre, des génocides absurdes, du droit des peuples. Un peu pessimiste, il affirme « que le monde ne va pas changer » mais nous rappelle que la justice et la liberté sont des valeurs à ne jamais oublier.

[soundcloud id=’56985663′]

« Rappelle-toi la reconquête de pachamama, comme tes fils ont souffert ; je ne pense pas que faire du mal est ancré en l’homme, est gravé dans son esprit… Au contraire »

Finalement, il y a ces deux morceaux dont Los peces, qui pour quelques notes nous plonge dans le charango de Mirandaet sa belle reprise-traduction de la mauvaise réputation de notre cher Brassens.

« J’ai compris qu’il ne suffisait pas de dénoncer l’injustice, il fallait donner sa vie pour la combattre » (Albert Camus )

Leur site internet –  http://www.chicosymendez.com
Leur page facebook – 
https://www.facebook.com/chicosymendez

Leave a comment
More Posts
Comments
Comment