An zéro. La naissance du Christ. Ils sont quatre et viennent célébrer le début d’une nouvelle ère. Les Rois Mages ? Selon la version officielle. Officieusement : Vhs from Space. L’étoile du Nord ? Leur soucoupe volante laissée en orbite. C’est au son d’un rock cosmique, entre math-rock, ambiance psy et même des variations trip-hop (vanishing gaze) que le quatuor belge fait une de ses premières apparitions terrestre. Les précédentes ? A l’aube de la disparition des dinosaures (coïncidences …) et pour la construction des pyramides de Gizeh. Selon leurs propres mots, Anubis est rentré en transe sur Sound of Uranus.
On a rendez vous un samedi, de tôt matin, vers quinze heure, au Pantin, bar bruxellois, jouxtant la place Flagey. Je ne les reconnais pas tout de suite. Si sur scène ils ont l’air de débarquer directement de Jupiter, sans la case douane ni assimilation culturelle, de jour, leur apparence est presque normale. Deux fratries, dont les avatars terrestres viennent respectivement de Malmedy pour les frères Gennen, Thomas à la basse, Chris au chant guitare et clavier, et d’Ottignies pour les frères Vandewattyne, Jérôme, chant et guitare et François à la batterie.
Tout a commencé avec la rencontre de Jérôme et de Chris par l’entremise d’un ami réalisateur espagnol. Nous sommes en 2011. Chacun évolue timidement de son côté dans l’idée d’un jour rejoindre un projet collectif. En attendant ils sont réalisateur, pour Jérôme, étudiants pour Chris et Thomas et ingénieur de projet pour Francois. Malgré leurs goûts différents (du métal progressif à Incubus en passant par Omar Rodriguez Lopez) une alchimie se forme au gré de jams dans un grenier. Depuis ils ne se sont plus quittés. Ils seront Vhs from Space. Lorsqu’ils ne sont pas occupés à écumer les galaxies à la recherche de nouvelles textures sonores, ils écument les lieux de concerts belges : les Trans Bar’Bantes, l’Os à Moelle, le Magasin 4, le Murmure et la veille, consécration; la première du groupe canadien Black Mountain au Botanique. Fans du groupe, ils sont encore sur un petit nuage. Nuage cotoneux, certainement éthylique, d’une soirée continuée avec les canadiens. On sent le réveil un peu difficile. A mon avis ce ne sont pas les seuls. Le public novice a lui aussi du rentrer bouleversé. Ce n’est pas tous les jours qu’on assiste à un tel spectacle visuel et sonore. Sonore parce que musique grunge psyché qui nous transporte « to infinity and beyond ». Visuel parce que ce sont quatre gaillards, vêtus tout de noir, en masques ; aspergés de peintures fluo mises en avant par un jeu de black light qui nous offrent un trip continu de plus d’une demi heure. On en ressort pas toujours entier, et c’est bien le but. Plus qu’un concert, c’est un show que veut offrir le groupe. Un trajet au sein d’un paysage. Un délire mental et physique fait de reliefs, de petits chemins et de grandes plaines envoûtantes. Un cosmos.
Leur moto : « personne ne nous connaît, personne ne nous attend, on peut tout oser. Tant qu’on reste sérieux et fiable on n’hésitera pas à constamment dépasser nos limites ». Renouveler leurs costumes (fabriquer par Sara et Gladys), introduire du Vjing, composer de nouvelles chansons. Rien ne semble pouvoir les arrêter.
En attendant ils viennent de sortir leur EP, A Taste from Space, sur le label indépendant Hyphen Records. L’EP a toute une histoire. D’abord enregistré sur cassettes VHS et mixé par superposition des bandes, il a ensuite été enregistré en studio et balancé sur internet. Ce n’est que depuis 6 mois que le groupe est soutenu par le label. L’aventure ne semble que commencer. Des dates internationales et une impression vinyle seraient même prévues.
En guise d’au revoir, ils me racontent leur premier souvenir sur scène : salle de bal de village, remplie de « petits vieux » venus écouter une chorale religieuse, des enfants qui se baladent autour de clowns en échasses, le tout éclairé aux néons blancs. Aux premières notes, la salle effrayée s’enfuit, effigie du Christ en main. Ambiance. Vhs from Space.
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