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Le chaud et le froid

une production bicéphale…

A 35 ans, le compositeur norvégien Edvard Grieg (1843-1907) était reconnu comme un virtuose des miniatures pour piano et des chansons qui illustraient parfaitement son talent naturel pour l’écriture mélodique; une réputation à double tranchant car ses contributions aux styles plus sérieux de la musique du XIXe siècle étaient systématiquement négligées et même snobées (sauf par un certain Tchaikovsky). Dans ce contexte professionnel tendu, la composition de son “Quatuor a cordes no 1, op. 27″ s’avéra des plus laborieuses. Grieg ne s’était pas encore bien habitué à cette forme musicale et son travail s’en trouva sans doute alourdi mais cette relative inexpérience fut étonnamment fructueuse puisque son oeuvre fut une des plus innovantes et influentes de l’histoire de la musique de chambre…

C’est une histoire de forme. Le morceau est un arrangement cyclique basé sur un thème principal qui subit d’innombrables transformations au long de 4 mouvements dont le rythme et les couleurs restent distincts et originaux. Contrairement aux pratiques de l’époque,  l’unité de cette composition repose véritablement sur le theme d’origine; il influence tous les mouvements et fait donc l’objet en permanence de citations mélodiques complexes et parfois imperceptibles. En résumé, nous sommes face à un labyrinthe au sein duquel le changement est continu mais qui offre à différentes reprises une vague impression de déjà-vu, une confusion étrange.

Voyons cela plus en détail. L’oeuvre s’ouvre avec une lente introduction qui conduit (c’est évident) au theme clef; celui-ci consiste en un déchaînement furieux et perturbant aux saveurs métalliques, les cordes et les archets s’entrechoquent pour délivrer une mélodie qui suinte la colère, la folie et l’angoisse. Des développements successifs se mettent rapidement en place, on apaise en conservant le flot de notes déjà installé, on répète, on triture, on décompose pour autant d’effets incroyables et ce pendant tout le premier mouvement qui s’éteint lentement avant un dernier retour de flamme. La deuxième partie change radicalement de ton. Une douce romance simplement se déploie, comme un air naïf qui s’agite soudain et virevolte sans cohérence, puis se calme et reprend sa ronde; à plusieurs endroits, l’ombre du fameux thème apparaît brièvement comme un traumatisme inoubliable. Le troisième mouvement est peut-être le plus ambigu de l’ensemble, il réunit les différentes impressions de ses prédécesseurs en y ajoutant une dose de bizarrerie curieusement inquiétante et surtout insaisissable, c’est une ambiance étrange, constellée de surprises musicales que le compositeur arrange avec brio. Le final commence avec une courte citation de la mélodie fil-rouge avant de s’élancer dans une sonorité volontaire soufflant le chaud et le froid, il agit comme un catalyseur d’énergies antagonistes et permet de relier toutes les parties du morceau en imprimant malgré cela sa propre originalité. Le cycle se termine avec le retour éclatant du fameux thème, plus vigoureux encore, plus intense, tel un torrent fantastique qui enchante une dernière fois l’auditeur avant de disparaître tout empanaché de gloire.

A très vite mes chers lecteurs 🙂

Présentation d’une nouvelle rubrique : heavy metal & hard rock.

 

Heavy Metal.

Deux mots qui résonnent bien souvent dans l’esprit des gens comme « bruit », « cris », « violence » et tant d’autres termes peu élogieux. Car le metal fait partie de ces styles musicaux que goûte peu le grand public, et qui donne l’impression d’être réservé à des chevelus en t-shirt noir, un peu comme la musique classique ne devrait être écoutée que par les classes sociales les plus aisées et les plus cultivées.

Ronnie-James-Dio LIVE

Ronnie James Dio  (1942-2010), chanteur d’origine de Rainbow, passé par Black Sabbath, et instigateur du fameux geste des “cornes” passé dans l’imagerie populaire.

 

De même, le heavy metal (ou simplement metal, ou hard rock, à votre guise) a conservé une image de musique « vieillote », image due au fait que les plus gros groupes actuels (Iron Maiden, Judas Priest, AC/DC, Deep Purple, Aerosmith, …) ont connu leurs heures de gloire dans les années 80, vendant alors des millions de disques et enchaînant les récompenses.

Une image véhiculée également par le creux médiatique, commercial et (plus subjectivement) qualitatif connu par le style durant les années 90 et une petite partie des années 2000, qui ont vu l’avènement de la musique grunge (Nirvana & co ), néo-metal (style mélangeant sonorités metal et éléments plus modernes comme le rap), puis plus tard l’ère MTV, où R&B et autres joyeusetés feront la loi.

Cela, ajouté à la période de quasi-sommeil (ou de médiocrité) des « grosses cylindrées » du metal que sont Metallica, Iron Maiden ou Judas Priest a contribué à mettre le style heavy metal au placard de la hype, le metalleux au ban de la société mondaine, la veste en cuir à l’étage « vintage ».

 Et pourtant, et pourtant. Voilà plusieurs années que les choses commencent à changer.

 Que ce soit par un retour au premier plan des anciens (les excellents albums et les prestations scéniques grandioses d’Iron Maiden, Metallica qui remplit le Stade de France), une nouvelle génération de grande qualité ( le rouleau-compresseur Machine Head, les énormes Volbeat, les Français de Gojira, le metal progressif alambiqué d’Opeth, …) et une série d’albums de divers styles pouvant être qualifiés de chefs d’oeuvre, ce qui n’était plus arrivé depuis bien longtemps, le heavy metal reconquiert petit-à-petit ses lettres de noblesse…

Metallica au Stade de France- Le 12 mai dernier

Metallica au Stade de France, le 12 mai dernier.

Je serai, via cette rubrique, votre guide à travers ce style incroyablement varié qu’est le metal. Un monde qui pourrait bien vous surprendre par les innombrables formes qu’il peut présenter, de la violence la plus primale – et qui n’est, pour ma part, pas forcément celle recherchée, loin de là – à la mélodie la plus mélancolique, la plus subtile, et souvent même la plus éloignée possible de l’image que le grand public se fait en pensant « metal ».

Pour peu que l’on accepte de tendre l’oreille, qu’on mette de côté les clichés, le metal a toujours quelque chose à vous offrir ; et même si, après essai, vous adhérez ne serait-ce qu’à 5% de ce qui se présente à vous, alors ma tâche sera accomplie.

Un premier lien offert à vos oreilles, sans lien avec l’article pour cette fois et qui est un de mes coups de cœurs du moment…