Ere post Tatcher: “There is no such thing as society”. La vieille sorcière n’a pas raté son coup. Aujourd’hui les mots d’ordre défilent dans ce sens. Matraquage idéologique: austérité, coupe budgétaire, misère, chômage, répression sourde, baisse des allocations, hausse des frais d’éducations. Les sans voie partout. Les sans voix nulle part. Invisibles parce qu’invibilisés. Musique de masse, divertissement prêt à consommer. La crise. Avenir… Avenir? Iggy pop fait de la pub pour Vodafone et soudain dans cette atmosphère dystopique Sleaford Mods déboule. Ca sent la bière plate, la pisse à l’odeur de bacon, la crasse. Des Clash d’émeutes urbaines, un cri de rage contre tout l’establishment. Un son du “ici et maintenant tout de suite”. Le gotha musical “so 2015” peut aller se faire foutre.
Le nerveux duo de Nottingham, Jason Williamson et Andrew Fearn nous font cette chronique d’un combat ordinaire passé à attendre sur des parkings à siroter des pintes avant un énième rendez vous pour une recherche d’emploi. Les rues sont recouvertes de bile.
Style post-punk, son minimal, boucle de beat, ligne de riff binaire énervé, paroles de dégoût et de révolte violemment vociférées. Protest-song du millénaire. Protest song obligé des oubliés quotidiens du capitalisme. The Street en moins Hip-Hop, Ian Dury qui frappe encore plus fort avec son “rythm stick”, The Fall revisité dans une chambre exigüe de logement social bordé de décharges municipales. Ici et maintenant, on vous dit.
Tout commence en 2006 à, ironie du sort, Nottingham, connue pour sa légende de Robin des bois. Sleaford Mods c’est d’abord Jason Williamson qui part pour Londres jusqu’en 2009. Deux productions pendant cette période: Sleaford Mods (2007) et The Mekon (2007). En 2009, retour à Nottingham, époque à laquelle il rencontre celui avec qui il fondera le duo actuel, Andrew Fearn. Rencontre qui ne produira ses effets qu’à partir du cinquième album Wank (2012), deux autres étant paru depuis The Originator (2009) et S.P.E.C.T.R.E (2011).
Grâce à cette collaboration tant scénique qu’en studio, Jason Williamson pourra enfin endosser son rôle de parolier à plein temps pendant que Fearn se concentrera sur la construction des boucles agressives qui font la marque du groupe.
C’est sur scène et plus particulièrement après un festival au Rammel Club, pilier de la musique underground, que le groupe se fait remarquer. Très vite s’en suivra l’album clef Austerity Dog (2013) sur le label Harbinger Sound. Les 300 copies vites écoulées obligeront à plusieurs ré-impressions en parallèle d’une tournée européenne hissant Sleaford Mods au devant d’une scène sombre mais écoutée par The Wire et Uncut, deux magazines musicaux incontournables pour le son ” Made in Uk“. En 2014 sort le dernier album Divide and Exit suivi de l’EP Tiswas.
Un groupe qui est et sera incontournable au sein de la culture non mainstream actuelle à ne surtout pas manquer le 23 avril au Beursschwouburg à Bruxelles.