J’ai rencontré Ben and The Saints après leur concert aux Nocturnes de l’ULB. Ce jeune groupe sympatique répondait à mes questions entre part de pizzas dégelées et gobelets de bière tiède.
Ben le chanteur doux mélancolique, comme un surfeur qui devrait se contenter du canal de Willebroek et ses “Saints”: Thomas le bassiste taciturne, Romain, le batteur-pile électrique et Gaspard le clavieriste, grand blond escogriffe aux allures de gendre idéal.
Comment se passe la création d’une chanson de BATS?
Benjamin: D’habitude je commence par chercher une sorte de base dans mon garage – quel cliché, le garage! -ensuite, je montre aux autres ce à quoi je suis arrivé. A partir de là, soit on étoffe le morceau ensemble, soit on en change carrément la structure. Ce n’est qu’après avoir trouvé l’air qu’on se met à l’écriture.
Pour vous mettre d’accord sur un morceau ça se passe plutôt smooth ou ça s’engueule?
Benjamin: Depuis que Thomas est là, on discute beaucoup plus, ce qui est très bien…
Romain (l’interompant): A la base, t’avais Adri qui jouait un peu le rôle du clavier et de la basse en même temps. Du coup il n’y avait pas de réel duo basse-batterie. Maintenant que les deux nouveaux sont là, (NDLR: Thomas et Gaspard) on essaye de mettre tout ça en place de manière plus stable et élaborée. Du coup, après que Ben nous ait amené sa matière première on arrive relativement à broder dessus dans une certaine harmonie et sans se taper sur la gueule.
Quelle est l’importance de l’écriture de vos chansons?
Benjamin: Pour répondre honnêtement, l’air compte plus que ce qui est dit. J’essaye de pas écrire de la merde mais bon… Disons que ça a un sens pour moi, mais pour les gens qui écoutent? Ca j’en suis pas sur… Ils ont pas les clés quoi! (rires)
Cela dit, les paroles sont souvent en adéquation avec la musique. C’est à dire que si la musique est un peu triste les paroles ne seront pas super joyeuses non plus.
Vous avez sorti un EP récemment. Qu’écoutiez vous pendant sa préparation ?
Benjamin: J’écoutais The Growlers et je commençais à écouter Tame Impala. Ca s’entendait moins au début que maintenant mais j’ai commencé à puiser certains effets dans leur musique…
Romain: Moi j’ai toujours été branché par des groupes comme The Hives, et par une partie du rock anglais qui tabasse un peu plus… Pour essayer de sortir un peu Ben de sa dépression (rires).
Justement. Quel a été votre premier contact avec la musique?
Thomas: J’ai commencé assez vite sur du gros AC/DC et puis j’ai eu une relation très intense avec Nirvana pendant un bon bout de temps.
Romain: Moi c’était du métal pur et dur. On parle de Slipknot, Korn, Cradle Of Filth, Slayers… C’est plus tard que je me suis tourné vers les classiques: Black Sabbath, Led Zep. Plus tard je suis tombé dans des trucs plus contemporains comme Arctic Monkeys, etc.
Gaspard: Moi je m’y suis mis sur le tard, donc ça a été tout de suite The Strokes, Arctic Monkeys et ce genre de trucs là.
Romain: T’as commencé par ça?!
Gaspard: Ben ouais je m’y suis mis tard. Et après j’ai découvert le rock classique des années 60…
Romain: Ben mon vieux…
Benjamin (rêveur): Et moi ça a été Nirvana dès le début. C’est d’ailleurs là que j’ai rencontré Thomas. On se tapait dans une chambre et on jouait ça ensemble.
Romain (l’interrompant comme un enfant hyperkinétique) : Ho! J’ai oublié de citer Rage Agains The Machine! Rage Against The Machine!!!!
Benjamin (ignorant Romain): Et puis ce qui m’a fait sortir de Nirvana c’était les Libertines et enfin j’ai embrayé sur les Strokes et cie…
Tu en parles comme d’une drogue; “ce qui m’a fait sortir de Nirvana”…
Benjamin: (rire) Ouais mais comme un con à l’époque j’écoutais rien d’autre en me disant que le reste c’était de la merde alors que c’est pas vrai…
Votre musique a un côté légèrement mélancolique…
Benjamin: Je pense que ça s’explique par le fait que quand tu commences à composer chez toi sans équipement, sur une guitare sèche, c’est dur de sortir directement un Black Lips. Tu pars plus facilement sur quelque chose un petit peu plus doux…
Romain: Mais… Est ce une vraie réponse?
(rire)
Intervient l’ami Géorgien: Les gens malheureux écrivent de la musique joyeuse, les gens heureux écrivent de la musique triste.
(silence puis tous éclatent de rire).
D’accord… Next question: Qu’est ce que la scène apporte à votre musique?
Romain: Ca ne joue pas sur les compos en tant que tel. On cherche plus à capter la réaction du public. On essaye de voir quel morceau marche mieux, quel solo emmerde les gens, etc. Il faut savoir qu’on est dans une phase d’expérimentation, ce qui peut se ressentir sur scène mais qui est le symptome d’une créativité frivole et débordante (rire). Plus sérieusement, notre objectif est d’apporter un maximum de nouveaux morceaux qu’on perfectionnera avec le temps.
Thomas: Si on arrive à faire sur scène ce qu’on fait en répèt’ on est déjà vachement content.
Benjamin: Et après viendront les solos endiablés et autres crowd surfings!
Pourquoi chanter en anglais?
Benjamin: Je pense que c’est surtout une question d’influences. Comme on l’a dit plus tôt, on a tous été marqués par de la musique plutôt anglo-saxonne, donc le choix de l’anglais est venu assez naturellement pour nous.
Thomas: Et pour pas que trop de gens comprenne ce que tu dis… De cette manière on juge moins frontalement la composition et ça permet de se focaliser plus sur la mélodie.
Quels seraient les meilleurs moments de votre jeune carrière?
Romain: Comment ça jeune carrière? Tu nous dénigre?! Moi et ma famille! (rires)
Benjamin: En tout cas moi c’était d’office à partir du moment ou Rom est arrivé…
Romain: Ho bisouuuuus!
Benjamin: Non mais restons virils, je dirais probablment notre dernière date à l’Atelier 210 le mois dernier avant le concert de Woods (NDLR: BATS avait été choisi par les New Yorkais de Woods parmi cinq autres groupes Bruxellois pour assurer leur première partie).
Si vous pouviez faire un featuring avec un groupe de votre choix?
Benjamin: Difficile, peut être The Growlers parce qu’ils n’ont pas l’air trop inaccessibles vu qu’ils ne sont pas encore très connus. Sinon The Dodos, j’adore ce groupe…
Gaspard: Les Doors!!!
Romain: Ca risque d’être plus difficile ça…
Vous semblez donner beaucoup d’importance à vos clips. Avez vous déjà pensé à faire de la musique de film?
Benjamin: Si! Ce serait bien ça! Mais pour moi il faudrait pas de paroles. Comme ça on peut plus se focuser sur la mélodie. Ca se dit focuser?
Romain: Non
Thomas: Non
Gaspard: Non
Romain: Ce serait génial mais il faudrait partir dans des compos beaucoup plus longues et “atmosphériques” et on en est pas encore à ce stade donc il faudrait voir ce que l’avenir prévoit pour nous.
Quels sont vos futurs projets?
Benjamin: Surement travailler sur un nouvel EP. Sinon, on attend qu’il fasse vraiment mauvais pour sortir notre prochain clip qui est très ensoleillé. Ce sera un clip très sfun! C’est un mélange de sun et de fun. C’est moi qui ai trouvé ce mot…
Romain: Si vous aimez les plages, les femmes en Bikinis et les barbus; allez voir Ben & The Saints. Ca va être terrible!
