On a refait le monde avec Soul’Art.
21 Oct 2015

On a refait le monde avec Soul’Art.

On les a découverts il y a

21 Oct 2015

On les a découverts il y a un an avec le clip de Love & Politics, il y a un mois le groupe sortait son premier projet : une tape intitulée Soul Park.

Aux origines on les appelait “les soulards”,  en référence à leur appétit pour les breuvages alcoolisés. Ils sont devenus Soul’Art : un mélange de mauvaises habitudes pour le foie et d’un goût particulier pour un art sorti tout droit de leur âme. Dans le paysage musical belge on compte peu, voir aucun groupe, qui s’aventure vers le bilinguisme. Soul’Art va plus loin: il joue le jeu du trilinguisme (anglais/français/néerlandais). Le mélange est osé et le résultat est à la hauteur du pari. 

Il n’en fallait pas plus pour qu’on aille à la rencontre du crew. Ils ont des idées, du talent et visiblement pas leur langue dans leur poche quand on leur demande ce qu’ils pensent des “politics”. Pour télécharger l’album, cliquez sur la photo ci-dessous.

soul park

Jazzy Bench, Malines – M13, Bruxelles – Martha, Malines – Sparrow, Vilvoorde – Zed, Malines

BC : Comment vous sentez-vous après la sortie de votre premier projet ?

Zed : We’re hyped about it, it’s lit.

(On en est fiers, c’est fou)

BC : Parlez nous de la difficulté de faire des choix concernant la ligne directrice de l’album, les instrus, les thèmes ?

Jazzy’Bench : Concernant la direction artistique on a eu de la chance, on était tous d’accord.

Zed : On Soul Park a couple are originals and others are not.

(sur Soul Park certaines sont originales et d’autres sont des faces b)

(ndlr: Soul’Art: On The Loud J Cole – ’03 Adolescence
Soul’Art: Histoire du ghetto – Kev Brown – Look
Soul’Art: When We Used To Dream – Joey Badass – Christ Conscious)

M13 : Il nous arrivait de demander à certaines personnes pour qu’ils nous balancent des instrus, on a eu droit à autant de “oui” que de “non”, parfois même des “oui-sans suite”.

Zed : And now the tape is out, they’re sending beats.

(et maintenant que la tape est sortie, ils envoie des instrus)

BC : Vous co-produisez les tracks ou vous travaillez chacun vos prods de votre côté ?

Zed : It depends. (ça dépend)

M13 : Parfois quand je ne suis pas en studio, l’un ou l’autre poursuit ce que j’ai commencé.

BC : D’où venait la motivation pour aller enregistrer ?

M13 : depuis que je suis gosse j’ai toujours voulu faire ça. C’était comme un rêve.

Jazzy’Bench : A Malines, il n’y a pas grand chose à faire. On allait à la maison des jeunes (où il y a un studio d’enregistrement) ou alors on sortait avec des potes.

Zed : It just fell, everything fell in place ! None of us started to make a puzzle but coincidencely we were the pieces. Because I happen to be a producer and he happens to be a producer…

(Tout s’est mis en place! Aucun de nous a commencé à faire un puzzle mais par coïncidence il se trouvait qu’on était les pièces de celui-ci. Parce qu’il est producteur et que je suis producteur…)

*Martha (rôle principal du film Black) entre dans la pièce*

BC : Comment as-tu rejoint le groupe ?

Martha : Je connaissais Benjamin depuis longtemps. J’ai commencé à traîner au studio avec eux. Ils avaient presque tout enregistré, sauf le refrain. C’est là qu’ils m’ont demandé si j’avais une idée. J’avais jamais chanté… J’avais la pression et je tremblais. C’était la première fois pour moi, malgré l’improvisation, tout s’est fait au feeling.

BC : Personne ne savait que tu chantais ?

Jazzy’Bench : Je savais qu’elle faisait du slam avec sa pote, mais non, on ne savait pas qu’elle pouvait chanter.

Zed : Nobody knew what the fuck would happen, because now she’s bold and stuff but back then she was like “ik zal probeeren”  (il imite Martha avec une petite voix de troll, rires)

(Personne ne savait ce qui pouvait se putain de passer, parce que maintenant elle est pleine d’assurance mais par avant elle était genre “je vais essayer”)

BC : As-tu suivi des cours de chant ? 

Martha : Non pas du tout (rires). Tout s’est fait au feeling… Mais je crois que c’est ça Soul’Art, on fait ce qu’on ressent au jour le jour.

Sparrow : Même Trésor (ndlr, M13) ce gars, c’est un Damso.

Zed : This guy, man you have no idea… On my laptop i have like 50 songs and on his own he has like five albums material. But the shit is unclassified and lost in his hard drive.

(Ce mec, t’as pas idée. Sur mon ordinateur j’ai genre 50 de ses sons et de son coté il a probablement la matière pour sortir 5 albums. Mais les tracks sont pas classées et perdues dans son disque dur.)

BC : Pour le film Black, comment la connexion s’est faite ? 

Martha :  Comme Soul’Art, encore au feeling (rires). En décembre 2013, j’ai lu le livre.  En janvier, j’ai vu qu’ils avaient posté une annonce sur Facebook pour faire un casting, ils avaient pour projet d’en faire un film. Je les ai joints par e-mail et ce à plus de trois reprises. Aucune réponse. Je le sentais tellement que j’ai cherché un numéro de téléphone pour demander de vive voix si je pouvais participer au casting. Et ça s’est fait. C’était une très belle expérience (étoiles dans les yeux).

BC : Le groupe apparaît-il dans le film ?

Ouais, on dégomme vite fait un roloto (rires). Il y a même certains de nos sons qui passent.

Quand je suis à Mechelen, j’ai souvent des conneries du genre “arrête de parler anglais”

BC : On peut dire que la force du groupe se situe dans votre trilinguisme, celle-ci apporte de belles perspectives pour la Belgique.

Sparrow : En Belgique, il n’y a pas d’industrie, pas de maison de disque au taquet, ni de chaines télé qui suivent derrière pour renforcer le mouvement.

Zed : The thing that shocks me the most is the fact that when they create a show like “The Voice”: they go for a name like “the voice van VLAANDEREN”. Like for real !? It could really be one. In any other country it’s just “The voice”.

(Le truc qui me choque le plus c’est que quand ils créent une émission genre “The Voice”, ils vont créer “The Voice VLAANDEREN”, genre pour de vrai ? Ça pourrait vraiment n’être qu’un seul show. Dans tous les autres pays c’est juste “The Voice”)

Sparrow : Parmi les projets que j’aimerais concrétiser, il y a une série qui serait en néerlandais/français. Le cadre du scénario serait basé sur les relations entre une école néerlandophone et francophone situées à Bruxelles.

Zed : I love Vilvoorde, because first of all, Vilvoorde is the place that always shows me love. Second it’s because Vilvoorde is the first place I went to, and I saw everybody like flexing with languages. When I’m in Mechelen I get a lot of bullshit like “stop speaking english” and when I’m in Antwerp I get that sometimes too. But the moment I touchdown in Vilvoorde I hear people speaking french, dutch and english in the same sentence. It’s crazy and fascinating at the same time.

(J’aime Vilvoorde, parce que tout d’abord cette ville me montre de l’amour. Ensuite Vilvoorde est la première ville où je suis allé (en Belgique) et où tout le monde jongle avec les langues. Quand je suis à Mechelen, j’ai souvent des conneries du genre “arrête de parler anglais” ce qui m’arrive aussi parfois à Anvers. Mais le moment où j’arrive à Vilvoorde, j’entends des gens parler anglais, français et néerlandais en une seule phrase. C’est à la fois fou et fascinant.)

BC : La Belgique devrait casser les barrières (linguistiques/culturelles) qu’elle a construites.

Jazzy’Bench : Il y a des habitudes et des personnalités qui sont propres à certaines zones. On devrait pour autant apprendre à s’unir malgré les différences et ce grâce à nos styles qui sont variés. La Belgique est déjà trop petite que pour vouloir la diviser.

Sparrow : Comme les hollandais ont fait la mixtape New Wave (Top Notch NL) on devrait aussi faire notre grosse mixtape belge en collaboration avec toutes les personnes qui ont quelque chose de lourd à amener. Krisy’b c’est le gars qui pourrait réaliser un projet comme ça.

BC : En parlant de Krisy’B, vous avez des contacts avec lui ? 

Sparrow : Ouais, j’ai commencé avec lui. J’espère qu’il lira ça, je pense que c’est le gars parfait pour réaliser un projet comme ça.

Zed : He’s so dope, from a producer’s point of view […]

(Il est top, d’un point de vue de producteur…)

BC: Ce sample sur sa track Meredith était balèze, on aurait vraiment besoin du gars. 

BC : Il y a beaucoup de diviseurs en Belgique et en Europe surtout avec la montée des clivages d’extrême droite. Récemment, Nadine Morano a déclaré: “La France est un pays de race blanche et de confession judéo-chrétienne”. Qu’est-ce que ça vous évoque ?

Sparrow : C’est vraiment typique de la génération avant nous, ces gens-là et leur manière de penser… ils sont juste fatigués et ils sont voués à disparaître.

Zed :  Nowadays people have the luxury to talk shit as much as they want, and even more on the internet. Take the Charlie Hebdo stuff; they say shit that is next level but they’re defended by “the freedom of speech” now because now that they’re allowed to do it so everybody does it.

(De nos jours les gens ont le loisir de dire autant de conneries qu’ils le veulent et encore plus sur internet. Prenez le cas Charlie Hebdo, ils disent des conneries qui sont d’un niveau supérieur mais ils sont défendus par la “liberté d’expression”. Maintenant qu’ils disent ce qu’ils veulent, tout le monde s’en donne à cœur joie.)

Sparrow : Il y a un discours à deux vitesses qui existe aussi… Quand les gens disent de la merde à propos de l’islam, ça laisse ouvertement descendre une communauté et ses convictions. Par contre dans le cas où on parle de la communauté juive et de l’holocauste, les gens sont mal à l’aise et vont intervenir pour empêcher que des choses dérangeantes soient dites.

Zed : Did u read the newspapers a couple of weeks ago?  I was attending a conference where a moroccan man named Mohamed Ouaamari said before the event “as a muslim bearded moroccan I’m gonna do some fucked up shit on internet and they gonna come and arrest me”. He tweeted some shit and that’s exactly what happened! It’s funny because the only thing he did is chit-chatting on the internet!

(Est-ce que tu as lu les journaux il y a quelques semaines ? Je participais à une conférence où un marocain dénommé Mohamed Ouaamari a déclaré sur le net avant cette conférence qu’il ferait un truc stupide en tant que barbu marocain musulman et qu’il se ferait arrêter. Il a tweeté quelque chose de stupide et c’est exactement ce qui s’est passé. C’est fou parce que tout ce qu’il a fait c’est brasser du vent sur twitter.)

BC : La crise des migrants et la guerre en Syrie, ça vous inspire quoi ?

Jazzy’Bench : Les gens voient ce qu’il se passe, mais de loin. Et c’est quand ça se rapproche de chez eux qu’il y a un reality check, là, la peur arrive. Il faut bien garder à l’esprit que ce qui se passe en Syrie, ou bien même ailleurs, ça pourrait très bien se passer ici. Les gars, n’oubliez jamais que quand la guerre est arrivée, dans les années 40, tout le monde a tenté de fuir vers les pays alliés.

Sparrow : C’est très grave ce qui se passe avec l’état islamique. J’habite Vilvoorde et il y a plus de 200 jeunes qui ont disparus de mon quartier. Auparavant on se posait, on se fumait un bédo tranquille, la rigolade en boite et tout ce qui s’en suit… Jusqu’au moment où on s’est rendu compte qu’ils étaient partis faire la guerre en Syrie. C’est carrément tragique, ça me fait péter un câble.

Zed : The worst part is like regardless how it’s sketched if u dig deep enough it’s always economical it’s always about the money. So as he said, there are people who think they are fighting for religious beliefs, but someone’s is making mad money out of it.

(Le pire c’est que peu importe comment tu vois le truc, si tu creuses suffisamment, tu te rends compte que c’est uniquement économique. Donc il y a des gens qui veulent se battre pour des idéaux, mais derrière il y a des manipulateurs qui vont s’en servir pour se faire un argent fou.)

Sparrow : On a donné au papier la valeur de l’or. Si ceux qui étaient au pouvoir ne voulaient pas de cette crise, ils auraient fait en sorte depuis longtemps de l’éviter en mettant certains moyens en oeuvre. Il y a assez d’argent pour tout le monde.

BC : Les lives et l’argent, c’est toujours bon… mais qu’est-ce qui vous plait le plus ?

Jazzy’Bench : On a jamais commencé la musique pour se faire de l’argent. Personnellement, ce que j’aime le plus, c’est ce moment singulier où on monte sur scène et où on s’unit à notre public.

Zed : Our last perfomance was crazy. I think it was the first time we were in that state of mind (we drank before).

(Le dernier show qu’on a fait, c’était fou, je crois que c’était la première fois qu’on était dans cet état d’esprit (on avait bu avant, rires).)

BC : Sinon, Soul’Art dans 5 ans ?

Sparrow: dans 5 ans? Une tournée européenne peut-être? (rires)

Zed : A lot of money (rires)

(beaucoup d’argent)

Soul’Art est en première partie de Badi à la Rotonde du Botanique, participez au concours pour gagner 2×2 places.

 

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