“Juifs – Arabes, ensemble” comme dirait Katerine. Le Juif c’est Saul Adamczewski et l’Arabe ; Lias Saudi. Les deux têtes “pensantes” du groupe ultra-enthousiasmant Fat White Family jouaient avec leur groupuscule de rock teigneux ce vendredi 13 février, veille de la Saint Valentin, au Botanique. L’ambiance était électrique.
Après deux premières parties (DJ Ononiionionniion et The Voyeurs) les racailles du rock britannique ont ouvert le feu en entonnant, tel un choeur de bagnards toxicomanes, leur traditionnel Auto Neutron. De quoi directement plonger le public dans le bain d’acide punkard. Le chant lascif qui émane des dents pourries du crooner éthylique a fait mouche. La mayonnaise aux pickles a pris et c’est dans les pogos et la bière renversée que s’est déroulé le récital.
Peu de contacts avec le public entre les chansons. Les FWF ne sont pas là pour déconner. Ils semblent aussi hypnotisés que nous par leur propre musique. Saudi surtout, fils naturel d’Iggy Pop et de Lux Interior, (si on pouvait accoucher d’un enfant par le cul), le chanteur rebeu déambule en pantin dégingandé, se trémoussant sur scène comme une pute sous speed et beugle en harmonie des bleuettes telles que Is It Raining In Your Mouth , Touch The Leather ou Special Ape.
On ne va évidemment pas voir ce groupe pour leur virtuosité musicale. On y va pour s’encanailler. Pour prendre un shoot de démesure bad taste en plein dans le crâne. C’est un live à apprécier en touchant la chair collante d’alcool de votre cousine à l’arrière d’une salle de pub fétide. Remarque, avec des potes au bota ça peut le faire aussi.
On peut juger de la réussite d’un concert de ce genre quand on voit le public griller des clopes aux quatre coins de la salle et ouvrir des bouteilles entrées en douce. Comme si les tribuns du diable qui officient derrière les micros insufflaient, l’espace d’un instant, une petite flammèche de rébellion dans le cœur des aficionados du rock ‘n’ roll.
Le concert s’achève en explosion bruitiste, comme si tous les amplis explosaient, usés par la disto stridente des guitares raclées. Pour le public c’est une douleur masochiste qui se propage dans le corps et les tympans. Le morceau qui clôt les festivité s’appelle Bomb Disneyland; véritable programme pour ces rockeurs prolos anarchistes qui veulent donner tous leurs bénefs au parti révolutionnaire des travailleurs.
Si je me marie un jour je veux que ce soit eux qui pissent dans le gâteau. Enfin un concert qui met la rage au cœur. Le rock n’est pas mort. Vive le rock!
Setlist :
– Auto Neutron
– Is It Raining In Your Mouth
– I Am Mark E. Smith
– Heaven On Earth
– Cream Of The Youth
– Wild American Prairie
– Special Ape
– Wet Hot Beef
– Garden Of The Numb
– Touch The Leather
– Bomb Disneyland