A l’occasion de la sortie de leur nouvel album Paradise, Komlan, le charismatique frontman de Dub Inc, a accepté de répondre à nos questions !
Mais avant cela, pour se mettre dans le bain directement, voici en live session la chanson qui donne son nom à ce cinquième album auto-produit : Paradise.
Avec « Paradise » vous nous offrez un son plein de nouveautés mais qui garde la même énergie que les premiers albums. Selon toi, en musique, quel est le secret pour garder la pureté des premières années ?
Je pense que c’est avant tout l’équipe, le plaisir que l’on prend à jouer ensemble. On est des amis avant d’être des associés, c’est ça le plus important. On garde aussi le même esprit qu’au début ! On est tous de grands mélomanes, on s’est rencontré autour du Reggae, du Sound System, etc… et on lâche pas le truc ! On continue de s’intéresser aux nouveautés, on écoute un peu tout ce qui sort, en festival on aime toujours autant aller découvrir de nouveaux groupes, etc… C’est ça le principal : être passionnés et entre amis, c’est ça qui nous fait garder la pêche !
Tout en gardant le style Dub/Reggae qui vous est propre, on a droit sur cet album à ce qu’on pourrait penser être de nouvelles expériences de composition (je pense par exemple à « Hurricane » où la guitare électrique prend une présence toute particulière, amène une touche Rock). Pourrais-tu me parler de ce qui importe le plus lorsque vous travaillez sur une nouvelle chanson/un nouvel album en sachant qu’il est attendu par des milliers de fans, parfois très pointilleux ?
Ici, c’est notre cinquième disque et on a pas non plus envie de tourner en rond. Et puis on écoute plein de choses différentes, on a plein d’influences différentes et ça je pense que ça s’entend déjà depuis notre premier disque. On a toujours essayé d’apporter des touches un peu Rock, un peu Hip-Hop voire même un peu Electro et c’est vrai que quand on prépare un nouvel album on aime bien se lancer quelques défis, comme par exemple avec les morceaux « Hurricane » et « Il faut qu’on ose » qui comportent une partie accordéon. Il faut savoir que Fred, notre claviériste, est avant tout un spécialiste de l’accordéon, et du coup ça fait cinq album où on se dit « tiens, ce serait bien d’ajouter quelques notes d’accordéon! » mais bon, l’incorporer à notre son avec le niveau qu’on avait avant, c’était peut-être un trop grand défi. Et cette fois-ci on y est finalement arrivé ! On avait vraiment envie d’apporter des choses nouvelles. Quand tu parles de « Hurricane », c’est un morceau à la fois Rock, Hip-Hop, avec un petit passage Dubstep, et c’est ça qui nous plaît. C’est vrai que ces expériences peuvent nous mettre en danger mais ça permet avant tout d’avoir un son rafraîchissant.
Ensuite, par rapport au public, il fait ce qu’il veut de nos chansons. Ça nous fait énormément plaisir de savoir qu’elles sont appréciées, mais ce qui compte avant tout pour nous c’est de s’amuser et d’évoluer ensemble musicalement.
Après presque 15 ans d’activité, 5 albums (dont 2 élus « Meilleur album de Reggae Français »), et même un film (« Rude Boy Story »), votre relation avec le public a-t-elle changé ?
Je pense que par rapport au film en effet il y a quelque chose qui s’est passé. Peut-être pas au niveau de notre fan-base, si ce n’est qu’il a peut-être confirmé l’intimité qu’on avait avec celle-ci étant donné que le film est à l’image de notre fonctionnement avec le public, de notre fonctionnement sur scène. En fait, « Rude Boy Story » a prouvé qu’on était sincère dans notre démarche. Quand on dit qu’on travaille avec le cœur, on n’invente rien, on est vraiment contents d’être là et de faire ce qu’on fait.
Le film a aussi permis, je pense, à d’autres gens, peut-être moins intéressés par notre musique en elle-même, de s’intéresser à nous à cause de notre démarche. Je pense surtout à des gens du mouvement punk, du « Do it yourself » etc… qui auraient pu être touchés par notre façon de se mettre vraiment au niveau de notre public afin garder une bonne relation avec lui.
Vous avez donc acquis aujourd’hui une notoriété que vous êtes allé cherché tout seul. On le voit ainsi dans votre parcours comme on peut le comprendre dans vos textes : atteindre son objectif n’est qu’une question de volonté. C’est ça le conseil que vous donneriez aux jeunes qui veulent se démarquer ?
Tout à fait, il n’est que question d’y croire ! On est dans une époque où on nous parle sans cesse de crise, mais avant d’être économique, je pense que les gens manquent surtout d’espoir. La jeunesse maintenant a du mal à croire en l’avenir à cause de promesses qui ne sont pas tenues. Le monde dans lequel on vit n’est pas celui qui était prévu et de mon point de vue, la crise vient de là. C’est aussi de ça que parle le morceau « Il faut qu’on ose » : même si les temps sont durs, il ne faut jamais cesser de croire en soi, il faut toujours vouloir aller de l’avant. Je sais que ça fait un peu cliché mais je pense vraiment c’est ça la solution pour tenir le coup : c’est croire en ses rêves. Au niveau de nos objectifs, c’est vrai qu’on a réussi à en atteindre pas mal, et tout ça s’est fait à la force du poignet mais surtout parce qu’on à jamais douté de nous-même. Si on arrive avec nos disques à transmettre ce message aux jeunes (et même aux plus vieux, parce qu’on est tous dans la même situation) c’est déjà énorme !
Au début de la chanson « Paradise » vous vous adressez à tout un chacun, mais à la fin vous chantez « Ton univers n’a rien de bon / n’inverse pas les rôles / Ton paradis est nauséabond / N’est qu’un enfer, une illusion. ». A qui sont adressées ses paroles ? Font-elles directement références aux crises économiques et sociales dont tu viens de parler ?
Oui, on parle surtout de toutes ces choses qui nous enferment humainement : l’argent, les crédits, etc… C’est ça ce faux Paradis en plastique qu’on veut nous vendre à travers la télé et les publicités. On nous fait croire que quand ça va pas, tu peux t’échapper, en quelques sortes, grâce à un bonheur matériel, alors que tout cela est évidemment faux ! C’est ça qu’on veut dire dans ces paroles là : ce Paradis-là n’est bien souvent qu’une source de désillusion.
Dans le paysage Reggae d’aujourd’hui, selon toi, quels groupes se démarquent des autres de par une bonne harmonie entre les textes et la musique ?
Sur la scène Française, on peut déjà parler de Danakil, qui ont de très bons textes avec de belles productions derrière. Le succès qu’ils ont est absolument mérité. Il y a aussi Broussaï que se démarque pas mal dans le paysage Français avec leur approche un peu différente du Reggae.
Sinon au niveau mondial, on est tous un peu fan de Damian Marley ! Je pense qu’il a des morceaux qui ont vraiment renouvelé le genre. Et ensuite il y a toute la jeune école Jamaïcaine avec par exemple Kabaka Pyramid, Chronixx, etc… qu’on aime bien suivre aussi. Ils amènent quelque chose de plus frais dans le Reggae en revenant un peu vers le roots.
Pour la tournée qui suivra l’album « Paradise », y a-t-il des salles où des pays dans lesquels vous aimeriez fortement retourner ?
Et bien parlons déjà de chez vous ! On adore jouer en Belgique, on trouve que l’Ancienne Belgique est une salle magnifique ! On adore jouer partout, ça c’est sur, mais j’avoue qu’on s’entend assez bien avec les belges. Vous avez aussi de très bons festivals comme le Couleur Café, etc… On repart souvent de chez vous avec de bonnes vibes !
N’hésitez donc pas à vous jeter sur ce nouvel album de Dub Inc qui en vaut vraiment la peine !
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