Amis du soir bonsoir !
L’article d’aujourd’hui est un peu spécial puisque je vous écris de Montréal. En effet, nous vous emmenons au Québec histoire d’aller prendre la température du côté de ces mélomanes francophones vivant à des milliers de kilomètres de chez nous !
Mais comment ? Tout a commencé par une idée , celle de dépasser le stade de l’article et d’aller voir comment d’autres de nos congénères vivaient la musique ! Cela tombait bien, Le LOJIQ et le CFWB, des organismes chargés d’encourager l’échange culturel entre le Québec et Bruxelles proposaient des subsides à toute équipe motivée et déterminée, tout coulait de source. Cet été nous allions donc découvrir comment des francophones de l’autre bout du monde ressentaient la musique !
L’équipe dépêchée sur place a fait l’objet d’une sélection aux critères draconiens dans le but de vous fournir un rendu a toute épreuve :
– Shungu ; Beatmakeur Bruxellois s’occupant de tout l’aspect son du projet.
– Constantin Didish ; Réalisateur de notre documentaire à l’expérience en béton
– Nikita et Colin ; 2 jeunes graffeurs prodiges assoiffés de découvertes et de toute opportunité de progresser
– JuDa ; guru instigateur du projet et de votre webzine préféré
– L.A ; notre responsable communication au tact indispensable étant donné l’absence de celui de notre boss 😀
– Kreshik ; reporter de BC vivant pour le hip hop , le jazz et l’amour.
Et enfin votre serviteur chargé du suivi rédactionnel
Mais sautons les différentes anecdotes administratives, les réunions, l’attente, l’excitation pour aller à l’essentiel, ce voyage ! Après une journée passés assis serrés dans divers moyen de transport, le gros de l’équipe pose donc le pied sur le sol Montréalais où jadis Jacques Cartier qualifiait une certaine montagne de Royale. Les warriors Shungu et Constantin, partis de bon matin étaient déjà sur place. Le boss, sur place depuis quelques jours ”préparait” notre arrivée. Que nous réservait donc cet étrange pays ?
Day 1 : Mardi 25 juin
La zone industrielle entourant l’aéroport disparaît petit a petit tandis que le soir tombe et que nous imposons notre musique au bus. L’excitation repousse peu à peu la fatigue et nous découvrons vite l’auberge de jeunesse où nous transiterons avant de rejoindre l’appartement que nous avions prévu de louer… Quelques blagues nulles à l’aubergiste qui nous accueille, une douche bien méritée et nous voilà partis pour rejoindre notre contact sur place. Une partie de l’équipe se rassemble, le musicien et le réalisateur arrivés trop tôt ont sombré et dormiront jusqu’au check-out.
Après une marche nous faisant comprendre que tout ici était plus grand et toute distance plus longue à parcourir (surtout sans voiture), mon coeur explose. Le gros lard que je suis se retrouve comme un enfant rentrant pour la première fois dans un magasin de jouets en découvrant les donuts de Tim Horton’s et le restaurant Blanche Neige ouvert 24/24, j’en tremble, à peine arrivé je savais déjà que ce voyage me comblerait …
Et je ne croyais pas si bien dire…
S’en suivit une petite ballade au pied de l’imposante tour des sciences de l’Université de Montréal et de sa vue. Un raton-laveur attiré par nos bleuets, baie typique du Canada, nous souhaita la bienvenue… Nous étions bel et bien loin de chez nous.
Day 2 : Mercredi 26 juin
Réveil rapide, le check-out effectué et la team rassemblée, une première réunion sur le documentaire s’improvise. Des mails doivent être envoyés aux contacts et la rencontre avec Nico Angelo, Dj belge parti s’installer à Montréal fort présent sur la scène soul/ Hip-hop, est conclu. Il nous faut maintenant attendre les clés de l’appart’ qui nous servira de QG. Le soleil brille, divers dessins se tracent et des mail s’envoient, l’énergie se disperse comme la team. Je pars avec les graffeurs chercher les vivre de bases en attendant que la proprio nous contacte. Notre motivation : les donuts. Les bords de route de Montréal regorgent de trésors… Comme si il
y’avait une véritable culture de la seconde main et que c’était normal que tout un chacun abandonne ses vieilles affaires sur le bord de la route. Nous trouvons d’ailleurs une charrette tombant à pic pour les courses , de vieilles cassettes que Colin customisera plus tard et quelques livres de science-fiction abandonnés dont je sauve une partie. Arrivés à la station Côte-des-neiges abritant divers flops et spots alléchants, les 2 artistes urbains en herbe laissent exploser leur motivation. La culture du graphe est bien présente, sinon en avance, et après un détour par le marché aux légumes qui ne ferme jamais nous rentrons, nos pas rythmés par le ” Today was a good day ” d’Ice Cube salué par quelques fellows posant calmemant au coin (“West Siiide” et les doigts qui vont avec ).
Nos smiles contrastent avec ceux du reste de la team nous ayant attendu trop longtemps à leur goût… Il est temps d’aller s’installer. Grosse claque. L’appart’ sur lequel nous n’osions fantasmer se révèle posé au point qu’ L.A et Juda logeant chez nos contacts se voient déjà dormir de temps en temps chez nous. 2 chambres pour 6 têtes, un salon se transformant vite en salle de travail où la motivation brûle… Rares sont les instants où personne ne travaille. De tout côté des dessins se tracent, des articles se pondent et les méninges tournent pour le docu. Après un bref stress provoqué par la venue de la proprio ( En surnombre dans un appart’ sous loué ), stress inutile étant donné la chill-attitude des Québécois (sa seule remarque : ” les machines à laver sont en bas ” ), certains vont faire les courses et d’autres installent les chambres. Lentement mais surement, l’oiseau fait son nid. Bien installés, les plantes de notre salle de travail nous apaisent et après quelques occupations chacun dans son coin les paupières se ferment. Une longue journée nous attend.
Day 3: Jeudi 27 juin
Colin n’a pas dormi et est parti bruncher de bon matin. Il ramènera quelques bières de microbrasserie qui ne valent pas les nôtres après s’être fait honteusement enfermés dehors étant donné le temps qu’il mettait à revenir et une bougeotte indomptable. En effet après avoir rangé l’inévitable bordel que provoque la cohabitation de 6 gars et un copieux ptit dej’ nous voilà partis. Il nous fallait acheter les tickets pour allez voir Rich Medina que nous voulions interviewer et surtout l’appel d’une ville inexplorée ! Juda et L.A n’étaient pas de la partie. Arrivés rue Sainte-Catherine après un des nombreux passages que nous aurions à faire dans ces stations de métro au design cheap de ville estudiantine nous partons à la recherche du magasin Off the Hook vendant les fameux tickets. Quelques shots de graphe et la découverte d’une ville vous téléportant en Amérique mais où les gens parlent pourtant bien français se font. Une petite masse s’attroupant autour d’une camionnette balançant du Coke gratuit nous attire et après quelques tensions fraternelles nous arrivons à un bureau de change. Un renoi percé m’indique finalement le chemin pendant que Kreshik et Shungu échangent leur thune.
Nous débarquons donc dans ce magasin frais mais discret de 3 étages où l’album Illmatic de Nas défile. Des “hellos” enthousiastes nous accueillent et nous nous retrouvons à fantasmer sur divers sappes comme on les aime avant de se rappeler qu’on a ni le temps, ni l’argent pour ça ( ce qui ne nous empêchera pas de recommencer une ou 2 fois dans d’autres magasins). D’ailleurs dans l’un de ceux-ci une casquette se perd et le malheur des uns fait le bonheur des autres ! Avant ça quelques minutes se perdaient dans une salle d’arcade. Au détour d’une rue un homme portant un bandana esquisse une fresque et nous tend la main avec enthousiasme aussitôt qu’il apprend que nous débarquons d’Europe. Nous lui demandons où nous pouvons chopper des bombes ( Fake shop et Le Sino, 2 magasins streetwear bien frais. Finalement, il s’avéra que le Fake shop ne vendait pas de bombe mais que par contre le Sub V était un bon dealer de peinture.) et chillons un peu avec lui tandis qu’il étale de la crème solaire sur ses tattoos avant de reprendre notre chemin. Nous n’apprendrons que plus tard qu’il sagissait d’Omen, apparemment vieux de la veille réputé dans le milieu. Quelques heures plus tard, après quelques courses il est temps de rentrer. Rien ne traîne, après une sieste et quelques shots de remontant en vitesse nous voilà partis pour le bar ” En Cachette”.
Quelques gars posent devant l’entrée, parmi eux Sev Dee, Dj experimenté et boss d’Artbeat Montréal (collectif dont je vous reparlerai), à qui nous filons notre carte de visite. Le portier prévient Rich Medina de notre présence, le gars est grand et chaleureux et nous aborde avec la douceur d’un poète. Avec beaucoup de respect et d’aisance il nous explique que nous n’avons pas préparé l’interview de manière assez pro, que maintenant il a une image à gérer et qu’il voudra rendre fier son gosse de 5 ans si il voit un jour le docu à 20 ans… Nous remettons donc l’interview à sa venue en Europe dans 2,3 mois , échangeons avec lui un sale check et nous apprêtons à chiller sur ses compos dans un endroit où la bière coûte 6.50C$ ( 4,75 € ). Tout commence avec un ”Summer madness ” de Kariem Riggins et se termine par un gros cut dégueulasse par un portier pressé de rentrer chez lui à 3h tapante. On ne lui en veut pas, l’ambiance était sale et le son posé. Les fins de verres s’affonnent et à part une agression par un manchot agé et saoul sur ma personne impuissante le retour au QG se passe tout bien !
Day 4: Vendredi 28 juin
Le nuage provoqué par l’abus de bonnes choses se dissipe doucement tandis que Juda débarquant de nulle part improvise un petit dej’. Kreshik , Shungu et Constantin partent en hâte à l’interview du belge de Montréal Nico Angelo pour laquelle ils réussissent à dégoter une vue splendide d’un toit d’hôtel. De mon côté avec les autres nous partons checker ce que valent les magasins de graff de Montréal et nous nous dirigeons vers Le Sino aux aménagements frais rapellant le Montana shop de Bx. Le contact est assez froid et peu d’intérêt est montré pour notre projet, au final nous n’obtenons qu’un échange de visibilité et une permission floue de venir filmer certains de leurs événements dont celui de leurs 10 ans , gros gros évent où un tunnel est repeint par des grands du graff’ et pourvu d’un buffet à volonté ! ( Ne nous emballons pas nous manquerons lamentablement d’y aller en partie par flemme et par orgueil ). Entendons-nous, le magasin est équipé et a même une toilette ainsi que des sièges en forme de cap’, le level est clairement là mais l’ambiance est trop commerciale et Nikita est déçu par leur manque d’intérêt et leur fermeture. ”Le graffiti est en général un milieu assez fermé et peut être que ça pousse les gens à l’être” conclut-il. Nous achetons tout de même des bombes et des posca , le budget peinture explose (5eur la bombe, 4,8 si prise par 6) et après m’être fait bousculer par une péripatéticienne bourrée devant une maison chelou nous arrivons dans la rue des gays. Nous traînons le caddie derrière nous et trouvons le bus 45 qui doit nous emmener rencontrer les gars de la ”Coopérative Surgénéreux”.
Ce n’est que lorsqu’on se demande quand est-ce que nous croiserons enfin une belle fille a Montréal (J’exagère, la plupart d’entres elles valent le détour ne fusse que pour leur mentalité !) que nous nous arrêtons devant le numéro 4518 de l’avenue Papineau situé à côté du cinéma La Tulipe tout cliché . La Coop Surgénéreux c’est un concept de malade, une colloque de 12 places qui tourne ( les doyens sont là depuis 2 ans ) et au style de vie alternatif. La porte est ouverte à tous,virez juste vos pompes. Dès notre arrivée les salutations fusent , un joint tourne et un bol de bouffe nous tombe dans les mains. L’immense commu est fait de bois , un gars dessine, un autre se fait faire des dreads patiemment tandis qu’Arielle, notre contact, fabrique un attrape-rêves.
Rien n’illustre mieux la mentalité du lieu que l’anecdote suivante. Il suffit à Juda de lui demander si Nikita et Colin peuvent poser une pièce sur le mur pour qu’elle accepte alors qu’elle ne nous connaît que depuis 30 minutes. Leur toit offre une vue sur la ville et le Mont Royal impose un respect dépaysant. Le temps qui s’écoule dans cet appart’ est irréel, la plupart de la colloque s’en vont voir le concert gratuit de Feist tandis que les graffeurs apportent leur dernière touche à leur oeuvre. ”C’est l’atmosphère du lieu qui a créer cette pièce , c’est pas moi mec !” me confiera Nikita !
De leur côté, le trio docu avait obtenu des places de Nico pour un set de Kaytranada en duo avec son rappeur de frère Louis P au Underworld Cafe. Je les rejoins un peu en retard, manquant de rater le dernier métro à cause d’un oubli de carte Opus ( plus ou moins l’ équivalent de notre Mobib). La fatigue est là et l’ambiance tarde à nous emporter. Nous traînons devant l’entrée à skater, prendre des images ou nous faire draguer par d’étranges personnages pendant que Constantin et Shungu disparaissent pour filmer la scène, mais le remix de Be your girl de Teedra Moses me fait sauter de mon siège ! Une chanteuse complète le duo de frangin avec sa voix sur un morceau, Cyber. Après une heure et divers sons le cours de la soirée change suite à une simple demande. Nous avions déjà interviewé Kay lors de son passage au Bazaar, ce qui a facilité notre accès au backstage pour interviewer Louis P mais je n’en dis pas plus… Il faudra voir le docu ! Une soirée posée et explosant la routine de plus à notre actif.
Un rockeur déjanté en mode Willy Wonka rendit l’attente du bus presque trop courte et nous nous enfuyions rejoindre nos lits.
Ce n’est qu’après cette soirée que je compris l’ampleur de notre reportage, autant au niveau du taff à fournir que du rendu de malade qui en découlerait !
“On est en train de faire un truc incroyable , c’est tout un réseau de personnes qu’on va connecter , rassembler” selon les mots de Shungu.
J’espère que les lecteurs les plus tenaces auront aimé ce petit bout d’aventure que je me suis efforcé de leur partager… La suite ne saurait tarder.
Hone pour la rédac’ et l’un des premiers réels projets d’envergure de BeatChronic !
Arrête d’écrire avec tes deux mains gauches.
Merci pour le commentaire homie, écris des articles pour nous si t’est och !
L’impatience..