Mobb Deep

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Un concert au diesel pour Lezarts Urbains

Lezarts PAP

Ce samedi 16 avril, Lezarts Urbains lançait son festival avec un grand concert au Botanique. Au programme, 6 MCs ou groupes belges et une légende du rap américain. Une affiche pleine de promesses qui aurait dû enflammer l’orangerie dès les balbutiements de la soirée.

Du moins c’est ce à quoi on s’attendait, mais le conditionnel prend tout son sens. Le groupe néerlandophone de Bruxelles Stikstof avait pour mission de lancer ce show. Hélas pour eux, les spectateurs se faisaient rares dans la salle, ce qui donnait une atmosphère plutôt étrange. Ceci dit, les MCs ont fait leur travail en livrant une prestation de grande qualité, débordante d’énergie et qui donne l’envie de les voir dans un autre contexte.

Le chauffeur de salle tente de motiver le public comme il peut avant que n’arrive le deuxième artiste de la soirée: Seven. Présenté comme le MC avec la meilleure coupe de cheveux du game, il est venu défendre son projet Double infini. Il a fait se rapprocher le public arrivant au compte-goutte. Ayant relativement peu de temps à son actif, il interprétait sans surprises les morceaux les plus énergiques de l’album tels J’fais ma part, RVRBR ou encore Liu Kang sur une musique de Mortal Kombat. Aux platines, Eskondo lui prêtait sa force pour mieux illuminer la salle, tel un réverbère.

Lezarts Stikstof

P.A.P, membre de chiens 2 rue,  arrivait ensuite avec son look atypique. Si on est un peu dubitatif au début, on se laisse finalement emporter par l’énergie du bonhomme. “Papinx, Papinx », le représentant du 2X500 et ses acolytes ont fait monter la température à coups de gimmick et de flow trap. Une trap que Jones Cruipy affectionne lui aussi. Teint en blond pour l’occasion, il nous invitait à embarquer dans son vaisseau, en passant par la planète Jumpman. Seul bémol, le petit problème technique survenu, mais le MC l’a surmonté aisément en continuant a capella le premier couplet de Le Stock. Il a plus d’un tour dans son sac comme il le dit si bien. Pendant ce temps, de nouvelles têtes apparaissaient dans le public, l’orangerie commençait enfin à avoir un peu d’allure.

Plus on approchait du passage de Convok, très attendu ce soir, plus il y avait du monde. Avant ça, Le Dé représentait fièrement Liège au grand plaisir des quelques habitants de la cité ardente ayant fait le voyage. Il a rappé entre autres des morceaux de son dernier EP, et a donc chanté son hymne du 4000 en plein cœur de Bruxelles. L’ambiance est réellement montée d’un cran, on est loin des “Ouaiiis” timides du début de concert. Et ça s’annonçait nécessaire, car Convok annonçait la couleur: “Si vous ne vous cassez pas la voix autant que moi, ça n’vaut pas la peine que je monte sur scène.” Alors forcément, Bruxelles se réveillait sans concession, et le MC leur rendait bien en interprétant certains de ses titres incontournables comme Le tour de ma planète ou Plus belge la vie. Mais surtout, il jouait deux inédits de son prochain album qui semble enfin pointer le bout de son nez. Voilà qui conclut les performances belges de la soirée, qui allaient laisser place aux States pour conclure ce show.

Certains semblaient même ne pas connaître la tête d’affiche. R.A. the rugged man a pourtant travaillé avec les plus grands (Wu Tang, Notorious B.I.G, Mobb Deep,…). C’est un tort, car cet homme est totalement timbré et sait foutre le bordel dans une salle, il réveillerait n’importe quel public. Accompagné d’Afro et Mr Green, faisant aussi le show comme il se doit, il enchaînait les tracks avec des flows plus fous les uns que les autres, on avait l’impression que sa tête allait exploser. Il se promenait dans le public, puis invitait un beatboxeur sur scène avant de faire carrément monter toute une partie du public à ses côtés. Qu’on connaisse ou pas ce personnage, ça ne change pas grand chose, on finit par chanter et sauter. Après avoir pris du temps pour se mettre en place, le concert se finit donc en apothéose.

Born To Use Mics

Pour bien vous ambiancer dès le début.

Au mois d’avril 1994, un jeune rappeur noir originaire du Queens (NYC) changeait la face du hip-hop en sortant un des albums les plus acclamés par les critiques de sa carrière, et considéré par beaucoup de rappeurs comme un pilier, si ce n’est un évangile : Illmatic, le premier album de Nas, sortait tout frais tout chaud du Chung King Studios  D&D Recording, Battery Studios, et du Unique Recording Studios, sous le label Columbia Records. Pour souffler la vingtième bougie (Et oui, 1994 c’était déjà il y 20 ans) de la sortie d’un album cité par certain comme les 40 meilleures minutes de l’histoire du hip-hop, un documentaire nommé Time is Illmatic est annoncé durant le courant de l’année 2014 (Il fit l’ouverture du Tribeca Film Festival le 16 avril dernier). Le documentaire retracera la vie du jeune “Nasty” Nas, a.k.a Nastradamus, depuis son rapide décrochage scolaire jusqu’à la sortie d’un album qui allait marquer à jamais l’histoire du rap.

“Supreme ill. It’s as ill as ill gets. That shit is a science of everything ill.”

– Nas, à propos du titre de son premier album.

L’occasion parfaite pour votre humble serviteur de vous replonger dans l’ambiance des quartiers de New-York en 1994, dans les bas-fonds des ghettos du Queens. Sortez vos capuches et bandanas, aujourd’hui on se met en mode East coast rap. Aight !

I don’t know where to start this shit, yo”

Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Le début des années 1990 s’annonçait plus que mouvementé pour le monde de la musique. Depuis l’émergence des raves anglaise dans le Berkshire jusqu’à l’explosion du grunge de Seattle en passant par ma naissance, la décennie s’annonçait décidément très prometteuse.

Enfin, sauf pour le rap East coast, qui se prenait à l’époque une rouste de son frère ennemi, le diabolique (mais néanmoins foutrement bon) rap West coast. Il faut dire, avec la sortie du légendaire Straight Outta Compton de la N.W.A en 1988 et de la pépite The Chronic de Dr.Dre sur son label DeathRow Records en 1992, le East coast avait du mal à suivre la cadence. Mais c’était sans compter sur le souffle créatif qui allait déferler sur le mouvement hip-hop de la grosse pomme dans les années à suivre.

“REPRESENT, REPRESENT !”

Un des premiers albums à se démarquer du mouvement rap hardcore de NYC fut Enta da Stage, des Black Moon, sorti en 1993 et dont est issu la petite merveille auditive que je vous ai servie en début d’article. On notera aussi durant cette même année la sortie d’Here Comes The Lords , le premier album des Lords of The Underground . L’année suivante (1994 pour ceux qui ont du mal avec les chiffres) fut un excellent cru pour le hip-hop New Yorkais, voyant venir au monde Ready To Die du regretté Notorious B.I.G, ainsi que Ill Communication des Beastie Boys, et bien-sûr Illmatic, de Nas. L’excellent album The Infamous, du duo Mobb Deep sortit un an après, en 1995. Autant dire que le rap West coast avait retrouvé un adversaire de poids. Le rap East coast comptait bien revendiquer que lui aussi, il savait manier le mic’.

“Nobody’s getting any bigger than this !”

il etait une fois dans le queen

… ou plus précisément dans le quartier de Queensbridge (Pour la petite histoire, Queensbridge est aussi le ter-ter de Havoc de Mobb Deep, de Blaq Poet, et aussi du Roi Heenok. Il faut bien un vilain petit canard…). Violeurs, meurtriers, voleurs, taux de chômage plus qu’élevé et bien-sûr des quantités astronomiques de crack, le quartier n’est pas exactement ce que l’on peut définir comme une charmante petite banlieue. Rongé par ses problèmes sociaux, l’endroit est fui comme la peste par les riches familles blanches, et seules restent les familles défavorisées, majoritairement afro-américaines. Durant la crack era, de 1983 à 1990, le quartier était une des principales places de vente au détail pour les dealers de crack. Ça y est, vous entendez les grondements des rails du métro et l’agitation des accros aux cracks sans-abris sous les arcades du chemin de fer de Long Island City ?

“Queensbridge, that’s where I’m from

The place where stars are born and phony rappers get done”

C’est dans ce sombre contexte qu’un jeune noir de moins de 20 ans, fils d’un musicien de jazz et déscolarisé assez jeune, se fera remarquer dans la scène hip-hop new-yorkaise en 1992 grâce à un couplet qu’il performe sur le morceau Live At The Barbeque du groupe The Main Source. Déjà comparé par certains au digne successeur du très talentueux Eric B. Rakim, il mettra deux ans à enregistrer son premier album, Illmatic, qui verra le jour le 19 avril 1994. 

 

 

 

“Back in 83′ I was an MC sparkin’

But I was too scared to grab the mics in the parks and

Kick my little raps cause I thought niggers wouldn’t understand !”

ilmatic

Très vite, Illmatic se fait encenser par la critique, et pour cause. Produit par plusieurs des plus grands noms de la scène hip-hop U.S (Large Professor de Main Source, Dj Premier de Gang Starr, Q-Tip  de A Tribe Called Quest,  ainsi que L.E.S) et , porteur d’une vision extrêmement réaliste de la vie quotidienne des ghettos, l’album est vite considéré comme un masterpiece. Abordant des sujets d’apparence classique dans le milieu (la religion, le deal, les meurtres, la violence, le bien, le mal, ta mère) d’une manière intelligente et parfois qualifiée de poétique, Nas réussit à expliquer la difficile condition sociale dans laquelle il vit à un large public tout en restant crédible auprès de ses pairs, et met ainsi la barre très haut dès le début de sa carrière (Le saviez-vous ? L’album fut parfois surnommé d’album “maudit”, comme étant le point culminant de la carrière de Nas qu’il n’a jamais réussi à égaler par la suite. Maintenant, vous pouvez vous la péter en soirée avec cette anecdote). Alignant jeux de mots, rythmiques, textes engagés, ainsi  que d’innombrables références au cannabis (Nas “Escobar”  s’est mis un point d’honneur à faire d’ailleurs référence au Buddha, argot américain pour le cannabis, dans chacune des chansons) l’album se place désormais parmi les grands classiques du hip-hop. Un livre est d’ailleurs sorti sur l’album, Born To Use Mic, analysant chaque chanson de l’album.

When my rap generation started, it was about bringing you inside my apartment. It wasn’t about being a rap star; it was about anything other than. I want you to know who I am: what the streets taste like, feel like, smell like. What the cops talk like, walk like, think like. What crackheads do — I wanted you to smell it, feel it. It was important to me that I told the story that way because I thought that it wouldn’t be told if I didn’t tell it. I thought this was a great point in time in the 1990s in [New York City] that needed to be documented and my life needed to be told.”

Pour ceux qui ont séché les cours d’anglais, ça donne approximativement :

“Quand le rap de ma génération a commencé, le but c’était de t’ amener à l’intérieur de mon appartement. Le but n’était pas de devenir une star du rap, c’était quelque chose d’autre. Je veux que tu saches qui je suis, le goût des rues, leurs odeurs, et ce qu’elles te font ressentir. La manière dont les flics parlent, marchent, et pensent. Ce que les accros au crack font – Je voulais que tu le sentes, que tu le ressentes . C’était important pour moi de raconter l’histoire de cette manière parce que je pensais qu’elle n’aurait pas été racontée si je ne l’avais pas fais. J’ai pensé que les années 1990 étaient un moment important [à New York City]qui avait besoin d’être expliqué, et ma vie avait besoin d’être racontée.”

Nas, à propos d’Illmatic.

Un des joyaux du regretté Golden age du hip-hop East coast, qui plus de 20 ans après sa sortie continue toujours de déchaîner les passions. Et ça, it ain’t hard to tell !

“Peace yo, I’m out”

Paul Lafargue

Harlem youngster 2.0

Les plus gros labels hip hop se sont marchés dessus pour signer le rookie 2012. Résultat : le deuxième plus gros contrat de l’histoire du rap. Pour un artiste indé on va dire que c’est pas mal.

Rookie de l’année ? Oui.

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