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Maybe Belgium #12: Peter Clinton

C’est au Skatepark du centre ville, lieu qu’il apprécie tout particulièrement, que Peter Clinton nous a donné rendez-vous Dimanche dernier. Le producteur a accepté de se livrer à BeatChronic et voici ce qu’il nous a dit entre deux interruptions du classique “Drari maigrichon avec un peau de pêche venant gratter des feuilles et du feu”.

BeatChronic presents “Maybe Belgium” #12 : Peter Clinton by Beatchronic on Mixcloud

Pourquoi avoir choisi Peter Clinton comme pseudonyme ?

En fait, c’est pas compliqué, ce sont mes deux autres noms. Alors la petite histoire est chouette c’est que ma mère était… bon ça fait un peu baraki de le dire comme ça mais elle était fan de Clint Eastwood. Du coup elle voulait m’appeler Clint et mon père quand il a entendu ça, il a fait « ah non ça ressemble à un cliquetis de verre », tu vois, il fait « non, tu peux faire Clinton au pire ». C’était avant le président et il est arrivé juste 2 ans après donc ça venait même pas de lui.

Comment est-ce que tu résumerais ta musique si tu devais le faire en 3 mots : un artiste, une émotion et une chanson ?

Un artiste, Shungu, une émotion (longue réflexion), je dirais l’émotion elle-même. Et la chanson, c’est compliqué comme question, mais si je devais dire un style de chanson, je dirais le Boom Bap (rires). Une chanson précise, c’est difficile. J’en ai tellement.

Tu as choisi ce lieu pour le skate on l’imagine, mais tu dois avoir pas mal de souvenirs ou un ressenti particulier ici, qu’est-ce qu’il représente pour toi?

Bah ouais, j’ai quand même passé quelques moments ici, en général toujours avec mes amis, on skatait, on faisait un peu de tout, on chillait. C’est aussi un endroit qui regroupe beaucoup de gens de Bruxelles. Parce que je crois que c’est ce qu’il inspire aussi, c’est quelque chose de positif ou tout le monde peut être ensemble malgré sa personne. L’idée me plait bien parce que je ne pense pas qu’il y ait beaucoup d’endroits comme ça à Bruxelles.

Donc tu dirais que c’est ton endroit préféré à Bruxelles ?

Ouais pour chiller en tout cas, peut-être pas pour manger etc mais pour chiller ça me plaît bien, c’est déjà ça.

Justement, en parlant de tes lieux phares, est-ce que tu as un disquaire préféré en Belgique ?

J’ai envie de dire internet (rires). C’est celui qui a de tout. Les vinyles, c’est plus quand mon pote Louis (ShunGu) en achète, je me pose avec lui. Je suis pas encore vraiment au stade où je me fais une collection de vinyles, c’est plus un truc que je ferai quand je n’aurai plus d’autres choses pour chiller. Ou sinon ça ne m’empêche pas de digger quand même (sur internet).

Photo : Romain Scaillet

Photo : Romain Scaillet

Raconte-nous un événement marquant dans ta vie

Avec le temps je tourne ça un peu à la rigolade: en menuiserie, je me suis scié un pouce une fois. J’ai fait une mauvaise manœuvre avec une scie circulaire et mon doigt y est passé. Les médecins ont bien recousu, ils ont refait un pouce avec ce qui restait. Ça me fait tripper mais c’est un peu un gros truc dans ma vie qui m’a marqué. Sinon à part ça, la vie me marque en général (rires).

Depuis quand est-ce que tu produis?

Un peu moins d’un an et demi. (ça ne fait pas bcp plus ?). Non mais pendant presque 3 ans je suis resté posé à côté de ShunGu à l’écouter faire ses beats et donc j’ai envie de dire que mon oreille a aussi beaucoup travaillé.

Et comment tu l’as connu en fait ShunGu ?

(rires). Alors ça! C’était dans notre quartier à Schaerbeek, près d’Helmet. J’étais avec des potes qui avaient été au festival de Dour mais moi j’y avais pas été. Ils m’ont dit : “ouais viens, on va chez un type, il habite à Schaerbeek, il s’appelle Louis” Donc j’y suis allé et il était posé avec son cousin. Seulement j’avais pas directement tilté que c’était lui parce que je savais pas que le mec était métis. Et j’ai cherché Louis pendant quelques temps jusqu’au moment où je me suis mis trop à l’aise et on m’a fait comprendre que c’était lui, c’était drôle (rires).  Après ça, ça a commencé par aller se poser vite fait dans le quartier puis de fil en aiguille, passer à la maison, puis lui il a acheté sa MPC et ainsi de suite. C’est devenu un très bon ami.

C’est donc principalement lui qui t’a poussé vers la prod ?

Ouais voilà, j’étais à un moment ou ça n’allait pas trop, c’était un peu stagnant et il m’a dit « mais qu’est-ce que tu attends » ? Et voilà. Ça m’a défoulé en fait, autant que le skate, j’ai trouvé ça pas mal.

Encore une fois, y a pas de limites. La musique c’est sans limites et pour tout le monde.

Est-ce qu’il y a d’autres choses, d’autres personnes qui t’on poussé la-dedans ?

Ben j’aime beaucoup le groupe Odd Future, et j’avoue qu’ils m’ont bien inspiré. Vraiment je dirais qu’eux et Flying Lotus c’est un peu la musique que j’adule.

À l’écoute de la tape, on sent une très grosse influence beats mais on s’imagine que tu n’écoutes pas que ça. Quels sont les autres genres de sons que tu aimes écouter, sampler, produire?

En samplant, j’écoute un peu de tout et pour le coup j’écoute quand même pas mal de Soul, Funk, j’adore vraiment les samples Soul en tout cas. Parfois je suis dans des trucs un peu trip mais qui donnent bien ensemble, qu’on peut tourner, flipper différemment. Sinon ouais, j’écoute pratiquement que ça et du Jazz. Ce qu’on entend dans mes samples et le style aussi un peu dans le même genre, les KnxwledgeIman Omari et Mndsgn m’inspirent exagérément aussi.

Justement, c’est quoi ton matos/logiciel de prod ?

Je suis sur un logiciel là, Ableton. Sinon je suis sur un simple contrôleur pour l’instant, j’essaye de m’habituer à ça avant de passer à une machine. Je prend le temps, à mon avis ce sera une MPC, reste encore à voir laquelle (rires).

Après un an et demi, tu n’as pas encore l’impression d’avoir fait le tour de ce que tu as?

On en apprend tout le temps et je pense qu’il n’y a pas de limites, il faut pas mettre une limite à l’apprentissage. C’est quelque chose qui ne s’arrête pas et faut le faire chacun à sa vitesse. Moi je le fais et j’espère qu’il y a pas de fin quoi. Non, il y a encore beaucoup de chemin à faire, c’est sur, c’est que le début.

Certains artistes appréciant le Hip Hop font un lien entre le skate et leur musique, est-ce que c’est ton cas ?

J’écoute de tout à la base, mais beaucoup de hip hop c’est vrai et jamais beaucoup d’artistes à la fois, en général, je suis braqué sur les mêmes. C’est peut-être un défaut. Sinon je dirais pas que les deux soient liés. Au contraire, ça m’a permis d’un peu faire quelque chose de nouveau aussi. C’est ce qui était bien aussi.

En parlant de skate, Tony Hawk a scotché tout le monde avec son looping horizontal, qu’est-ce que ça t’a fait de voir ça?

Ouais j’ai vu. Déjà je suis menuisier donc le premier truc que j’ai vu c’est la construction de dingue. Ensuite je me suis dit: “on arrête pas d’innover et pour le coup, c’est pas un jeune mais c’est bien un ancien qu’il l’a fait et il a bien fait ça”. J’avais jamais imaginé ça possible, c’est too much (rires).

https://www.youtube.com/watch?v=rjL95XgSyO8

Est-ce que tu as ou as déjà eu une muse ?

Ma copine déjà, Pauline. Ça fait 6 ans que je suis avec. Du coup c’est vraiment une personne quotidienne qui m’apporte tout ce dont j’ai besoin d’une personne humaine. Je dirais qu’à côté de ça, j’ai encore ShunGu et ses frères qui sont une autre bonne compagnie.

En parlant de ShunGu, on t’associe beaucoup à lui, qu’est-ce que tu en penses et comment tu l’interprètes ?

De toute façon, c’est lui qui m’a appris vraiment. Déjà à utiliser mon oreille, après j’ai appris juste en l’écoutant faire. Il m’a donné en plus de ça des notions du groove et des logiques de batterie etc. Ce que j’aime bien, c’est que dans son apprentissage, il ne m’a pas ancré dans son truc, je veux dire une fois qu’il a vu que j’étais lancé, il m’a laissé vraiment faire mon truc. Et je pense que si on est honnête avec soi-même, en écoutant, on peut quand même distinguer des choses qui sont différentes (entre lui et moi), même si ça ne fait qu’un an et demi que je produis. Mais bon voilà, il y a aussi pleins de choses que je n’ai pas sorties et je parle aussi en fonction de ça. Par exemple, j’ai un EP qui va sortir sur Hot Record Société, c’est Radio Futuro 2 parce qu’on a chillé aussi avec le gars du label cet automne. C’était pas mal, c’est un bon gars. En fait, il m’a proposé gentiment et j’ai pas pu refuser, d’ailleurs je suis flatté. Il y a pas vraiment de deadline, c’est une vingtaine de tracks donc je prend le temps de bien travailler ça. Il y a aussi une cassette qui va sortir sur UKNOWY, un label de Munich sur lequel ShunGu a déjà sorti aussi une track. C’est la cassette n°2 aussi, Pacifics Vol. 2. et c’est soutenu par Acie, un gars de Munich aussi.

Les tracks sont prêtes donc ?

Ouais ouais ouais, pour UKNOWY, c’est emballé, c’est pesé, ça dort et pour Hot Record Société, je dirais que c’est une affaire d’un petit mois pour que ce soit clôturé et envoyé. 

Parmi tes collabs, laquelle as-tu préféré ?

J’ai bien aimé les petites collabs avec Gi Tori parce qu’on était posés et en général on communiquait bien. J’en referais bien à l’occasion, on a toujours remis ça à plus tard mais faut qu’on le fasse parce qu’il y a vraiment un bon rapport entre nous deux, il y a bon un équilibre, on partage le même genre de trips.

Avec qui est-ce que tu rêverais de collaborer ?

Odd Future (rires). Y a pas de limites hein!

C’est qui le meilleur artiste belge du moment pour toi ?

Il y en a un dont on parle peut-être pas encore beaucoup mais c’est Mehbian, c’est un Liégeois, et franchement, il est comme moi, il a pas énormément de matos mais le gars a quelque chose, c’est sur. J’aime bien ce qu’il fait. J’aime bien aussi Fris, un Gantois.

Comment te vois-tu dans 15-50 ans ?

(Longue hésitation). Dans 15-20 ans, j’aurai déjà fait beaucoup de choses, je crois. Dans tous les sens du terme. Je sais même pas dire, à mon avis, j’aurai déjà des enfants (rires)… au Canada ça me plairait bien.

Qu’est-ce que la théorie de la “Black Music” ( les styles Soul, R&B, Funk, Hip Hop,… seraient “réservés” aux noirs ) t’inspire?

Moi je pense que la musique c’est pour tout le monde. C’est pas une question de couleur, c’est avant tout une question de partage. Y a des types en Europe de l’est dans les années 70 qui produisaient des grooves à te faire zooker toute la nuit (accent qui va avec). Ou alors même des Japonnais, y a pas de limites. Encore une fois, y a pas de limites. La musique c’est sans limites et pour tout le monde.

Dans quelles dispositions voudrais-tu que les gens soient quand ils écouteront ton mix ?

Je dirais posés, pour bien capter les informations.

Il y a un message particulier à faire passer dans cette tape ?

Avec des choses simples on peut se faire plaisir.

 

Tracklist ID :

Peter Clinton – Unreleased
GRiMM Doza – Inhale [Prod. Ricky Reasonz & GRiMM Doza]
Peter Clinton – Unreleased
Peter Clinton – Or_nah
Mehbian – Body t’Body
Gi_T0ri – Oooh
ShunGu – Cookiness
Peter Clinton – You on point phife ?
Knxwledge – Haveitall[TWRK]
Noex – The Craft
Mike G & Pyramid Vritra – November (Prod. BigCat)
Devilish Kontra – Kontradiction (Prod EMP)
Psymun & Chester Watson – Dead albatross
Mellowhype – 65/Breakfast
Knxwledge – Trshwng[TWRK]
Peter Clinton – Shame
Iman Omari  I’ll do anything for you
Iman Omari – Go DJ [FLIP]
Peter Clinton – Wrk_it
Peter Clinton – Wish
Peter Clinton – Unreleased
Un asticot – Flocon chaud (Prod. ShunGu)
Peter Clinton – Unreleased
Vince Staples – Super
Kali Uchis – Table for two
Kali Uchis – T.Y.W.I.G.
Un asticot – Mort la vie (Prod. ShunGu)

Toutes les transitions sont réalisées par Peter Clinton

Artwork par Sebastien Collet

The Soul Spirit

Bill-Withers 3

Back in the 70’s…

Souvent passé dans l’ombre de géants tels que James Brown, Aretha Franklin ou encore Michael Jackson, Bill Withers est néanmoins parvenu à imposer le respect par sa classe et sa prestance dans le milieu de la Soul. Préparez votre âme à frémir d’extase si vous n’en avez jamais entendu parler.

“Ain’t No Sunshine when She’s Gone”… Ces mots doivent encore résonner à coup sûr dans le coeur de la demoiselle en question. Mais qui est ce jeune métisse talentueux dont le premier album fait déjà sensation ? Quel est son secret ? Une vie dès le départ mouvementée pourrait sans doute nous fournir un indice…

De l’Ombre à la Lumière

Bill Withers officiel

C’est en ayant perdu son père à l’âge de 13 ans que le jeune Withers s’engage dans la US Navy à 17ans seulement. 9mois après, il ira travailler à l’usine Ford de Los Angeles. En 1971, Bill sort son premier album “Just As I Am” et est loin de s’imaginer une brillante

carrière… Pour lui, la musique est à la base un moyen d’expression, et non de gagner du pognon.

Toujours dans ce même état d’esprit, il sortira dans la foulée Still Bill, 2ème album au succès commercial à nouveau énorme. Mais notre homme gardera malgré tout les pieds sur terre : c’est toujours avec humilité et modestie qu’il se présente à son public lors de ses prestations en live. (voir ci-dessous)

Nous sommes bien loin donc de l’auto-tune à la Kanye West, ou des jeunes filles dénudées en arrière-plan à la 50Cent. Bill Withers fait preuve d’une authenticité remarquable, bien au-delà du monde des apparences que la société d’aujourd’hui nous impose. Ne serait-ce pas finalement cela, la vraie musique ?

On a souvent tendance à oublier que le terme R’n’B signifie Rhythm and Blues… Heureusement, il nous suffit (simplement ?) de remonter le temps pour en retrouver le sens premier. Cette douce mélancolie mêlée à des rythmes divinement endiablés nous révèle en effet la véritable profondeur de l’âme humaine.

bill-withers 2

“I write and sing about whatever I am able to understand and feel. I feel that it is healthier to look out at the world through a window than through a mirror. Otherwise, all you see is yourself and whatever is behind you.” ~B.W.

Cette citation démontre bien à quel point la sérénité de Bill aura influé sur ses compositions. Un talent, fabuleux dont lui seul possède la clé : “When you have a talent you know it when you’re five years old, it’s just getting around to it.”

Désormais, lorsque vous aurez envie d’exprimer ce que vous ressentez au fond de vous-même mais que vous n’y arrivez pas, pourquoi ne pas laisser Bill Withers s’exprimer à votre place ? Peut-être qu’après cela, les mots vous viendront plus facilement à l’esprit

 

Je vous conseille vivement de vous plonger dans l’atmosphère chaude et paisible de Bill Withers grâce à la vidéo ci-dessous, reprenant un de ses concerts au complet… Enjoy ! :

God is in the Black Music

McIntosh County Shouters

De par leurs conditions de vie difficiles, les Afro-Américains d’antan ont trouvé dans la religion une échappatoire, un sens, à leur existence. Ces hommes et ces femmes qui étaient, pour la plupart, analphabètes, n’avaient que la parole et donc le chant comme seul moyen d’expression. C’est pourquoi ils ont littéralement investi la musique religieuse américaine. Cette tradition musicale s’est transmise de génération en génération et est encore présente aujourd’hui. En voici la genèse.

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