La nu-funk de Pomrad est de retour après une (trop longue) période d’absence. Après les EPs Vlotjes et This day, l’anversois a conquis la scène belge et les éloges pleuvent. Autant dire que son album est grandement attendu, et il a décidé de nous laisser un avant-goût en balançant le premier extrait, Rush hour. L’artiste a signé sur l’emblématique label allemand Jakarta Records et sur On And On Records, le résultat risque d’être très prometteur.
Mercredi, BeatChronic a assisté à la release party de Mellow, Le LP deYellowStraps et Le Motel. Ces 3 Brainois produisent un son particulier voyageant entre jazz, pop, rock, électronique, musiques ethniques,… Avant cela, Abrahamblue est venu nous enchanter en première partie. Cet Anversois écrit et interprète ses propres productions. Voici un rapport de la soirée pour ceux qui n’auraient pas eu la chance d’y participer.
Il est 20h pile et celui que l’on croit être AbrahamBlue se place derrière sa table de mixage. La musique commence et un autre gars se pointe: AbrahamBlue, le vrai ! Il nous transperce dès la première note avec sa douce voix posée sur Lovers. (sketch). Le public reste assis sur les grandes marches de la salle. Après quelques titres, le chanteur nous présente son frère derrière lui. On comprend mieux leur ressemblance plus que troublante. Il demande ensuite aux gens de se lever pour danser: « You don’t have to stay like this, you can stand up you know”. Il nous fait aussi savoir que les sons joués ne sont pas sur Soundcloud « I wanted to play new things that people don’t know tonight ». Le show arrive à sa fin et on se dit que le gars a de la bouteille. Contrairement à ce qu’il dit, on sent qu’il est à l’aise dans ses baskets et cette aisance, il la partage avec son frère qui s’éclate là-bas derrière. Il danse et envoie des signaux à Abraham pour qu’il en fasse autant. Ils terminent sur Lets escape après que le chanteur anversois nous ait exprimé son attachement pour ce titre. Son heure arrivée, il nous remercie et alors qu’il pense quitter la scène, son frère le prend en traître : « I don’t think we’re done yet, you know that track we made earlier ? I think you can do it ! ». Abraham accepte sans trop se faire prier et son frère se joint à lui pour montrer ses talents de danseur. Un bémol reste à souligner, l’effet de reverb permanent sur sa voix laisse perplexe, c’est peut-être ça qui la rend si magique. En tous cas, il n’aura pas fallu plus de 30 minutes au chanteur anversois pour nous convaincre.
Photo : Thomas Geuens
Il est maintenant 21h passée et nous sommes de nouveau plongés dans le noir. La musique se lance quand 3, puis 4, puis 5, puis 6 silhouettes se dessinent dans la pénombre. La lumière se fait voir très lentement et on découvre Yvan qui fait du son avec son sampler. Il fait encore très noir quand il se met à chanter mais on peut maintenant distinguer qui est qui, qui est où et qui joue quoi. On voit alors Ludovic sur la droite avec sa guitare et sa basse, Mr Comb à la batterie et un saxophoniste dont on ne connaît pas encore le nom, Yvan le chanteur et Alban le guitariste derrière qui se trouve Fabien A.K.A. Le Motel. Yvan se met à chanter et la scène est agrémentée de flashs lumineux apparaissant en concordance avec la musique. Ce qui donne un très bel effet visuel. L’intro se termine sur la scène pleinement illuminée et on remarque leurs chemises aux motifs wax assorties « Ça va botanique? ».
Le concert démarre sur d’Arpeggio, on s’imprègne du phrasé si particulier d’Alban et on écoute son anglais mâchouillé qui est devenu sa marque de fabrique. Le saxophoniste nous fait une petite prouesse sur la fin du morceau avant de laisser ses camarades continuer sur Pollen, un autre morceau que l’on connaît très bien. Alban nous invite donc à chanter mais personne ne se lance. Le public est excessivement mou et extrêmement dur à chauffer. L’habituel « à vous » sur le refrain est un véritable flop. Il faut dire que leur musique ne se prête pas à la danse de la joie. Il reste que c’est une bulle de chaleur réconfortante en cette nuit froide. À 8 minutes de la fin, la formation nous joue une chanson qui voit enfin la foule s’emporter. Raphaël, le batteur se lâche et les gens se bougent. Du coup, personne ne veut vraiment partir quand sonne le glas. C’est donc sans surprise qu’ils répondent au rappel avec Mirror Lake. Les artistes partis, l’amertume nous envahit. C’est vrai, quand on voit “Release Party ” , on s’apprête à entendre des exclus de l’album en question. En réalité, les chansons sont sur l’album mais elles ne sont pas inédites. Ce projet est disponible sur iTunes et Spotify, à vous de l’écouter et de juger s’il est digne de votre playlist.
All Eyes On Hip Hop, l’association dont le but est de “créer une bonne vibe pour tous les amoureux de la musique Hip-Hop sous tous ses aspects”, a organisé un concert à trois têtes il y a quelques jours au VK*. Nous avons pu assister aux prestations de Grey, Pink Oculus et Oddisee dans la salle du quartier de Molenbeek.
C’est aux alentours de 19h10 qu’une mini foule très éclectique s’est précipitée aux abords de la salle de concert du VK*. Cette foule semble perdue au milieu de nulle part dans le quartier Ribaucourt qui est loin d’être le symbole de diversité. On peut même apercevoir 2 jeunes imberbes, très certainement encore mineurs dans cette petite file. Comme quoi rien n’est encore perdu, ils ne sont pas tous fans de Gradur ou de Kaaris. La musique retentit au loin et la frustration de ne pas pouvoir entrer pour en profiter se fait ressentir dans la foule un peu plus volumineuse. Pas moins d’un quart d’heure plus tard, les portes s’ouvrent enfin et ceux qui semblent être les gérants nous laissent entrer après un détour pour aller chercher de quoi se sustenter au snack d’en face, un durum poulet sans aucun doute. Bref, passons directement au début des hostilités…
Il est maintenant 20h00 et la salle se remplit très timidement sous le son du DJ chargé de l’ambiance de la soirée. Il faut dire qu’Oddisee est annoncé pour 21h15. Cela n’empêche pas aux 3 jeunes hommes de se poser sur scène: un guitariste, un MC et un DJ. Grey se présente sommairement en anglais avec un accent qui paraît natif. Il ne faut pas se laisser avoir, ce producteur/rappeur/chanteur est bien de chez nous : la région d’Anvers. Il enchaîne directement et fait résonner son flow dans la salle un peu plus remplie. Et c’est sur Who you are que le guitariste nous offre son premier solo, solo dont nous ne profiterons pas dans son entièreté à cause d’un problème sonore. Ils enchaînent ensuite sur une demi-dizaine de sons qui ne sont pas tous sur les plates-formes du rappeur.
Cet Anversois est un artiste à conseiller vivement à tous les amateurs de Hip Hop new school et aux autres aussi. Il ne faut pas se fier à ses 400 followers sur Soundcloud, comme on le sait tous, la qualité ne fait pas la quantité. Et Grey a très certainement des tonnes de pastilles de qualité à nous refiler. Malgré les quelques problèmes techniques, nous étions contents de voir un instrument de musique sur scène, ce qui fait souvent défaut aux producteurs de musique électronique d’aujourd’hui, surtout quand ils sont en début de carrière. C’est assez brutalement que la partie de Grey se termine, ce qui reflète assez bien sa manière d’échanger avec le public tout au long du concert : brut de décoffrage. Sans que l’on s’en soit réellement rendu compte, le peuple s’est condensé à l’arrière de la salle. On entend maintenant son bruit au-dessus de la musique du premier DJ revenu nous faire patienter. Patienter ? C’est vite dit ! En réalité, il nous a passé 2,3 sons et nous a laissés bredouilles (What’s the point man???).
Photo: Ton Desar
Nous avons donc attendu 10 minutes de plus avant que l’Hollandaise Pink Oculus débarque en mode attaque, rappant a cappella avec une puissance vocale sans nom. Une fois la musique lancée par ses compagnons de scène, un au synthé et un autre à la batterie – ressemblant fortement à Taboo des Black Eyed Peas au passage – elle se met à chanter et on ne perçoit plus cette puissance dans sa voix. Les instruments ont pris le dessus sur elle, mais elle compense en dansant très énergiquement. Elle paraît même en transe. Elle prend une sorte de maracas et nous fait un son hybride entre de l’Afro et du Grime façon Lady Leshuur. Quand vient la fin du concert, on peut penser qu’elle a un peu trop de manières, ce qui peut être quelque peu agaçant. Mais le fait qu’elle semble possédée et son énergie auront vite fait oublier ce constat très vite. C’est assez impressionnant toutes ces personnes dans un seul corps, surtout si menu.
Pendant sa prestation, un des musiciens de Good Compny, le live band d’Oddisee sort discrètement sa tête pour admirer le public qui l’attend. Il a surement hâte d’être sur scène, faut dire que c’est une véritable boule d’énergie. Il nous le prouvera plus tard derrière son synthé. Vient alors la fin du live de Pink Oculus, le DJ revient pour nous mettre du Action Bronson pendant que le staff monte le matos pour Oddisee et son crew. A cette heure de la soirée, les odeurs de transpiration se font sentir. Qu’à cela ne tienne, Good Compny commence avec un petit son d’intro assez groovy. Puis c’est au tour d’Oddisee d’arriver tranquillement sur scène, en mode «posé avec sa tasse de thé» .
Il entame Ready to rock, choix assez interpellant étant donné que ce morceau est extrait de l’album People Hear What They See qui date de 2012. Sur la track suivante, le guitariste rencontre un problème technique, il semblerait que sa guitare ne fonctionne plus. Il sort carrément de scène pour demander de l’aide. Ses efforts seront néanmoins vains, impossible de régler le problème. Oddisee tente de noyer le poisson en plaisantant à son sujet : «He is unprofessional» , il se place derrière son micro pour singer son acolyte, il se met même à raconter une anecdote pour faire oublier l’attente. Ils se résolvent finalement à continuer sans la guitare sur The goings on.
Mais le guitariste insiste, il sort de scène une nouvelle fois, sans qu’on ne sache réellement pourquoi cette fois-ci. What’s going on really ? Quand, coup de théâtre, le guitariste de Grey offre son instrument. Après quelques recâblages, Good Compny et Oddisee reprennent sur That’s love, on sent une réelle connexion entre tous ses hommes présents sur scène. Ça suinte d’amour au beau milieu de toute cette testostérone. La cohésion est le maître-mot, Oddisee évoque même leur nouvelle recrue absente: Olivier Saint-Louis aussi connu sous le nom d’Olivier Daysoul. Ils poursuivent en mode marathon sur First choice, Book covers, Contradiction’s Maze et les solos expéditifs des musiciens se multiplient. On a même droit à une petite session beatbox tout en harmonie.
Après ce bombardement de sons, il est difficile d’identifier LE moment fort du concert, ce moment où les esprits convergent, où le MC semble perdre pied dans le flow de ces musiciens. Quoi qu’il en soit, le concert se poursuit sur Own Appeal et se termine en laissant une légère impression de «pas assez» . Il y avait un certain manque de conviction de la part de ces derniers artistes. On croirait qu’ils sont venus simplement pour assurer le minimum syndical. Aucun d’entre eux ne fait d’effort supplémentaire pour chauffer ou rebooster le public. Sauf peut-être le gars derrière le synthé qui, comme à son habitude, danse comme une furie. Les autres semblent essoufflés, un essoufflement surprenant, car The Good Fight Tour a officiellement débuté il y a moins d’un mois. Il est vrai qu’ils étaient présents à Couleur Café, peut-être auraient-ils enchaîné trop de lives, ce qui aurait pompé toute leur énergie ? En tout cas, on leur souhaite bien du courage pour arriver au bout de cette tournée qui s’achèvera en décembre.
Après un passage critiqué à Werchter cet été 2013, Depeche Mode est revenu en grandes pompes ce 25 janvier dernier à Anvers dans le cadre de sa tournée “Delta Machine Tour”. Reportage d’un excellent concert….