sebastien tellier

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Odezenne, dernier concert avant le couvre-feu culturel…

En cette dernière nuit bruxelloise placée sous le niveau d’alerte 3, un petit public fougueux s’est rassemblé sans crainte, en ne s’attendant pas que ce concert était l’un des derniers à se jouer au Botanique, avant le passage au niveau 4. Pourtant, les groupes prévus ont su faire honneur à cette soirée.

La soirée fut ouverte par Mochélan, présentant son bijou sorti en 2014, Image à la pluie. « Des trombes de pictogrammes tombent sur nos tronches » nous dit-il, après quelques transitions un peu timides. Sur quelques-unes de ses intonations, on semble entendre un Féfé qui nous chante ses héros. Mais ce qu’on retiendra de ce compatriote venu de Charleroi, c’est une innovation certaine. Des textes et des enchaînements qui sont réfléchis, cohérents.

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Photo: Alexandre Gubbelmans

Les quatre lascars d’Odezenne débarquent ensuite sur scène, entamant leur titre Saxophone sans prendre de détours, testant par la même occasion la réactivité du public. Cela va sans dire, ils ont déclenché l’euphorie par leurs enchaînements de mots. Ils continuent avec Un corps à prendre, dont les envolées musicales au clavier sont un peu semblables à celles de Sébastien Tellier, poursuivant avec des tonalités quelque peu electroswing et des paroles qui se révoltent avec Dedans. Chie, crève, bouffe, dors…

Ils nous chantent ensuite Rien, sobrement, poursuivant leur douce envolée avec Novembre. Et c’est dans ces paroles formulées comme une critique de la société actuelle, qu’un Paris nous glace soudain le sang… « De l’accumulation naît la révolution, une étincelle brille entre deux explosions, réveille les instincts de tes morbides pulsions, les gens bien pensants vont quitter leurs fonctions ». Dans cette lancée de morceaux qui se posent en critiques du monde, ils nous chantent Chimpanzé, où le ton adopté est parfait pour nous raconter le goût amer qui traîne dans la gorge du chanteur. Une dernière sérénade chantée, Cabriolet, où la voix utilisée pour ce refrain, « je ne crois pas que je t’aide », nous ramène un peu de Bashung

Toujours dans cette envolée lyrique, « Allons plus loin, en autarcie » nous dit l’un, pendant que les sons au clavier semblent miauler… Et la flamme dans les yeux des personnes du public se rallume petit à petit, lorsqu’ils entonnent Je veux te baiser, puis Tu pu du cu, et pendant que l’ambiance se réchauffe lentement, les médias annoncent (à tort ce soir-là) que le niveau d’alerte à Bruxelles monte au niveau 4. Mais personne dans la salle ne s’en soucie, dans cet espace-temps particulier où Odezenne lance Vodka, pendant qu’on s’enivre de leur musique…

La soirée se conclut sur un jeu de mot pourri, où ils nous proposent de la Duvel et de la Bush, pour lancer leur chanson Bûche. Car s’ils étaient des super-héros, J’serais mélomane… Le public sort lentement du Botanique, et dites-moi, quoi de plus beau en ces temps affreusement apeurants que de profiter d’un moment de culture? Une culture qui use d’instruments et de mots pour nous rappeler qu’on peut crier autrement qu’avec du feu et du sang.

Odezenne_3

Photo: Alexandre Gubbelmans