close encounters of the third kind

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Close encounters of the third kind

Plus qu’une nécessité, comprendre les enjeux d’un film pour saisir le sens de sa musique est une évidence et ce de manière véritablement critique lorsqu’il s’agit d’écouter le soundtrack sans contrepoint visuel. Certaines mélodies sont devenues tellement incorporées dans l’inconscient collectif qu’après quelques notes elles suggèrent un personnage, une scène, une ambiance et se passent facilement d’explications détaillées, tant le son participe parfois à créer l’identité d’une oeuvre cinématographique. En 1977, le compositeur, désormais culte, John Williams (1932) impregna de son talent hors normes deux projets tentaculaires pour lesquels il reçut une série de récompenses amplement méritées. Les films en question étaient “Star Wars” de Georges Lucas (1944) et “Close encounters of the third kind” de Steven Spielberg (1946). Pas la peine, il me semble, de vous décrire en long et en large la

rencontre du 3ieme type

musique du premier, oscar 1978 du meilleur soundtrack; la simple mention de Darth Vader ou de Yoda devrait suffire. A bien des égards, analyser “Close encounters” est beaucoup plus intéressant. Un petit résumé du synopsis s’impose peut-être pour ceux d’entre vous qui n’ont pas eu la chance de voir le film. Claude Lacombe, un scientifique français spécialisé dans le paranormal, son interprète et une équipe gouvernementale de chercheurs enquêtent dans le désert de Sonora au Mexique sur la découverte d’avions de guerre disaprus et retrouvés en parfait état sans le moindre signe des pilotes, leur attention se dirige ensuite vers une série d’autres phénomènes imputés à des OVNI; dans le même temps, en Indiana, Roy Neary, un réparateur de câbles voit un vaisseau spatial, tandis qu’à quelques kilomètres de là, un enfant est enlevé par une soucoupe volante sous les yeux de sa mère, Jillian; elle et Roy ont des intuitions, de plus en plus fortes et précises, à propos de l’existence d’un lieu énigmatique où est supposée se dérouler une rencontre du troisième type… Il faut savoir que l’écriture du projet s’est faite à l’envers, le réalisateur et son équipe ont commencé par la scène finale. Steven Spielberg précisait dans une interview : “Dés le début l’idée de communiquer musicalement était très présente. Les mathématiques semblaient un moyen logique pour contacter une nouvelle espèce venue d’une autre planète mais on s’est dit que ce serait génial d’avoir des maths plutôt musicales issues d’un ordinateur et que la communication se réaliserait du coup à l’aide de lumières, de couleurs, de sons”*. Il fut alors établi que les personnages utiliseraient une série de 5 notes, un court thème, la base de nombreuses variations modulables dans le climax du film et donc dans le soundtrack. Ce n’est pas une innovation au sens strict puisqu’un florilège de compositeurs classiques ont utilisé cette méthode à travers les âges, procédé qui permet entre autres d’établir un facteur d’unité mélodique dans l’écriture. Insistons, cependant, sur le fait que plus de 134 000 combinaisons étaient possibles, une seule fut choisie après de longues tergiversations, elle est à présent l’une des signatures musicales les plus instantanément reconnaissables du cinéma. Outre cet aspect technique, la musique d’un film doit aussi en soutenir le message. “Close encounters” est construit sur plusieurs thèmes : la curiosité, le génie scientifique, le développement humain, la candeur optimiste, les obsessions et, de façon plus significative encore, le pouvoir de la communication au service de la tolérance. Le résultat est spectaculaire. Entre le mystère, le suspens, la magie, les mélodies sont intenses et comportent une beauté céleste, renforcée par des harmonies subtiles, agréables, osées. Evidemment, toutes ces qualités s’additionnent pour donner au tout une dimension épique extraordinaire. Ajoutons encore qu’il se dégage par endroits, une impression aérienne, presque divine, d’osmose, d’accomplissement absolu comme la découverte d’une paisible splendeur; sentiment qu’exploite à merveille les cordes à l’unisson ou l’écho des choeurs qui flotte un peu partout. Un dernier détail croustillant qui m’arrache un sourire à chaque écoute, c’est l’utilisation, dans l’épilogue, de la fameuse chanson “When you wish upon a star” ou “Quand on prie la bonne étoile”, en français, tirée du classique de Walt Disney “Pinocchio” (1940), petit clein d’oeil ou métaphore, peu importe, c’est savoureux.espace 2 La musique de “Close encounters” n’est pas un simple support du film, c’est un personnage à part entière, une allégorie de ce qu’il se passe à l’écran, le véhicule parfait d’un dialogue vers l’inconnu, vers les étoiles. A plus tard, très chers lecteurs !
*Petite info triviale : le divorce de ses parents a profondément marqué Steven Spielberg. Son père était ingénieur informatique, sa mère, pianiste… Il semblerait que le réalisateur soit parvenu, consciemment ou non, à les réunir dans son film grâce aux deux éléments conjoints qui permettent de communiquer avec les aliens, la science et la musique.