American Beauty

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Road to Perdition

1930. La Mafia irlandaise à Chicago est en plein essor, sous l’égérie de la famille Rooney. Michael Sullivan, incarné par Tom Hanks, en est un des plus fidèles serviteurs, car il a été élevé par John Rooney, patron de l’organisation. Un soir, le fils de Michael est témoin d’un règlement de compte mafieux perpétré par son père. L’ordre est alors donné : la famille Sullivan doit être éliminée pour ne pas risquer la dénonciation. C’est ainsi que démarre l’aventure de Michael Sullivan et de son fils aîné, traqués par un tueur à gages quelque peu dérangé…

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Il n’en fallait pas plus pour donner l’inspiration au compositeur Thomas Newman, qui aura su donner une dimension absolument épique à l’oeuvre de Sam Mendes. Ce n’est d’ailleurs pas la première association entre les deux hommes : le film American Beauty”, sorti en 2001, avait déjà bénéficié de cette union magique. Dans “Les Sentiers de la Perdition”, à travers des thèmes intenses reflétant avec exactitude les sentiments exprimés visuellement par les acteurs, Thomas Newman nous téléporte instantanément dans l’univers particulier de la mafia irlandaise des années ’30.

En effet, lorsqu’on s’intéresse de plus près aux instruments utilisés dans l’orchestre, deux détails nous “sautent aux oreilles”, si j’ose dire. Premièrement, l’utilisation de la flûte irlandaise traditionnelle évoque naturellement les racines des personnages. Associée à un hautbois, commence alors un véritable dialogue entre les deux instruments, exprimant la relation père-fils se renforçant tout au long du film. Deuxièmement, l’harmonie entre les violons et le piano instaure un double effet, selon les gammes utilisées : une tension, soulignant la traque impitoyable que subissent les Sullivan, mais également la tranquilité à laquelle aspirent nos héros.

L’harmonie entre le son et l’image est telle que même lorsque les silences sont présents, on a toujours l’impression que c’est Thomas Newman qui en est à l’origine… C’est d’ailleurs une des grandes qualités de Sam Mendes, qui utilise judicieusement les silences pour appuyer l’intensité scénaristique de ses oeuvres. Une telle entente entre un compositeur et un réalisateur est rare, surtout quand il s’agit d’exprimer à la fois le cadre visuel et les sentiments des personnages évoluant en son sein.

Et lorsqu’il s’agit de personnages hors du commun, le résultat est à la hauteur de l’attente. Prenons par exemple Harlen Maguire, mystérieux photographe de scènes de crimes incarné par Jude Law, dont le thème délimite avec exactitude les frontières lointaines de sa folie intérieure. Mais une démonstration vaut mieux qu’un long discours, je vous laisse donc vous faire votre propre idée par rapport au personnage, sans oublier la performance étincelante de Jude Law qui sied à la mélodie que voici :

En définitive, l’oeuvre vit à travers une sorte de relation symbiotique entre l’image et le son. D’une part, les mélodies composées par Newman évoquent parfaitement le cadre historique et psychologique dans lequel évolueront les acteurs, et d’autre part, le scénario original et les personnages insolites de Mendes sont les réceptacles les plus adaptés au flot musical qui y est déversé. N’hésitez donc pas à arpenter Les Sentiers de la Perdition pour un voyage étrange au coeur de la conscience humaine.

“When people ask me if Michael Sullivan was a good man, or if there was no good in him at all, I tell them….he was my father.” – Michael Sullivan Junior