Quand l’originalité est la folie, quand la folie fait la musique…
A l’aube de la musique, et plus spécifiquement du Rock N’ Roll, les musiciens créaient sans limite, sans barrières, parfois pour choquer, pour innover, très souvent pour s’amuser. Car oui, si l’on décèle chez beaucoup de bluesmen, jazzmen ce grain de folie musical surement présent depuis bien plus longtemps que les années qui ont porté leurs styles, la folie s’est affirmée à part entière avec la naissance du Rock N’ Roll et son jeu de scène excité. Comme le dirai si bien Daniel Balavoine (oui j’ai des références françaises, ça m’arrive) : “Le Rock N’ Roll, c’est la sueur”.
Le commencement de ce mouvement? La libération à tous les niveaux des années 60 grâce à laquelle on assiste à un déchaînement des musiciens, dont le jeu de scène est parfois plus mis en avant que la musique à proprement parler. Quand les drogues prennent le contrôle, le musicien ne vit plus sa musique, mais c’est elle qui le consume…
Des génies comme Hendrix, Zappa, Pink Floyd, Kurt Cobain, Alice Cooper, The Doors, sont tous liés par ce goût du psychédélique, certains sous forme d’énergie pure (Hendrix, dont les concerts étaient si enflammés que même les Stones ne voulaient pas jouer après lui), d’autres sous des formes plus sombres, glauques (Pink Floyd à leurs débuts, The Doors avec la chanson The End)… Pour des groupes comme Nirvana, autant en concert que sur album la folie était présente autant comme thème que véritable, les shows étaient déjantés! Kurt complètement explosé pour chaque représentation entraînait son public tant grâce à son charisme et sa présence que sa musique…
Fous, ils sont devenus fous ! Que ce soit vrai ou non, après avoir démoli l’intégralité de leur matériel sur scène, frappé leur public ou tourné schizophrène (merci les acides) beaucoup furent considéré ainsi. A juste titre? De nos jours, ajoutez quelques bruits d’orgasme à un enregistrement et vous passerez pour un dingue, parfois se déshabiller sur scène suffit… Ce qui m’amène à la folie aujourd’hui.
L’image de l’artiste fait, à notre époque, entièrement partie du travail musical : les groupes travaillent leur jeu de scène, leur maquillage, les pas qu’ils vont faire, ce qu’il vont faire afin de créer ou non la polémique, tout ça dans le plus grand des naturels ! Il est de plus en plus rare de trouver la perle, celui ou ceux dont le jeu de scène restera pur et qui saura se détacher du but commercial scénique, celui qui retrouvera (et c’est assez mélodramatique) la folie originelle, naturelle, qui coule dans nos veines à tous et qui menace, pour le meilleur ou pour le pire de nous frapper à tout moment. La laisser s’exprimer sans contraintes n’est pas forcément mauvais et a réussi a d’autres souvenons-nous en !
Un concept à exploiter et, pour moi, à prendre en compte non seulement dans le Rock mais dans la musique en général et spécialement quand on veut s’attaquer à des chefs d’oeuvres comme ceux produits par Frank Zappa, Pink Floyd, Nirvana et tous ceux que j’oublie, et les comprendre en profondeur…
Après cette brève explication de l’histoire de la folie, immergez vous dans ce morceau pour lire la suite…
Les tréfonds de la folie, la vraie, celle qui pousse aux plus terribles horreurs comme aux plus grandes créations sont impénétrables, incompréhensibles pour la simple raison qu’il y a autant de folie que de fous, de génies. En effet, qui peut se targuer de n’avoir jamais ressenti cette étincelle de folie au fond de soi, à différents niveaux, avec des puissances différentes? Oui, il y a des niveaux de folie, de la plus simple et calme, la folie passagère, qui reste confinée, le plus souvent, aux limites de l’esprit, à la démence meurtrière, destructrice, qui aveugle et transforme la réalité… Vous l’aurez compris, la folie est utile en musique, voire nécessaire. Les grands musiciens, artistes, sont tous tourmentés et ce grain, ce trait d’esprit torturé les amène en général aux plus grandes choses.
Il faut alors oser la libérer et mettre en oeuvre des forces que les plus pieux qualifieront de diaboliques. Car au delà de la compréhension, de la douceur que peut évoquer la musique, elle est très souvent libératrice de par sa force et sa beauté envoûtante, ce qui reste prohibé dans certaines croyances (cela aurait des effets négatifs sur le mental de l’auditeur). Le chant de “Micro Cuts” à ce stade de lecture va d’un instant à l’autre se transformer en ce cri possédé qui marque uniformément le refrain, cette hauteur de voix exceptionnelle que j’ai choisi car non seulement elle illustre la folie, mais elle incite à se plonger dedans, se noyer dans les abîmes de sa propre démence intérieure.
C’est en cela que la musique est utile ; au même titre que les comptes, elle nous permet de voir en nous ce qui existe et que nous nous appliquons à cacher afin de nous le faire affronter, de nous le montrer pour que la peur s’efface. En d’autres termes, il s’agit d’extérioriser cette folie car, chers lecteurs, vous êtes tous fous, au même titre que moi. La plupart d’entre vous (je l’espère) ne subiront jamais réellement les conséquences de ce (léger) dérangement mental, mais chacun sait qu’il est facile de basculer…
Un génie, enfin, n’est jamais qu’un fou né à la bonne époque (Dali, Magritte pour ne pas citer que des musiciens), dont la discipline est reconnue comme “normale” et “saine”. Notre époque à nous s’acharne à nettoyer les cerveaux d’esprits “dérangés” afin de les faire rentrer dans des normes castratrices et typiques d’un mouvement de pensée de notre siècle voire décennie, voyez comme une vision du monde différente sera nommée “erronée” ou encore “dangereuse”. Loin de moi l’idée que tous les fous sont des sains d’esprits respectables mais incompris, seulement, parfois il m’arrive de penser (je plaide coupable) que les fous et les dictateurs les plus dangereux ne sont pas toujours ceux que l’on croit et qu’il faut se méfier de toute personne ou système qui nous mettrait des œillères…
Autorisez-vous donc, en vous plaçant hors de tout reproche bien sur, une dose de folie quotidienne grâce à des grands artistes et ne vous confinez plus aux limites de votre esprit, placées par le refoulement imposé de nos jours !
En bref, Soyez Fous !
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