Maybe Belgium

Viewing posts tagged Maybe Belgium

Maybe Belgium #13: STR

A quelques pas de la place Flagey, nous retrouvons Sami Tha Ripou alias STR. Pas pour jouer dans un de ses clips non, mais pour se poser au Tigre autour d’une bière et d’un café. L’artiste, travaillant aujourd’hui avec Ronin Records, est calme et décontracté, loin de l’image qu’on peut s’en faire dans ses freestyles pourris. Habituellement acharné sur les layers de son studio, il prend de son temps pour nous, se livre et donne sa vision du monde musical avec beaucoup de lucidité.

Tu as un style assez particulier, assez déjanté, comment définirais-tu ton univers ?

J’ai un univers tordu et bizarre qui est inspiré de la culture des années 90, de mon enfance, de façon plus “LSDifiée” pour parler à tous mes drogués préférés.

Tu as pas mal tourné avec les loups de MAH Records, mais tu as récemment annoncé que tu ne tafferais plus avec eux. Est-ce que tu pourrais expliquer ton choix ? Est-ce que ton style un peu spécifique ne correspond plus à l’image du label ?

Non, ça n’a rien avoir avec ça, c’est plus personnel. C’est-à-dire qu’à la base on a fondé ce truc à trois avec Sham et Yogen, après, sur un an de taf avec MAH Records, j’ai remarqué que j’avais vraiment fourni un maximum d’efforts, je me suis donné à 200%, j’ai fait vraiment beaucoup de clips et tout. Alors qu’eux, ils ne se sont pas donnés à fond. Je me suis dit : « écoute, ça sert à rien de te mettre la pression. Eux, ils ont une autre approche que toi. Ne continue pas à travailler avec eux s’ils préfèrent se la jouer chill.» Moi je suis plus impatient, et ça ne leur correspondait pas donc finalement on a décidé d’arrêter de travailler ensemble.

T’inspires-tu d’autres rappeurs, films ou livres ?

Au niveau rap, mes inspirations c’est surtout mes potes. Donc notamment les gars de MAH Records, comme ça on ne dira pas que j’ai dit du mal d’eux. Parce qu’à force de rapper avec des gens dans la rue, n’importe qui, même des clochards sur la station essence juste à côté, t’apprends plein de trucs et ça ouvre un peu l’esprit à un rap autre que celui qu’on te propose à la télé. C’est ma principale inspiration. Sinon, comme je te disais tantôt, la culture des années 90, de quand j’étais petit. Tout ce qui est jeux vidéos, films, de quand on avait plein de tunes et qu’on pouvait se lâcher et faire n’importe quoi. C’est vraiment ce que je kiffe.

Qu’est-ce que tu penses  de toute cette hype autour du rap belge dans les médias?

J’en parlais l’autre jour avec un pote, et lui il me disait que ça fait longtemps qu’il y a des fausses hypes qui se créent comme ça tous les X temps, à chaque fois qu’il y a un nouveau groupe qui apparaît. Avant il y avait eu ça avec La Smala, puis avec Caballero et Jeanjass, et là maintenant ils parlent de Hamza et Damso. C’est bien, parce que c’est tous des artistes que je kiffe, enfin pas tous mais la nouvelle génération ça va, c’est des délires qui me parlent encore. Je comprends que les gens aiment bien mais je ne comprends pas l’engouement des médias, ils sont là en train de dire « le rap ça se passe bien en France, ça se passe bien en Belgique, les gens commencent à manger » alors qu’en vérité tous les gens qui font du rap, ils se passent rien pour eux. Oui ils font des trucs parce qu’ils donnent sang et sueur pour que les choses se passent, mais ils ne commencent pas à voir des opportunités de faire de vrais concerts, de vrais projets, de vraies collaborations, et vraiment pouvoir vivre de ça. Alors on parle d’eux comme si c’était des gens importants alors qu’il ne se passe rien.

Photo: BVBEL

Que penses-tu du fait que c’est la France qui identifie ce qui passe ou passe pas dans leur sélection ou leur préférence du milieu belge ?

Ça, ça n’existe pas, parce qu’il n’y a pas assez de public en Belgique. Même moi je le constate, j’ai vraiment pas beaucoup de public et je vois que j’ai autant de public en Belgique qu’en France. Alors qu’ici j’essaye de toucher tous les gens que je connais. Mais en France je vois des mecs qui m’envoient des mails et qui kiffent tous les jours, parce que les mecs ils sont comme ça, ils ont été élevés comme ça. Ici la mentalité est pas encore prête pour ça. Aussi, le problème est que, maintenant, ce phénomène là est encore plus présent depuis que Booba commence à avoir la mainmise ici avec Oklm Radio et Oklm en général. Maintenant il dit « tel rappeur belge, je vais le prendre sous mon aile », Damso, Shay, Jones Cruipy ou plein d’autres, c’est bien pour eux mais le problème c’est que Booba, c’est le seul mec qui va prendre cette initiative. Alors qu’il pourrait y avoir plein d’autres mecs en France qui pourraient faire ça, mais on laisse que ce gars-là. Moi je comprends pas pourquoi il n’y a pas Kaaris ou Lacrim qui viendrait et qui dirait « voilà ça c’est mon poulain belge » et au final tout le monde en Belgique pourrait avoir sa place.

Est-ce que tu pourrais nous raconter l’histoire de cette fameuse photo pour Word Magazine ?

C’est un pote, Caramel Dur, il a un tumblr. Il voulait faire des photos un peu chocs, tout sur fond blanc et basé sur les liquides. Il m’a contacté alors que je ne le connaissais pas parce qu’on avait plusieurs potes en commun. Il m’a dit « j’veux faire un truc avec toi, avec un cul de meuf et du lean qui coule dessus ». J’ai fait « Ouais, à l’aise » directement. Je suis venu, la meuf était là, « Bonjour », on a fait la photo, et voilà.

Tu aimes la musique Punk,  est-ce que tu y retrouves quelque chose dans le milieu de la Trap?

Oui, je trouve que la même énergie se dégage des deux musiques, c’est quelque chose qui me parle. Je regarde les concerts de punks auxquels j’allais avant, les gens pogotaient, ils se tapaient, ils se poussaient, sautaient les uns sur les autres et maintenant avec la trap c’est la même chose qui se passe. Et ça c’est ce que je kiffe, je trouve que c’est ça la vocation de ma musique.

Pour financer ton matériel, tu as créé un projet Kisskiss Bank Bank, est-ce que le manque de moyen t’a freiné pour le premier volet de ta mixtape ?

Non, car à l’époque les choses étaient différentes, j’avais un pote qui avait un studio chez lui où je pouvais aller enregistrer tout ce que je voulais. Aujourd’hui ce n’est plus le cas parce qu’il a eu des galères, sans rapport avec la musique, et j’ai dû me débrouiller tout seul. Au début j’avais rencontré un gars qui m’avait proposé d’aller enregistrer chez lui mais il n’était pas assez disponible pour moi. Je me suis dit que ce qu’il me fallait pour travailler à mon rythme, c’était vraiment que je me lance dans mes propres enregistrements. Et c’est pour ça que j’ai financé un studio. Je suis super étonné que ça ait marché d’ailleurs.

Quels étaient les retours sur cette mixtape Wonderland 1 ?

Les gens ont adoré la pochette (rires). Sinon je ne sais pas si beaucoup de gens l’ont écouté. Pour moi les retours les plus intéressants que j’ai eu c’était des retours de potes qui sont ingés son, qui m’ont dit que ça sonnait comme de la merde. Là je me suis dit « il y a un problème, je comprends pas pourquoi tout le monde aime bien ».

Tu as un titre dans cette tape qui est « Dans le décor », il est plus introspectif que les autres, c’est quelque chose dans lequel on n’a pas l’habitude de te voir. Est-ce que c’est des morceaux que tu appréhendes ou apprécies et que tu vas rééditer à l’avenir ?

C’est une énergie que j’ai eu à ce moment-là j’ai voulu faire un morceau sur le décès d’une amie, je voulais à tout prix lui faire un hommage un jour dans ma vie, d’une manière ou d’une autre. Je me suis dit que ce que je voulais dans ma première mixtape c’était exploiter un maximum de thèmes, je voulais faire au moins un morceau conscient qui avait cette espèce de thème « rap français, piano triste, ouin ouin ». Je voulais en faire au moins un pour montrer « vous avez vu les gars, moi aussi je sais faire ça, je vous encule ». C’est pas parce que je suis un rigolo qu’il m’est pas arrivé des couilles dans la vie. Si je ressens l’énergie de refaire un truc comme ça aussi, oui pourquoi pas.

STR avec les femmes, c’est plutôt comme dans Alizée ou c’est un grand romantique ?

T’aimerais bien savoir hein ? (rires) C’est un peu les deux. Mais le morceau Alizée est un morceau de grand romantique (rires). Je t’avoue que ce morceau, je l’ai écrit, j’avais tous les couplets mais je n’avais aucun refrain. Je m’étais dit : « je vais parler de toutes les meufs qui m’ont fait du mal », et après ça a mis vraiment un mois ou deux pour trouver ce refrain qui est vraiment de la merde, qui est juste un mot, parce que je ne voulais viser personne. Voilà, je suis plutôt comme ça, si t’as écouté et que t’as compris, t’as compris.

Il y a un mois tu as balancé un morceau qui s’appelle Lean et que tu n’as pas mis dans ton album. Est-ce que tu te fixes des limites ou te dis parfois que tu vas trop loin ?

Écoute, ma mixtape Wonderland 1 était finie quand on a enregistré encore deux morceaux au stud’ avec Yogen qui s’appelaient Lean et Finish Him. Les deux je les trouvais exceptionnels, on les a vraiment faits en une traite. On les a enregistrés à 1H du mat’, déchirés après une bouteille de rhum, vraiment un délire à la con. Les deux morceaux de dingue et je me suis dit : « le projet est fini, peut-être que là je suis à fond dedans parce qu’on vient de les enregistrer. Je sais pas si ces morceaux sont vraiment bons, je ne sais pas si je peux les incorporer au projet ». Donc j’ai choisi de mettre juste Finish him et Lean je l’ai gardé, je ne devais pas la sortir mais finalement j’ai balancé ce truc pour tripper.

Est-ce qu’il y a des collaborations, tous styles confondus, que tu voudrais faire ? Des artistes particuliers ?

Pleins d’artistes en particuliers, c’est juste que je n’ai pas les moyens. J’aimerais beaucoup faire des collaborations avec des artistes américains que j’écoute qui viennent d’Atlanta. C’est compliqué parce qu’ils en ont rien à foutre, mais ça c’est vraiment le gros truc que j’aimerais bien faire.

Qu’est-ce qu’on peut attendre de toi en 2016 ?

Déjà le 20 février, il y a la compilation 2808 qui va sortir en collaboration avec BVBEL qui a fait toutes les prods et est un pote que je connais depuis très longtemps. On a invité blindé de gens à poser dessus mais c’est vraiment moi qui ai orchestré ce truc, dans le sens où on a tout enregistré avec mon stud’. Ca m’a permis de me familiariser pour apprendre à maîtriser le matos pour sortir mon prochain projet Wonderland 2, qui sortira en août, un an après le premier. J’espère en sortir un tous les ans en août, et en plus de ça faire d’autres trucs.

Photo: BVBEL

Tracklist ID:

Tommy Kruise – Smokin Sippin Drippin

So Pretty – Fucc to tha cash

Cashy Kesh Dolla – Playa Pimpin’

Pouya – Energy

Goth Money Records – Movie

MADEINTYO – I Want (Skr Skr)

Nedarb Nagrom – Die Any Day (feat. J.Trauma)

Curtis Heron & Cat Soup – Descarinate (feat. Bones)

STR – Smoked Out Loced Out Remix

Playboy Carti – Broke Boy

Curtis Williams – Drip (feat. Riff Raff)

littlegirl420 – y they dnt frown emoticon

Maxo Kream – Cell Boomin (feat. Father)

Asap Rocky – Electric Body (feat. Schoolboy Q)

STR – Kiss Kiss Bank Bank

Father – Read Her Lips (STR Remix)

Oh Rare & Myth Syzer – TSB (feat. Jeune LC)

Bones – FunnyToSeeYouHere

Dexter Dukarus – Free my Jack (feat. Lord Narf)

Slug Christ – Walked away inspirational message version

Yung Lean – Damn Gud Shawty

Yung Hurn – Nein

Uzi – Blue

Casisdead – 6PM

Joebillylouis – Escape

Dthclw – Midna

https://soundcloud.com/strbxl
https://www.facebook.com/STR-1566775733568761/?fref=ts
https://www.youtube.com/channel/UC6tnIOjEUrckIJxcMW4l0rQ
https://www.youtube.com/channel/UCU2s804VjLOLnqYvvwp8u8g

Artwork par Sébastien Collet

Maybe Belgium #12: Peter Clinton

C’est au Skatepark du centre ville, lieu qu’il apprécie tout particulièrement, que Peter Clinton nous a donné rendez-vous Dimanche dernier. Le producteur a accepté de se livrer à BeatChronic et voici ce qu’il nous a dit entre deux interruptions du classique “Drari maigrichon avec un peau de pêche venant gratter des feuilles et du feu”.

BeatChronic presents “Maybe Belgium” #12 : Peter Clinton by Beatchronic on Mixcloud

Pourquoi avoir choisi Peter Clinton comme pseudonyme ?

En fait, c’est pas compliqué, ce sont mes deux autres noms. Alors la petite histoire est chouette c’est que ma mère était… bon ça fait un peu baraki de le dire comme ça mais elle était fan de Clint Eastwood. Du coup elle voulait m’appeler Clint et mon père quand il a entendu ça, il a fait « ah non ça ressemble à un cliquetis de verre », tu vois, il fait « non, tu peux faire Clinton au pire ». C’était avant le président et il est arrivé juste 2 ans après donc ça venait même pas de lui.

Comment est-ce que tu résumerais ta musique si tu devais le faire en 3 mots : un artiste, une émotion et une chanson ?

Un artiste, Shungu, une émotion (longue réflexion), je dirais l’émotion elle-même. Et la chanson, c’est compliqué comme question, mais si je devais dire un style de chanson, je dirais le Boom Bap (rires). Une chanson précise, c’est difficile. J’en ai tellement.

Tu as choisi ce lieu pour le skate on l’imagine, mais tu dois avoir pas mal de souvenirs ou un ressenti particulier ici, qu’est-ce qu’il représente pour toi?

Bah ouais, j’ai quand même passé quelques moments ici, en général toujours avec mes amis, on skatait, on faisait un peu de tout, on chillait. C’est aussi un endroit qui regroupe beaucoup de gens de Bruxelles. Parce que je crois que c’est ce qu’il inspire aussi, c’est quelque chose de positif ou tout le monde peut être ensemble malgré sa personne. L’idée me plait bien parce que je ne pense pas qu’il y ait beaucoup d’endroits comme ça à Bruxelles.

Donc tu dirais que c’est ton endroit préféré à Bruxelles ?

Ouais pour chiller en tout cas, peut-être pas pour manger etc mais pour chiller ça me plaît bien, c’est déjà ça.

Justement, en parlant de tes lieux phares, est-ce que tu as un disquaire préféré en Belgique ?

J’ai envie de dire internet (rires). C’est celui qui a de tout. Les vinyles, c’est plus quand mon pote Louis (ShunGu) en achète, je me pose avec lui. Je suis pas encore vraiment au stade où je me fais une collection de vinyles, c’est plus un truc que je ferai quand je n’aurai plus d’autres choses pour chiller. Ou sinon ça ne m’empêche pas de digger quand même (sur internet).

Photo : Romain Scaillet

Photo : Romain Scaillet

Raconte-nous un événement marquant dans ta vie

Avec le temps je tourne ça un peu à la rigolade: en menuiserie, je me suis scié un pouce une fois. J’ai fait une mauvaise manœuvre avec une scie circulaire et mon doigt y est passé. Les médecins ont bien recousu, ils ont refait un pouce avec ce qui restait. Ça me fait tripper mais c’est un peu un gros truc dans ma vie qui m’a marqué. Sinon à part ça, la vie me marque en général (rires).

Depuis quand est-ce que tu produis?

Un peu moins d’un an et demi. (ça ne fait pas bcp plus ?). Non mais pendant presque 3 ans je suis resté posé à côté de ShunGu à l’écouter faire ses beats et donc j’ai envie de dire que mon oreille a aussi beaucoup travaillé.

Et comment tu l’as connu en fait ShunGu ?

(rires). Alors ça! C’était dans notre quartier à Schaerbeek, près d’Helmet. J’étais avec des potes qui avaient été au festival de Dour mais moi j’y avais pas été. Ils m’ont dit : “ouais viens, on va chez un type, il habite à Schaerbeek, il s’appelle Louis” Donc j’y suis allé et il était posé avec son cousin. Seulement j’avais pas directement tilté que c’était lui parce que je savais pas que le mec était métis. Et j’ai cherché Louis pendant quelques temps jusqu’au moment où je me suis mis trop à l’aise et on m’a fait comprendre que c’était lui, c’était drôle (rires).  Après ça, ça a commencé par aller se poser vite fait dans le quartier puis de fil en aiguille, passer à la maison, puis lui il a acheté sa MPC et ainsi de suite. C’est devenu un très bon ami.

C’est donc principalement lui qui t’a poussé vers la prod ?

Ouais voilà, j’étais à un moment ou ça n’allait pas trop, c’était un peu stagnant et il m’a dit « mais qu’est-ce que tu attends » ? Et voilà. Ça m’a défoulé en fait, autant que le skate, j’ai trouvé ça pas mal.

Encore une fois, y a pas de limites. La musique c’est sans limites et pour tout le monde.

Est-ce qu’il y a d’autres choses, d’autres personnes qui t’on poussé la-dedans ?

Ben j’aime beaucoup le groupe Odd Future, et j’avoue qu’ils m’ont bien inspiré. Vraiment je dirais qu’eux et Flying Lotus c’est un peu la musique que j’adule.

À l’écoute de la tape, on sent une très grosse influence beats mais on s’imagine que tu n’écoutes pas que ça. Quels sont les autres genres de sons que tu aimes écouter, sampler, produire?

En samplant, j’écoute un peu de tout et pour le coup j’écoute quand même pas mal de Soul, Funk, j’adore vraiment les samples Soul en tout cas. Parfois je suis dans des trucs un peu trip mais qui donnent bien ensemble, qu’on peut tourner, flipper différemment. Sinon ouais, j’écoute pratiquement que ça et du Jazz. Ce qu’on entend dans mes samples et le style aussi un peu dans le même genre, les KnxwledgeIman Omari et Mndsgn m’inspirent exagérément aussi.

Justement, c’est quoi ton matos/logiciel de prod ?

Je suis sur un logiciel là, Ableton. Sinon je suis sur un simple contrôleur pour l’instant, j’essaye de m’habituer à ça avant de passer à une machine. Je prend le temps, à mon avis ce sera une MPC, reste encore à voir laquelle (rires).

Après un an et demi, tu n’as pas encore l’impression d’avoir fait le tour de ce que tu as?

On en apprend tout le temps et je pense qu’il n’y a pas de limites, il faut pas mettre une limite à l’apprentissage. C’est quelque chose qui ne s’arrête pas et faut le faire chacun à sa vitesse. Moi je le fais et j’espère qu’il y a pas de fin quoi. Non, il y a encore beaucoup de chemin à faire, c’est sur, c’est que le début.

Certains artistes appréciant le Hip Hop font un lien entre le skate et leur musique, est-ce que c’est ton cas ?

J’écoute de tout à la base, mais beaucoup de hip hop c’est vrai et jamais beaucoup d’artistes à la fois, en général, je suis braqué sur les mêmes. C’est peut-être un défaut. Sinon je dirais pas que les deux soient liés. Au contraire, ça m’a permis d’un peu faire quelque chose de nouveau aussi. C’est ce qui était bien aussi.

En parlant de skate, Tony Hawk a scotché tout le monde avec son looping horizontal, qu’est-ce que ça t’a fait de voir ça?

Ouais j’ai vu. Déjà je suis menuisier donc le premier truc que j’ai vu c’est la construction de dingue. Ensuite je me suis dit: “on arrête pas d’innover et pour le coup, c’est pas un jeune mais c’est bien un ancien qu’il l’a fait et il a bien fait ça”. J’avais jamais imaginé ça possible, c’est too much (rires).

https://www.youtube.com/watch?v=rjL95XgSyO8

Est-ce que tu as ou as déjà eu une muse ?

Ma copine déjà, Pauline. Ça fait 6 ans que je suis avec. Du coup c’est vraiment une personne quotidienne qui m’apporte tout ce dont j’ai besoin d’une personne humaine. Je dirais qu’à côté de ça, j’ai encore ShunGu et ses frères qui sont une autre bonne compagnie.

En parlant de ShunGu, on t’associe beaucoup à lui, qu’est-ce que tu en penses et comment tu l’interprètes ?

De toute façon, c’est lui qui m’a appris vraiment. Déjà à utiliser mon oreille, après j’ai appris juste en l’écoutant faire. Il m’a donné en plus de ça des notions du groove et des logiques de batterie etc. Ce que j’aime bien, c’est que dans son apprentissage, il ne m’a pas ancré dans son truc, je veux dire une fois qu’il a vu que j’étais lancé, il m’a laissé vraiment faire mon truc. Et je pense que si on est honnête avec soi-même, en écoutant, on peut quand même distinguer des choses qui sont différentes (entre lui et moi), même si ça ne fait qu’un an et demi que je produis. Mais bon voilà, il y a aussi pleins de choses que je n’ai pas sorties et je parle aussi en fonction de ça. Par exemple, j’ai un EP qui va sortir sur Hot Record Société, c’est Radio Futuro 2 parce qu’on a chillé aussi avec le gars du label cet automne. C’était pas mal, c’est un bon gars. En fait, il m’a proposé gentiment et j’ai pas pu refuser, d’ailleurs je suis flatté. Il y a pas vraiment de deadline, c’est une vingtaine de tracks donc je prend le temps de bien travailler ça. Il y a aussi une cassette qui va sortir sur UKNOWY, un label de Munich sur lequel ShunGu a déjà sorti aussi une track. C’est la cassette n°2 aussi, Pacifics Vol. 2. et c’est soutenu par Acie, un gars de Munich aussi.

Les tracks sont prêtes donc ?

Ouais ouais ouais, pour UKNOWY, c’est emballé, c’est pesé, ça dort et pour Hot Record Société, je dirais que c’est une affaire d’un petit mois pour que ce soit clôturé et envoyé. 

Parmi tes collabs, laquelle as-tu préféré ?

J’ai bien aimé les petites collabs avec Gi Tori parce qu’on était posés et en général on communiquait bien. J’en referais bien à l’occasion, on a toujours remis ça à plus tard mais faut qu’on le fasse parce qu’il y a vraiment un bon rapport entre nous deux, il y a bon un équilibre, on partage le même genre de trips.

Avec qui est-ce que tu rêverais de collaborer ?

Odd Future (rires). Y a pas de limites hein!

C’est qui le meilleur artiste belge du moment pour toi ?

Il y en a un dont on parle peut-être pas encore beaucoup mais c’est Mehbian, c’est un Liégeois, et franchement, il est comme moi, il a pas énormément de matos mais le gars a quelque chose, c’est sur. J’aime bien ce qu’il fait. J’aime bien aussi Fris, un Gantois.

Comment te vois-tu dans 15-50 ans ?

(Longue hésitation). Dans 15-20 ans, j’aurai déjà fait beaucoup de choses, je crois. Dans tous les sens du terme. Je sais même pas dire, à mon avis, j’aurai déjà des enfants (rires)… au Canada ça me plairait bien.

Qu’est-ce que la théorie de la “Black Music” ( les styles Soul, R&B, Funk, Hip Hop,… seraient “réservés” aux noirs ) t’inspire?

Moi je pense que la musique c’est pour tout le monde. C’est pas une question de couleur, c’est avant tout une question de partage. Y a des types en Europe de l’est dans les années 70 qui produisaient des grooves à te faire zooker toute la nuit (accent qui va avec). Ou alors même des Japonnais, y a pas de limites. Encore une fois, y a pas de limites. La musique c’est sans limites et pour tout le monde.

Dans quelles dispositions voudrais-tu que les gens soient quand ils écouteront ton mix ?

Je dirais posés, pour bien capter les informations.

Il y a un message particulier à faire passer dans cette tape ?

Avec des choses simples on peut se faire plaisir.

 

Tracklist ID :

Peter Clinton – Unreleased
GRiMM Doza – Inhale [Prod. Ricky Reasonz & GRiMM Doza]
Peter Clinton – Unreleased
Peter Clinton – Or_nah
Mehbian – Body t’Body
Gi_T0ri – Oooh
ShunGu – Cookiness
Peter Clinton – You on point phife ?
Knxwledge – Haveitall[TWRK]
Noex – The Craft
Mike G & Pyramid Vritra – November (Prod. BigCat)
Devilish Kontra – Kontradiction (Prod EMP)
Psymun & Chester Watson – Dead albatross
Mellowhype – 65/Breakfast
Knxwledge – Trshwng[TWRK]
Peter Clinton – Shame
Iman Omari  I’ll do anything for you
Iman Omari – Go DJ [FLIP]
Peter Clinton – Wrk_it
Peter Clinton – Wish
Peter Clinton – Unreleased
Un asticot – Flocon chaud (Prod. ShunGu)
Peter Clinton – Unreleased
Vince Staples – Super
Kali Uchis – Table for two
Kali Uchis – T.Y.W.I.G.
Un asticot – Mort la vie (Prod. ShunGu)

Toutes les transitions sont réalisées par Peter Clinton

Artwork par Sebastien Collet

Maybe Belgium #11 : rencontre avec SMODBT

Vous commencez à connaître le principe : un DJ et/ou producteur belge, une track list hybride et une mixtape inspirée, on parle ici de Maybe Belgium. Et c’est SMODBT A.K.A. Some Ol’Dirty Beats qui s’y colle pour la 11e édition. En accompagnement de cette mixtape, nous vous offrons une interview pour découvrir un peu plus le bonhomme qui se cache derrière cette bande sonore.

« La Musique est l’élément qui me connecte aux gens, à la ville où je vis, à la Mère Nature et à tous les éléments du Cosmos, du plus petit au plus large. La Musique a cette habilité à nous connecter en tant qu’Etres Humains, plus que n’importe quelle confession ou croyance du Monde. Quand je mets l’aiguille sur le disque et laisse le son caresser mes oreilles, je n’ai besoin de rien d’autre. Je suis debout, je ne bouge pas, j’écoute et me laisse envahir. Je pense que c’est une sorte de code acoustique de notre psyché. Il y a toujours une musique pour un moment que tu vis, pour l’état d’esprit dans lequel tu es, cette sorte de lumière qui traverse la fenêtre. La Musique m’apporte du positif et de la bonne énergie, je n’ai jamais essayé la méditation mais c’est un peu pareil, définitivement. »

BeatChronic presents “Maybe Belgium” #11 : Someol’Dirty Beats by Beatchronic on Mixcloud

INTERVIEW

D’où viens-tu, quel est ton parcours, depuis quand est-ce que tu mixes ?

Je suis né et j’ai grandi à Tunis dans une famille de mélomanes. Mon père est musicien amateur, il jouait du luth. Aujourd’hui il a une très bonne collection de vinyles et de cassettes, surtout de la musique arabe, orientale et jazz. J’étais donc baigné dans la musique depuis ma naissance. Et j’ai continué sur cette lancée en étudiant la musicologie, le piano classique et les techniques du son pour le cinéma et la musique. J’ai commencé à faire des sélections et les enregistrer sur des bandes magnétiques au milieu des années 90 avec une platine et deux magnétophones de mon père. J’avais aussi une vieille table de mixage empruntée à un ami qui ne s’en servait pas toujours. 

Qui t’a donné envie de faire de la musique ?
Mon père m’a fait aimer la musique mais il ne m’a jamais encouragé à faire un parcours musical. Il m’a toujours dit qu’on ne peut pas gagner sa vie en faisant seulement de la musique.

On se doute que ton blase fait principalement référence aux sons hip hop d’antan mais quelles sont tes 3 influences principales, les musts selon toi ?
Oui, j’étais un grand fan de Old Dirty Bastard (the craziest Mc of all time RIP !!!). Mais c’est aussi en opposition aux sons qui « brillent tellement ». Je m’explique : des sons qui sont traités et retraités au millimètre près, bourrés d’effets embellissants. De telle sorte qu’il n’y a plus aucune chaleur humaine dans la production finale. Moi ce que j’aime dans le travail artistique, c’est les petits accidents et les petites imperfections. Je trouve que ça rajoute de la valeur humaine, on sent que ce n’est pas une machine qui a fait le travail. Pour répondre à la question, le hip hop, le jazz et la musique orientale, sont mes 3 influences principales.

Je crois savoir que tu produis aussi, quelle a été l’impulsion qui t’a lancé là-dedans ?
En fait, je ne suis pas vraiment dans la production. J’ai essayé de faire quelques beats, oui, mais je n’aime pas ce que je fais, je préfère les productions des autres. En plus, je pense qu’il faut être dans un style ou genre musical bien précis pour produire. Ce qui n’est pas mon cas, j’aime plusieurs styles tellement différents. Le jour ou j’aurai fait le tour de toute la musique qui existe dans ce monde, peut-être que je pourrai y voir plus clair et me relancer dans mes propres productions!
  
Quel est, selon toi, le meilleur artiste belge de tous les temps ? 

Marc Moulin parce que je trouve que c’est un architecte de la musique. Il arrive à synthétiser énormément d’influences différentes pour faire un travail très abouti et esthétique, tout en gardant toujours une touche expérimentale. Ce qui est de l’ordre du génie musical selon moi. En plus, il est à l’aise aussi bien en jazz qu’en électro ou encore en pop.

Quel est, selon toi, le meilleur artiste belge du moment, celui qu’il faut suivre absolument ? C’est difficile à dire, il y en a un tas qui sont vraiment bons. J’aime beaucoup ce que fait Shungu, il vient de sortir un nouveau projet bien jazzy, il est jeune et je pense qu’il peut aller encore très loin. Après il y en a plein d’autres, l’Or du Commun, MonkeyRobot, LTGL ou encore Stuff qui est un band de jazz fusion. Je trouve que ce groupe est vraiment la continuation du travail de Placebo (le groupe de Marc Moulin). ll y a aussi Oyster Node, un nouveau groupe de Bruxelles, ils viennent de sortir leur premier EP, YEARN, un mélange de hip hop, de soul et d’électro qu’ils appellent la Cosmic R’n’b.

Quelle est le meilleur festival belge ou la meilleure salle/boite belge selon toi?
Il y a le Dour Festival, l’AB, le FUSE, Het Depot, le Vooruit. C’est surement parce que ce sont aussi les endroits où je sors souvent !

Et à quel endroit rêves-tu de te produire ?

C’est l’énergie du public et leur amour pour la musique qui compte le plus pour moi, peu importe le lieu. Ce qui compte c’est un bon sound system et de la bonne énergie humaine!! J’ai fait des sets dans des petits lieux pas connus du tout, mais qui m’ont inspiré et m’ont marqué par leur chaleur et l’énergie positive qu’ils dégageaient.

Est-ce qu’aujourd’hui ton activité musicale suffit à subvenir à tous tes besoins ? Si non, comment fais-tu pour joindre les 2 bouts ?
Non, la musique ça ne me suffit pas pour le moment, je gagne ma vie en tant qu’ingénieur du son sur les tournages de films.

Peux-tu nous dire 2 mots sur ton mood et tes intentions lorsque tu as fait cette mixtape ?
Je voulais provoquer une émotion chez l’auditeur, construire une atmosphère dans laquelle il peut voyager!

Quel est ton avis concernant la polémique sur les réfugiés qui retourne une bonne partie de l’Europe depuis quelques semaines déjà ?
Il y a quelques jours j’ai vu un dessin d’Ulystrations qui met en scène une discussion entre un demandeur d’asile et un politicien européen sur le bord de la frontière. Je pense que si l’être-humain réussit un jour à se débarrasser de sa peur animale, qui a été très utile pour sa survie au début de l’évolution, on pourra faire avancer beaucoup de choses et ce sera le début de la civilisation, à mon avis!    

Tracklist ID :

John Lee & Gerry Brown – Talkin’ ‘Bout The Right One
Bill Withers – Don’t You Want To Stay
The Main Ingredient – Summer Breeze
The Bar Kays – Attitude
Wale feat. Hit Boy – The Right One
TK – Alright [for E]
Ta-Ku – Trust Me
Trance Farmers – Lone Star
The Internet feat. Janelle Monáe – Gabby
Bizarre Ride – Double LieF
Lion Babe – Wonder Woman (Suff Daddy’s Remix)
MRR ADM – 013
Kamasi Washington – Miss Understanding
Poncho Sanchez – A Night In Tunisia
Joe Williams –  Get Out Of My Life Woman
JeanJass –  Mes Jambes
Inspectah Deck – Elevation
Notorious B.I.G. – Warning
Maayan Nidam – Merry Go Round
AME – I hope that I
James Asher – Robottom
J Dilla – Give Them What They Want
Aillacara 274323 – Cumbia Yerba Buena
Unreleased
L’Or du Commun – Trèfle d’Or
Michal Urbaniak feat. Urszula Dudziak – A Day In The Park
Noza – Routine Alexandra
Anderson  Paak – Miss Right
Bilal – Satellites
Ernie Hines – Our Generation
Sly And The Family Stone – Sing A Simple Song
Unreleased
Dego & Kaidi – Black is Key
SoulParlor – Ejectronic
Leon Vynehall – It’s Just (House of Dupree)

Toutes les transitions sont réalisées par SMODBT

Artwork par Sebastien Collet

 

Première vidéo pour Russel Clay

Russel Clay est un producteur de musique électronique, membre du projet FTRSND. Son style se situe au croisement de la techno et de la “dark electronica”, mais toujours avec une intense touche obscure dans ses productions.

Nous l’avons déjà accueilli pour le 8ème épisode de notre série Maybe Belgium, et l’avions également rencontré lors d’un “Lab” de FTRSND.

L’artiste, grand ami du producteur et artiste graphique Sonøren, a collaboré avec ce dernier pour la réalisation de sa toute première vidéo, annonçant la sortie imminente de son nouvel EP: “May 24”.

Découvrez sans tarder cette vidéo, et laissez vous envoûter par le côté obscur !

BeatChronic presents “Maybe Belgium” #10 : Lee Davon

Nous célébrons encore l’Eté sur de la dance et pensons que Lee Davon est le candidat idéal pour vous assurer des vibes ensoleillées! Adepte du vinyle depuis 1999, fondateur et moitié d’Umlaut, notre invité nous emmène dans un voyage rempli de rythmes hypnotiques, de vocalises séduisantes et de lignes de basses profondes, flirtant constamment entre house et techno. Successivement promoteur, agent et directeur artistique du FUSE de 2003 à 2013, Lee Davon est désormais résident aux soirées concept KULT! et B-EATS.

Read More

BeatChronic presents “Maybe Belgium” #8: Russel Clay

Musicien accompli, Russel Clay nous emmène dans un univers onirique à la fois ténébreux et lumineux. Les sons qu’il compose au moyen d’un appareillage analogique sur mesure vous transporteront entre compositions classiques et techno machinale, avec des influences électroniques tels que le breakcore ou encore l’acid.Russel Clay fait partie de FTRSND, une initiative bruxelloise qui rassemble les producteurs de musique électronique “fait maison”.

Read More

BeatChronic présente “Maybe Belgium” #7: Jazzawesz

Pour ce 7ème voyage musical de la thématique “Maybe Belgium”, nous avons invité “Jazzawesz” de Sint-Niklaas, près d’Anvers. La musique est selon lui le meilleur moyen de se relaxer et lui permet d’explorer pleinement sa créativité dans son domaine favori : la House music. Pour vous présenter le genre, il a préparé un beau cocktail d’artistes belges tels que Pat Lezizmo, Kraanwerk, Khillaudio, Furniture Crew, Lockwood mais également ses propres productions.

Read More

BeatChronic presents “Maybe Belgium” #3 : Turtle Master

“I got interested by music through dance. After nearly 15 years of B-boying, I could gather quite a lot of tracks because the beats we danced to were hard to find on the net. It opened my mind because compared to most kids of my generation; I didn’t grow up with the charted hits. B-boys older than me have broadened my culture and it got wider when I came to age to go out party and I could get into different kinds of electronic sounds. Today, I can’t figure my life without music. Back home, I recall my mother telling me “You’ve bought cds again? But you already have so many!” a bit like if they were clothes. It always made me laugh.”

Read More