Taku or not Ta-Ku ?…
23 Mar 2014

Taku or not Ta-Ku ?…

L’Australie est le pays des surfeurs blonds

23 Mar 2014

L’Australie est le pays des surfeurs blonds platine aux yeux bleus et aux dents blanches comme neige, des aborigènes et leurs yidaki ou didgeridoo (instruments de musique) des kangourous et des koalas tout mignons.C’est aussi le pays de Chet Faker. Avec tout ça, on pourrait penser que ce pays a déjà de bonnes choses à apporter. Et pourtant, l’Australie nous offre aussi Ta-Ku, un prodige du beatmaking.

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Attention, à ne pas confondre avec le Taku Takahashi des M-Flo! Groupe qui, à l’aube des année 2000, balançait quelques sons légèrement assimilables au Hip-Hop de cette époque. Deux autres acolytes accompagnaient ce Taku : le rappeur Verbal et la chanteuse Lisa. En voici un extrait…

Le groupe Japonnais, constitué intégralement à la fin des années 90, fait son petit bout de chemin et conquiert toute l’Asie. Il est alors considéré, dans le continent, comme le plus influent de sa catégorie. Malgré tout cet enthousiasme autour d’eux, la chanteuse émet assez rapidement la volonté de se lancer dans l’aventure de la carrière solo. Elle quitte ainsi le groupe en 2002. 

M-Flo

Les deux compères restant ne se laissent pas abattre pour autant et continuent de produire des sons avec ce qu’ils appellent ” M-Flo loves… project . Et c’est là qu’ils croisent la route de Crystal Kay qui deviendra leur chanteuse attitrée. Cela ne les empêchera pas de collaborer avec de nombreux autres artistes (chanteurs) essentiellement Japonnais tels que Kahimi Karie et Akiko Wada. En 2008, ils décident quand même de faire une “pause” afin de se consacrer chacun à leur propre carrière. Quatre ans plus tard, ils se retrouvent pour sortir Square One. Plus ça va, plus ils produisent de la musique que certains appelleront, sans nuances aucunes, purement commerciale. Par soucis de diplomatie, je n’en rajouterai pas plus. 

Orientons plutôt notre attention vers LE Ta-Ku dont il s’agit ici. Mais qui est-il donc? Basé en Australie, ce DJ/producteur dont on ne connait pas grand chose, si ce n’est qu’il fait partie du label Soulection, est ce que j’appellerais un sampleur fou. Il revisite des tonnes de sons en leur extrayant une partie dont il se sert comme base pour en créer un nouveau. Fervent fan du producteur J Dilla (Jaaaaaay Deeeeee) que l’on ne présente plus, il lui a consacré un hommage selon le principe ” One day one track “. D’après ce concept, le DJ balance chaque jour un beat qu’il a produit par le samplage d’un autre son. Il fixe ainsi un nombre de jours durant lesquels il parcourra la discographie de l’artiste qu’il aura choisi. En début 2012, Ta-Ku a relevé le défi de tenir 50 jours. Exploit qui n’est pas pour nous déplaire. Une année plus tard, il remet le couvert avec “25 Nights for Nujabes“. De son vrai nom, Jun Seba, est un producteur japonais friant de Hip Hop teinté de Jazz (On vous en parlait lors des premiers balbutiements de votre Webzine préféré ici ). Il a également fondé le label indépendant “Hydeout Productions”. Dire qu’il était un p***** de génie de beatmaker, serait un euphémisme. Mais il faudra malheureusement s’en contenter car Ta-Ku attend que l’on termine son éloge. [soundcloud id=’76654267′ width=’100%’]

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Avec ces sons, on peut déjà sentir la couleur musicale de Ta-Ku. Couleur qu’il est bien difficile à définir. Avec cette multiplicité de sons, qu’il agence de façon inhabituelle  pour progressivement installer une atmosphère riche et nuancée, on pourrait dire que Ta-Ku nous retourne littéralement le cerveau. Ce qui prime quand on l’écoute, c’est un sentiment de sérénité ultime, de relaxation inégalable. Plus encore, c’est comme si l’on entrait dans un autre monde, sur une autre planète. En fermant les yeux, on s’imagine flottant dans l’univers, découvrant des objets inconnus, des planètes, des extra-terrestres, des animaux aux formes farfelues flottant à nos côtés. Bref, on est secoué, on découvre un horizon musical jusque-là inconnu.

Dernier Ep en date, ” Songs to Break up ” sorti en Octobre de l’année dernière. Concentrons-nous donc sur ce petit bijou. Avec cette réalisation, Ta-Ku explique qu’il a voulu provoquer en ses auditeurs plusieurs sentiments différents : les remettre d’aplomb en cas de coups durs, les accompagner dans toutes les étapes qui suivent une rupture ou dans le cas de la perte d’un être cher. Mais aussi, paradoxalement, retransmettre la joie que l’on ressent lorsque quelqu’un de bien entre dans notre vie. Plutôt que de le décrire pendant des heures, écoutons- le.

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C’est le premier titre de l’EP et on commence en force. Mais, mais, mais il est mal orthographié?!? Eh bien, ce n’est pas un hasard d’après le beatmaker. En réalité, c’est pour représenter à la fois le début de la fin d’une relation et le partenaire qui, n’étant plus amoureux, se languit de mettre un terme à cette relation devenue pour lui un calvaire. Vivre pour vivre, c’est le titre du son de Francis Lai (qui n’est autre que la BO du film du même nom sorti en 1967) samplé par Ta-Ku pour nous offrir ce beau commencement. 

Au début du son une atmosphère sombre et vide  pour imager quelqu’un qui ne sait pas où il se trouve, complètement perdu au milieu de nulle part. Puis arrivent ces espèces de bruits de verre qui se cassent en heurtant le sol pour symboliser le cœur qui se brise en mille morceaux, qui vole en éclat. La force du choc rappelle la  violente douleur que l’on ressent lorsque l’on perd un proche, quel qu’il soit. Cette douleur qui nous inhibe, nous rend incapable de faire quoi que ce soit. On est comme dans une spirale infernale dont il est impossible de s’échapper, un cercle vicieux, la douleur ramène à la douleur. L’intensification du son le rappelle très nettement. Quand tu crois qu’il n’y en a plus et ben il y en a encore

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Atu est un beatmaker des USA pour qui Ta-Ku a beaucoup d’admiration. C’est donc le partenaire qu’il a choisi pour faire la transition de son EP. On arrive donc au track n° 5. Il n’est ni triste ni joyeux. Ça pourrait être un son pour quelqu’un qui vient de rompre mais aussi pour quelqu’un qui est en train de tomber amoureux. Peut-être que certains reconnaîtront aisément les voix samplées de Janet Jackson sur Fall so deeply in love et Keith Sweat sur TwistedPuis vient la presque fin de l’EP avec Healing (Hope You’re Well) et Moving On, censés symboliser le renouveau, la renaissance après la rupture, quand on est soulagé, guéri, et qu’on ne pense plus à l’autre. 

Les sons sont quasiment tous construits de la même manière, nous dit Ta-Ku : l’attaque est lente et “soft”, puis les émotions augmentent en intensité au fur et à mesure pour atteindre le pic à la fin de la chanson. Il en est de même techniquement, on a un kick très lourd, une caisse claire fortement présente et de la réverbération pour installer une ambiance envahissante. Ce dernier outil est selon Ta-Ku indispensable à tous les beatmakers : “I feel like reverb can always be your bestfriend, it gives so much feeling to other kicks, other snares, other vocals“. En fait, c’est un effet qui consiste à ajouter une résonnance sur certains sons pour leur donner plus d’impact et de longueur. Malgré cette redondance omniprésente dans son EP, il arrive a produire des atmosphères assez différentes sur chaque son, tellement que l’on ne se rend même pas compte que leurs constructions sont fortement identiques. Aux premiers abords, ses sons pourraient sembler trop moroses, noirs, voire déprimants. Après mûre réflexion, on est forcés de constater qu’ils sont saisissants et dans le bon sens du terme. On aurait envie de dire qu‘on voit la vie en rose quand ils nous prennent dans leurs bras et qu’ils nous parlent tout bas. Une fois appuyé sur play, on oublie tout, on se laisse entraîner aux rêveries pour un temps. Il y a un certain charisme captivant dans ses chansons qui, je pense, ne font que traduire celui du producteur qui, je l’espère, a un long avenir devant lui. Le sampleur fou voulait provoquer des sentiments paradoxaux en nous, et bien je pense que c’est réussi, qu’en dites-vous? En tous cas, triste ou pas, amoureux ou pas, cet EP s’écoute d’une traite. Allez un dernier son pour la route !

 Et voici l’EP en entier pour ceux à qui ça aurait mit l’eau à la bouche :::

 Pour une analyse détaillée de l’EP faite par Mr Ta-Ku lui-même :::

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Épilogue

Ta-Ku travaille actuellement sur le projet de HOWLS qui n’est autre que le nom donné à son association avec Kit Pop. Ils sont en pleine construction d’un EP dont on ne connaît pas encore le nom mais qui s’annonce déjà lourd. Un dernier extrait, je le promets !

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