L’Outlook festival fait parler de lui depuis maintenant environ 8 ans, on se doutait pas qu’un tel monstre de festival se cachait dans la partie (stéréo-typiquement parlant) la moins glam d’Europe: la Croatie. Bien que 12 heures de route nous séparent des portes de l’eargasm, c’est bien au Fort Punta Christo, Pula, qu’il fallait être en ce début de mois de septembre. Chronique d’un festival XXL qui n’a laissé personne indifférent.
Au cours des publications concernant l’Outlook Festival qui rythmeront la semaine, on ne vous fera pas seulement le récit, mais bien un décorticage, de tout ce qui fait la saveur du festival. De la qualité des soundsystems, à la politique drastique concernant la drogue en passant par la taille (ridicule) des mini-shorts des festivalières ou encore des délires vestimentaires les plus fous des festivaliers.
Impossible de passer à coté de la beauté de la région, la Croatie est une perle en bordure de mer. Peu d’endroits en Méditerranée regroupent autant d’architectures différentes dans un si petit espace. Les temples romains y toisent les palaces baroques, les églises chrétiennes font face aux villas viennoises, et des pans de murs médiévaux télescopent des édifices remontant à l’Antiquité. Pula, en plus d’être une ville bilingue où l’on parle le croate et l’italien, est détentrice d’une cuisine métissée.
On y mange aussi bien des gnocchi al ragu que des ćevapčići ou encore de succulents poivrons farcis. C’est sans parler de la qualité de la boulangerie ou des spécialités comme le mesni-burek, un mélange entre une crêpe croustillante à la viande et (niveau forme) une couque suisse, un régal. Le coût de la vie est assez bon marché, car en Croatie l’euro n’a pas encore brûlé ce qui restait de notre pouvoir d’achat, on y utilise la devise locale le Kuna (1euro = 7kunas). Pour un repas de 4 personnes avec des appétits de sangliers de sous bois, vous pourrez vous en sortir pour la somme d’environ 25 euros boissons comprises, dans un restaurant de “locaux”. Les restaurants de touristes sont bien sûr à éviter si l’authenticité vous est chère ou si votre portefeuille ne vous le permet pas.
Le festival se trouvant en partie à Pula pour le concert d’ouverture dans le (somptueux) amphithéâtre romain, vous ne pourrez probablement profiter de Pula que d’un jour ou deux, en effet les choses se passent à environ 8 km du centre. Un bus de la région vous y emmène à un prix tout aussi démocratique que le reste. Et c’est dans cette partie de Pula, précisément à Tvrđava Punta Christo ou Fort Punta Christo que les Anglais d’Outlook ont établi leur business, car oui, on y passe un séjour inoubliable mais c’est toutefois une affaire commerciale de qualité dont il est question ici.
Photo: Alexandre Gubbelmans
Le fort est une pure beauté héritée des Autrichiens du 19 ème siècle et destinée originellement à défendre leur principal port. Sa taille est simplement énorme, c’est probablement l’un des plus grands festivals d’Europe qui accueillait en 2013 jusqu’à 12 000 festivaliers venus de toute l’Europe. En s’y perdant (oui c’est franchement possible), certains coins et scènes peuvent faire penser à sa cousine très lointaine: l’abbaye de Floreffe qui accueille Esperanzah! mais dans un cadre plus restreint. Le festival tourne ici grâce à 11 scènes en plus des boat parties et des soundsystems du camping sauvage.
Photo: Alexandre Gubbelmans
La culture soundsystem, c’est la pierre angulaire d’Outlook. On croise sur une dizaine de scènes des légendes de l’UK Garage et de la jungle comme Dj EZ ou Goldie, des princes du Grime comme Stormzy et Skepta ainsi que des pointures internationales comme Pete Rock ou Madlib. Un des atouts majeurs du festival est sa toute puissance en matière d’équipement sonore, importé d’écosse et de Londres, certaines enceintes semblent être soit venues du futur soit sorties de l’atelier d’un menuisier. Le soundsystem de la Beach Party par exemple a été fabriqué main.
“La sound system culture conférence, on va d’office essayer de l’étendre l’an prochain avec plus d’interventions et d’intervenants du calibre de Loefah qui y était présent.”
On pouvait aussi, grâce à la collaboration entre le festival, Ableton et Native instruments, profiter de la Knowledge Arena : endroit dédié à la découverte des dernières technologies en matière de software et hardware. L’occasion rêvée pour les fans de toucher au nouveaux claviers/boites a rythmes de Native Instruments, Maschine et aux dernières versions d’Ableton ainsi que de découvrir par exemple les hollandais de Noisia, ou l’anglais Icicle en plein workshop créatif sur du matériel flambant neuf. Une expérience unique qui a elle seule vaut le détour croate. Lors de notre entrevue avec Victor, le community manager d’Outlook, il nous a confié l’ambition de développement du festival:
“La sound system culture conférence, on va d’office essayer de l’étendre l’an prochain avec plus d’interventions et d’intervenants du calibre de Loefah qui y était présent. Aussi, la Knowledge Arena cette année avec Subpac (Sac à dos à retour haptique) Native Instruments et Ableton a beaucoup évoluée depuis l’année passée, c’est donc quelque chose qu’on va une fois de plus bosser à fond pour la prochaine édition.”
Photo: Alexandre Gubbelmans
Outlook, c’est un festival européen. On y a croisé de tout mais surtout des anglais, normal ce sont 5 anglais qui ont créé ce dernier. Avec une proportion de festivaliers qui était à dominante anglaise, un défi du festival lors de ses premières années était selon Victor de: “Diversifier la population en favorisant surtout les croates locaux qui s’investissent dans le bénévolat du festival et en tant que festivaliers, cette année on compte beaucoup de suisses, d’autrichiens, des français et des belges également.”
Les anglais sont connus pour être une nation particulièrement sensible à la consommation de toutes sortes d’opiacés et drogues (on ne vous apprend rien). Cependant, en tant que festival anglais établi en Croatie, dès notre arrivée on n’a pas pu passer a coté du panneau “zero tolerance for drugs” et c’est exactement leur ligne de conduite. Dès l’entrée du festival, fouilles des sacs (plus ou moins intransigeantes selon les heures) et amende à la clé si vous êtes pris en train de rouler un gros chicon. Sans être drastiques, les contrôles existent. Victor explique : “C’est en fait plus lié à la législation concernant les drogues qui est dure en Croatie que nous appliquons cette ligne de conduite. Tout le monde aime faire la fête, seulement en Croatie nous n’avons pas le choix, c’est pourquoi certaines mesures sont prises au festival pour respecter le pays.”
Outlook est un festival hors norme à bien des niveaux et en termes de stupéfiants, on vous conseille de ne pas jouer avec le feu. Les croates ne rigolent pas, on a entendu parler de quelqu’un qui aurait écopé de 500 livres d’amende pour du cannabis! Retrouvez la suite de notre séjour dans la partie deux et trois de notre série dédiée au festival anglo/croate.