Le magicien Ozhora à la conquête du monde
31 Mar 2016

Le magicien Ozhora à la conquête du monde

Il n’a que 22 ans, et pourtant

31 Mar 2016

Il n’a que 22 ans, et pourtant son nom commence à se faire connaître jusqu’aux States. Ozhora Miyagi est un des producteurs du moment, avec des tubes comme Génération Assassin et Diego à son actif. C’est armé de travail, de talent et de beaucoup de culot que le jeune liégeois a taillé son succès. Des mangas à Kanye West, son univers si particulier est un melting pot de cultures à la base radicalement différentes.

Depuis sa chambre à Liège, Ozhora s’est aujourd’hui fait un nom dans le domaine du hip hop. Un domaine qui lui a tendu les bras dès le plus jeune âge par l’intermédiaire de sa famille. “J’ai baigné dans le rap, quand j’avais 5 ans j’écoutais déjà des sons qui étaient sortis 10 ans avant. J’ai un grand frère qui en écoutait beaucoup ». Il n’est donc pas étonnant qu’il ait une grande culture rap, qui s’est forgée d’années en années et parfois de manière anecdotique. “Mon oncle ne trouvait jamais d’autres cadeaux d’anniversaire ou de Noël à donner, donc il donnait toujours plein de CDs de rap ».

Une passion qui l’a poussé à devenir rappeur, bien avant que l’idée d’être producteur lui vienne à l’esprit. Mais de fil en aiguille, la transition s’est faite: “A partir d’un moment, je voulais faire les instrus de mes propres chansons et au fur et à mesure, j’ai arrêté de rapper et j’ai bossé uniquement sur mes productions ». A ce moment-là, il était bien loin de penser qu’il travaillerait avec des artistes comme Booba ou Tory Lanez. “Avant de commencer dans la musique, je les voyais vraiment comme intouchables, des gens à qui on ne peut pas parler. Puis avec le temps, c’est devenu naturel de rentrer en contact avec eux ». Une success story qu’il doit à sa persévérance, après de multiples mails et messages Facebook envoyés aux artistes.

La recette pour une bonne session studio avec Ozhora ? Toujours commencer par regarder un manga, ou du moins faire quelque chose qui n’a rien à voir avec la production. “Je ne dois pas penser « je fais une instru aujourd’hui ». Je chill un peu, je joue à la play, regarde un anime, puis quand l’inspi vient je mets sur pause et je m’y mets ». Et avec toutes les prods qu’il a fait, il en a vu passer des animes. Un en particulier l’a inspiré: One Piece. Il nous avoue même avoir déjà samplé tous les openings du célèbre manga, bien que ces instrus aient dû passer à la trappe à cause des droits d’auteur. Mais l’œuvre d’Eiichiro Oda lui apporta autre chose: sa signature. En effet, on entend le fameux rire de Brook au début de ses compositions. “Chaque instru est différente et les gens ne vont pas faire le lien entre deux. J’ai mis ce gimmick pour que les gens sachent que c’est moi rien qu’en l’entendant ». Une façon originale de mettre un nom sur ses productions donc. Avec tous ces atouts et cette manière de faire, il a attiré l’attention de bon nombre de rappeurs.

Parmi ceux qui ont été séduits par son travail, on peut noter un belge en la personne d’Hamza. Cette collaboration était très demandée par leur fan et a finalement vu le jour, bien qu’on ait pas encore pu entendre le résultat final. “Il y avait un article de l’AFP sur les rappeurs belges. A la suite de ça, on s’est un peu twitté, on a commencé à discuter et on s’est dit que ce serait intéressant de faire une session studio ». Hormis avec Gandhi, d’autres associations belgo-belges ne sont pas encore d’actualité, mais Ozh n’est pas fermé. Il semble même retrouver davantage un intérêt, respect envers les producteurs dans notre pays que chez nos voisins français.

Ozhora Miyagi

En effet, il déplore une mentalité trop souvent portée vers le “rappeur roi », et souhaite que le travail des producteurs soient mieux reconnu. “C’est une collaboration avec l’artiste, je ramène 50% de la musique, et il ramène les autres 50%. Personne n’est inférieur à l’autre, on travaille à deux . J’essaye de changer ce côté « Artiste star, producteur dans l’ombre ». Je ne demande pas à ce que les producteurs deviennent eux-mêmes des stars, mais soient au moins mieux reconnus ». Une mentalité qui semble bien présente aux Etats-Unis, mais qui a plus de mal à s’installer en France, où la tradition de la chanson française a souvent accordé plus de crédit à l’interprète. Le combat d’Ozhora paraît encore long, mais il a tout l’avenir devant lui.

Un avenir qu’il assure d’ailleurs en étant toujours aux études, obtenir son diplôme est primordial pour lui mais ce n’est pas toujours évident de combiner avec la musique. “Pour venir à cette interview,  j’ai dû sécher les cours, le jour où j’ai fait Génération Assassin pareil. Pendant la période d’examens, je suis totalement inactif dans la musique pour pouvoir étudier, c’est un peu chaud à gérer ». On est prévenu, on risque d’avoir droit à un peu moins de son travail dans la période de blocus. Mais on n’a pas à s’en faire, il sera bien présent en 2016 avec bien des nouveautés. “Je ne peux hélas pas en parler, mais certaines personnes pourraient être choquées. J’ai un peu changé d’univers entre temps. C’est beaucoup moins sombre, plus joyeux ». Une autre facette d’Ozhora Miyagi et de nouvelles collaborations, on sera très attentif à la carrière du prodige de la cité ardente.

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