Ecouter du Giana Factory, c’est un peu comme entrer dans un rêve. Le nouvel album du trio danois Lemoon Moon a su garder une ambiance parfois mélancolique, parfois atmosphérique mais toujours rythmée à la perfection. Et on ne peut qu’apprécier.
Si l’on me demandait de décrire en un mot le style Giana Factory, je serais très embêtée. Car elles ont un style très éclectique. Éclectique et doux. Un peu comme un souffle dans les oreilles, quelque chose qui vous envoie sur une autre planète. Doux et sombre. Très sombre. D’un sombre profond, qui rend les morceaux fascinants. Fascinant, et voire même parfois entraînants. Personnellement, j’adore chanter Rainbow Girl sous la douche (mon coloc un peu moins, mais ça, c’est une autre histoire). Mais cela ne résout pas mon problème : comment définir ce son déroutant et pourtant exquis. C’est peut-être parce que les réduire à un seul mot est tout simplement impossible. Ce qu’il faire avec Giana Factory, c’est d’abord entendre, puis écouter et s’imprégner. Totalement.
Cette usine à bons sons est composée de Loui Foo (voix and drum pads), Sofie Johanne (basse et synthétiseur) et Lisbet Fritze (guitare) depuis 2008.
La plupart des artistes connus aujourd’hui ont commencé dans un petit bar sombre à moitié rempli. Mais ce ne fut pas le cas de Giana Factory. Sharin Foo (The Raveonettes), la soeur de Loui est tombée enceinte, ce qui a permis à Giana Factory de remplacer The Raveonettes pour leur tour en Europe. Lors d’un de ces concerts, le groupe fut remarqué par James Allen de Glasvegas qui leur demanda immédiatement de faire la première de Glasvegas. Deux semaines après cette rencontre impromptue et tellement déterminante pour l’avenir du groupe, Giana Factory jouait en live avant Glasvegas devant une salle totalement bondée.
Très vite, leur premier EP (Bloody Game) est sorti au Danemark, suivi par l’album Save the Youth en 2011. Cet album est un recueil de morceaux aux harmonies vocales serrées, avec un beat danseur qui donne une musique rêveuse et expérimentale. En plus de sortir leur tout premier album, le groupe a également créé un concept de ” série vinyle“. Chaque mois, un 33 tours sortait avec un morceau de l’album ainsi que le même morceau retravaillé par un de leurs amis, histoire de donner un autre angle au morceau.
Ensuite, les trois artistes danoises ont travaillé avec Trentemoller. Aucune d’entre elles ne se marièrent avec lui mais ils eurent quand même un bel enfant ensemble en 2014 : Lemon moon.
Cet album est le résultat d’une recherche profonde, d’expérimentations et d’innovations, un peu à la manière d’une usine. C’est d’ailleurs de là que vient le nom “Factory“. Pour adoucir leur “band name” elles ont choisi le nom original qu’est “Giana“, inspirées par un vieux jeu d’ordinateur ” The Great Giana Sisters“.
Lemon Moon est la preuve matérielle de leur univers un peu particulier. Save The Youth était une construction, Lemon Moon est la réussite. Il y a peut-être moins de fioritures dans les morceaux, mais cela leur donne une pureté exceptionnelle. L’album est plongé dans un mysticisme sensuel, oscillant en équilibre entre la musique électronique et organique et guidé par la puissante voix de Loui.
Ecouter Giana Factory, c’est s’immerger dans un univers froid mais beau, sombre mais fascinant, rare et puissant.