Voyage dans le temps à travers 25 ans de disques
12 Fév 2016

Voyage dans le temps à travers 25 ans de disques

L’espace d’une semaine, la capitale du hip

12 Fév 2016

L’espace d’une semaine, la capitale du hip hop belge n’était plus Bruxelles, mais la petite ville de Morlanwelz. Le centre culturel du Sablon a accueilli l’exposition “25 ans de disques, 32 ans de culture et de non-reconnaissance” . Une initiative de Sonny Mariano, grand consommateur de cette culture.

En 2012, Sonny réalisait son TFE s’intitulant “A l’aube de son trentenaire, le hip hop belge survit avec ou sans reconnaissance“. Dans le même temps, il faisait son stage au Sablon. Trois ans plus tard, il mettait cette expérience à profit en recontactant le directeur du centre culturel pour lui proposer un concert et une exposition. Sans savoir ce que ça allait donner, il lançait cette expo qui a eu lieu du 29 janvier au 6 février.

En entrant dans la salle, on se retrouve entouré par un nombre impressionnant de vinyles, CDs, voire même de cassettes. C’est un voyage à travers l’histoire du hip hop belge qu’on nous offre ici, dès ses balbutiements dans les années 80. Vous découvrirez que l’impact du mouvement était déjà conséquent bien avant qu’on ne rappe en français. La danse, le tag et le DJing se sont beaucoup développés à Bruxelles, notamment dans la commune de Schaerbeek. Tout cela nous amènera au premier disque, vinyle et cassette de l’expo, et non des moindres: ceux de BRC. Pour anecdote, ceux qui ont participé à ce projet ne savaient même pas qu’une cassette BRC existait.

Photo: Gilles Fisher

Photo: Gilles Fisher

Tous les grands noms de la scène y sont bien représentés, de Benny B à Jeanjass, en passant par Rival, Caballero ou encore Scylla. Mais ces noms dont on a tous entendu parlé ne sont qu’une infime partie de la collection. On pourrait en venir à penser qu’il y a eu toute une période entre Starflam et James Deano où le rap belge était inexistant, mais c’est loin d’être le cas. En effet, beaucoup n’ont pas eu la même lumière médiatique que ces derniers mais méritent amplement leurs places sur les murs du Sablon.

“Je pense que les médias sont là dans leurs propres intérêts, même s’il y a eu un trou médiatique, il y a eu plein de sorties de dingue !” Sonny Mariano

Dont le classique Une balle dans la tête de De Puta Madre, qu’il regrette même d’avoir découvert si tard. “Quand tu l’écoutes, tu as l’impression qu’il est sorti hier. Il traverse le temps cet album”.  Vous pourrez même découvrir des disques qu’il est particulièrement dur de se procurer, comme celui de Sly-D. Plus cocasse même, tout le monde zappe le CD de l’artiste de loin le plus connu de la collection. Un maxi blanc uni, qui se trouve être le premier de… Stromae ! Année par année, on fait de nouvelles découvertes, on finit par se dire que le rap belge n’a rien à envier aux français. On se demande même comment autant de disques différents sont sortis dans ce petit pays.

Photo: Gilles Fisher

Impressionnante collection. On se demande bien comment on peut se procurer autant de disques. Internet rend-il les choses plus faciles? La réponse est clairement non pour Sonny, qui pour a dû bien galérer pour récolter l’ensemble de ces œuvres. “Je pense que c’était plus facile de se les procurer avant. Le problème c’est que maintenant, il faut vraiment être là au bon moment pour avoir les disques. A l’époque, tu les avais dans les concerts, les disquaires étaient plus présents. Maintenant j’ai l’impression qu’il faut plus faire des demandes aux artistes eux-mêmes“. Et naturellement, les formats les plus anciens sont les plus durs à trouver. Heureusement, il a pu bénéficier de quelques prêts, même si la grande majorité des disques lui appartiennent. “Au niveau des cassettes, c’est un calvaire, moi-même je n’en ai pas énormément, j’ai beaucoup de prêts“.

Au niveau du visuel, Mino du R.A.B Crew était lui-même de la partie, exposant plusieurs cadres représentant les différents logos qui ont marqué l’histoire du hip hop belge. D’autres grands noms du mouvement ont apporté leur soutien, tels que Defi-J, Pavé (Starflam), Orcelo, Rayer (De Puta Madre), K’Raan, DJ Schame et Smimooz (De Puta Madre). Des légendes comme Grand Master Caz et Shurik’n ont eux aussi exprimé leur soutien pour cette initiative.

Mais beaucoup d’acteurs du hip hop étaient absents, un fait que Sonny ne peut expliquer, vu que la plupart des artistes étaient représentés et que même une heure de train est loin d’être une tâche insurmontable. C’est le cas de le dire, vu que les visiteurs viennent d’à peu près tous les coins de la Belgique. Chimay, Gand, Liège,… Les gens viennent de loin pour combler leur curiosité, une attention qui esquissa un large sourire à l’instigateur du projet. Cette diversité n’est pas seulement géographique, mais aussi d’intérêts. On y croise autant des amateurs de hip-hop que des néophytes en touts genres.

Il faut dire que ce type d’initiative est (trop) peu commune. Beaucoup trop de noms tombent dans l’oubli, et cette expo permet de redorer leurs lettres de noblesses. “En Belgique, c’est super important, il y a une culture à préserver […]  Je pense que c’est le genre d’évènement qui devrait se faire limite tous les ans pour rappeler aux gens toutes les sorties qu’il y a eu et pour qu’on n’oublie pas tout cet héritage“. Une initiative aussi bonne que rare donc, dans un pays où on a tendance à se tourner vers les artistes français en délaissant les talents locaux. Un rap en France qui n’est pas l’image de ce qu’en a Sonny, avec tellement de sorties qu’on finit par se perdre. Le coup de projecteur est pour une fois tourné vers notre pays, et c’est tant mieux.

Photo: Gilles Fisher

Photo: Gilles Fisher

La volonté de Sonny était aussi de réaliser ce projet près de La Louvière, où le hip hop est rarement mis en avant. “C’est dans un but de faire comprendre ce que ça fait pour quelqu’un de province de se déplacer pour aller voir un concert à Bruxelles, on voulait justement faire un petit peu le chemin inverse”.

Pour la soirée de clôture, samedi 6 février, un concert était même organisé. King Lee (Starflam) , Aral & Sauzé ainsi que Tar One ont mis l’ambiance dans la grande salle du Sablon. Des beaux noms pour les connaisseurs, et l’occasion d’entendre ce que les belges ont dans le ventre pour ceux qui découvrent ces artistes, portant fièrement le drapeau du rap belge.

Alors, y en aura-t-il plus à l’avenir? Difficile de dire, mais les retours de l’exposition sont encourageants. A défaut que tout le monde se bouge pour préserver l’héritage qu’on nous a laissé, l’exportation de l’expo trotte dans la tête de Sonny : «Oui, c’est carrément dans les projets, mais c’est une question de budget, on va voir vraiment ce qu’on peut faire». Pas de dates prévues, mais si vous avez manqué ça, l’espoir est de mise pour que Bruxelles ou une autre ville accueille cet évènement. Une nouvelle chance d’effectuer ce voyage dans le temps, et de graver son blaze au posca sur le mur.

Pour plus d’infos, voici le site de l’évènement

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