Escalade, première marche à suivre
05 Mar 2015

Escalade, première marche à suivre

Un magasin de disques éphémère prend ses

05 Mar 2015

Un magasin de disques éphémère prend ses quartiers à Bruxelles du 5 mars au 2 mai. L’occasion de faire le plein de galettes house, techno, disco, funk et rap mais aussi de rencontrer les têtes pensantes derrière le projet. Escalade, c’est leur nom à tous les deux, le magasin et le collectif.

Rue Africaine, 108. C’est à Saint-Gilles, au sous-sol du concept store För que je retrouve Fabien alias Blaow, l’un des quatre mecs à l’origine du collectif Escalade. Il me tend une joue recouverte de poussière au milieu de ce qui ressemble à un champ de bataille. « Ça te dérange si je continue à faire des trucs en même temps ? ». Blaow peine à lâcher sa perceuse pour répondre à mes questions. DJ, graphiste, galeriste, scénographe, à 31 ans et animé par les principes du DIY, il semble avoir écumé autant de jobs que de projets, tous liés à la musique. Le dernier en date : le disquaire éphémère (dans le texte pop-up record store) qui ouvrira dans quelques jours à l’endroit même où nous nous trouvons.

Comme beaucoup de projets novateurs avant lui, le magasin est né sur un coup de tête : « On a eu envie de le faire sans trop se poser de questions. ‘Est-ce que c’est un business rentable ? Est-ce que je vais en faire toute ma vie ?’ Comme ça faisait longtemps qu’on achète des disques et qu’on récupère des lots, on pouvait commencer tout de suite. On s’est dit : faisons le comme ça, pour tester, voir si ça prend et voir si les gens sont intéressés. » Derrière ses apparences de coup marketing savamment étudié, le caractère « éphémère » de la boutique est, paradoxalement, autant le fruit de l’impatience du jeune collectif (deux mois à peine) que de sa prudence.

Pierre Passion, alias Dakunt, membre du collectif Escalade

Pendant cette période, environ 2 000 disques – deuxième main et nouveautés – seront en vente dans des bacs confectionnés sur mesure par Blaow et, eux aussi, à vendre. La boutique proposera également du matériel destiné aux aficionados de musique électronique, MAO ou hardware. Plus qu’une simple histoire de cash, le lieu a pour ambition de devenir un catalyseur d’énergies créatrices, comme me l’explique Pierre alias Dakunt, DJ et producteur membre du collectif : « Personnellement je fais de la Musique Assistée par Ordinateur et, quand tu cherches du matériel sur Bruxelles, c’est compliqué. Dans d’autres villes, c’est beaucoup plus communautaire. On va essayer de rassembler un peu tous les producteurs à droite à gauche parce qu’il n’existe pas d’endroit où on peut se rencontrer.  » Jazzy Sport, Rush Hour ou encore Concrete, les inspirations du collectif belge vont plutôt lorgner à l’international – au Japon, Amsterdam ou encore Paris – là où des marques ont développé en parallèle disquaire, organisation de soirées et label.

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Les deux hommes du collectif Escalade en sont convaincus : si Bruxelles a le potentiel, il lui manque l’unité : « C’est comme si tu avais un magasin avec plein de marchandises qui défoncent mais les boutiques sont tellement pourries et tellement sales que tout le monde passe devant et personne ne rentre à l’intérieur. Donc on s’est dit : ‘On va essayer de mettre ça en avant, mettre une vitrine sur ce qui se passe dans la nuit bruxelloise et qui est un peu différent du Fuse.’ » Armé de métaphores en béton, Fabien semble bien décidé à donner son QG à la niche bruxelloise adepte de house, techno, disco, funk et rap. Des styles, à son sens, encore trop absents du paysage des disquaires de la capitale. Si le DJ revendique avant tout les scènes de Detroit et Chicago et excelle dans l’art du name-dropping – Strictly Rhythm (label), Masters at Work ou encore Théo Parrish – ce sont les passerelles entre les genres qui retiennent avant tout son attention : « J’ai grandi dans le rap. C’est ce qui m’a amené à la musique électronique. J’ai toujours conçu ça comme la même musique, contrairement à beaucoup de gens en Europe. Ce sont les mêmes machines, les mêmes mecs, qui viennent des mêmes quartiers. Y’en a juste une qui est faite pour faire la fête et l’autre pour revendiquer des choses. »

Dans leurs goûts musicaux comme dans leurs projets, les membres du collectif Escalade ont pour ambition de décloisonner les genres, fédérer les énergies. Je pose les yeux autour de moi. Cette petite pièce, pleine de poussière, aux néons blancs et aux bacs encore vides m’apparait comme la première pierre à l’édifice d’un collectif qui a dans ses poches des projets de soirées, de labels, de podcasts et même, un magasin de disques durable. Marche après marche.

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