Lomepal est un MC présent sur la scène rap parisienne depuis 2009. On l’apercevra une première fois sur Youtube sous le pseudo de Jo-pump avec un son très remarqué en présence de Nekfeu et Hologram Lo’. Il sort un premier projet intitulé « 20 mesures » avant de multiplier ses apparitions de Bruxelles à Paris en passant par Genève.
Il développe ensuite un projet en trio avec Caballero et Hologram Lo’ intitulé « le singe fume sa cigarette » puis un EP entièrement produit par Meyso nommé « cette foutue perle ». Le 15 septembre il revient avec un projet plus sombre et plus intime intitulé « Seigneur ». Retour sur ce nouvel opus.
“Seigneur” est à ce jour le projet le plus abouti de Lomepal. Il marque un tournant dans sa carrière : avec des textes plus sombres et plus intimistes, il nous décrit une vision de vie pessimiste mais non sans espoir. C’est à travers ses textes et les instrumentales que le projet prend le plus de sens. De morceau en morceau on découvre son univers; d’une soirée à une vision de couple plutôt sombre, il nous délivre son point de vue de manière originale.
Lomepal à travers cet EP a pris une direction artistique différente, souvent mal maîtrisée par d’autres. À travers ses beats et ses paroles on remarque plusieurs choses : le BPM est majoritairement plus lent, avec une basse particulièrement frappante et une voix plus punchy. Pour ce qui est des beatmakers, on retrouve Jean Jass, très présent sur la scène rap au niveau de la production et des textes. Meyso est naturellement de la partie ainsi que d’autres comme Vidji de Fixpen Sill et Hologram Lo’ qui travaillent très souvent avec lui.
Pour parler plus en détail des textes, Lomepal évoque un monde où on doit se faire seul sans faire confiance à personne. Par exemple : dans « Auto-justice » il évoque et constate l’atrocité humaine que les gens sont capables de faire subir aux autres. Dans un autre morceau, « Les troubles du seigneur » Lomepal va effectuer un changement au niveau de la forme pour arriver à se parler à lui-même dans le dernier couplet. Dans la track « Toi et Moi » il a poussé très loin le concept. Avec des paroles agressives, on voit ce morceau comme un gros délire à la Eminem qui est d’ailleurs samplé à la fin de la track. Dorian Tyrell amène une autre ambiance à l’EP c’est peut-être pour cela que c’était le morceau bonus. Le titre est emprunté aux films The Mask où ce Dorian Tyrell crache des balles, ce qui veut dire enchaîner un texte bien incisif. Mais même si l’artiste fait un constat amer de la société qui l’entoure, on ne peut pas négliger l’aspect spirituel de ses textes. Sa plume est inspirée par sa partie divine intérieure, et il nous le rappelle régulièrement.
-“Ma paix intérieure se prolonge comme l’été indien” – Lomepal
Pour ce qui est de la culture et des références Lomepal n’a pas lésiné. En effet, comme chaque jeune du 21eme siècle les références cinématographiques sont au rendez-vous. Tout d’abord, pour annoncer son projet il décide de sortir à l’avance le clip « Enter the void », titre emprunté au fameux film de Gaspard Noé . Un clip très visuel avec des ambiances bien profondes qui nous décrivent une soirée typiquement « parisienne ». À la moitié du son on comprend la référence au film, car après la mort de Lomepal, son âme nous guide désormais dans ces décors sombres à la manière du long métrage éponyme. Ensuite il nous balance des références du dernier film de Scorcese en passant par Las Vegas Parano et La Haine lorsqu’il utilise les 3 prénoms des protagonistes dans le son. Dans « Passe au-dessus » il dit, je cite : « Je veux pas être rongé par la haine comme Hubert Vince et Said ». C’est d’ailleurs dans ce son que le seul featuring de l’album apparaît et ce n’est pas une collaboration qui passe inaperçue car Lomepal a eu le privilège de travailler avec Akhenaton, le papa du rap français, qui a sorti son nouvel album solo le 3 novembre. Dans ce son, le rappeur mythique de IAM arrive en grand frère moralisateur qui constate des faits amers de la société qui peuvent blesser mais le mot d’ordre est de passer au-delà.
Après avoir écouté cet EP, on peut vraiment se dire qu’Antoine aka Lomepal nous aura concocté une oeuvre bien construite et fidèle à lui-même. Les textes s’enchaînent bien et la thématique reste concrète tout au long du projet, les instrumentales sont très recherchées comme dans « Enter the void » où elle change tout au long de la chanson ; il adopte un nouveau flow où il accélère les mots en 2 temps. Un changement de plus comme à chaque nouveau projet, on attend donc déjà son nouvel EP ou album avec impatience !
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